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Virage électrique, une bonne décision pour le portefeuille

Claudine Hébert|Édition de la mi‑juin 2021

Virage électrique, une bonne décision pour le portefeuille

(Photo: 123RF)

GROSSE DÉPENSE. Troquer votre véhicule à essence pour un modèle électrique n’aide pas seulement à soulager le sort de la planète. Ce geste contribue aussi à minimiser vos dépenses.

L’argument environnemental n’est plus la seule munition qu’utilisent les défenseurs des véhicules électriques et hybrides pour en encourager l’achat. Les économies qu’ils font réaliser à leurs propriétaires forment désormais les principaux avantages mis de l’avant.

Les subventions gouvernementales provinciale et fédérale offertes pour plusieurs véhicules d’entrée de gamme, la consommation électrique de six à dix fois moins chère qu’un plein d’essence ou l’abandon de l’entretien annuel de l’huile à moteur sont autant de facteurs permettant de réduire les coûts. « L’achat d’un véhicule électrique peut aisément représenter entre 80 $ et 100 $ d’économies mensuelles en comparaison avec un véhicule à essence équivalent », soutient Yannic Asselin, conseiller aux ventes chez Bourgeois Chevrolet, à Rawdon. Ce concessionnaire lanaudois est reconnu comme étant l’adresse qui vend le plus grand nombre de véhicules électriques du pays, soit plus de 800 unités par année.

« En fait, il faut analyser le coût d’acquisition, concède le conseiller. Certes, la mensualité pour un véhicule électrique sera plus élevée qu’un véhicule à essence équivalent. » Par contre, en réduisant les autres dépenses liées au véhicule à essence, l’option électrique permet d’économiser plus de 1000 $ par année, insiste-t-il. Même l’usure des plaquettes et des disques de freins est retardée en raison de la compression du moteur électrique, ajoute-t-il. « C’est sans compter les centaines de dollars épargnés si vous utilisez régulièrement les ponts à péage des autoroutes 25 et 30 ou encore les traversiers du Québec. » Les véhicules 100 % électriques et hybrides rechargeables n’ont aucuns frais pour l’usage de ces infrastructures.

 

Qui a droit aux subventions?

Vous avez accès à des programmes de subventions gouvernementales pouvant aller jusqu’à 13 000 $ à l’achat ou à la location d’un véhicule 100 % électrique ou hybride rechargeable neuf. « Ces subventions, qui varient selon la capacité des batteries, sont accordées aux modèles vendus moins de 60 000 $ au Québec. Au fédéral, la subvention est admissible aux véhicules qui ont une version offerte à moins 45 000 $ », explique Daniel Breton, président et directeur général de Mobilité électrique Canada et auteur du « Guide pratique de la voiture électrique… et plus ! »

Ainsi, explique-t-il, les véhicules admissibles dont la capacité varie entre 4 kWh et 15 kWh bénéficieront d’une réduction de 4000 $ au Québec et de 2500 $ au fédéral. C’est le cas notamment pour le modèle hybride rechargeable Niro PHEV, de Kia, équipé d’une batterie de 8,9 kWh, vendu à partir de 37 905 $. Les véhicules admissibles dont la capacité de la batterie est égale ou supérieure à 15 kWh ont droit, quant à eux, à la totalité des subventions de 13 000 $ (8000 $ du provincial et 5000 $ du fédéral). C’est le cas de la Bolt Chevrolet, munie d’une batterie de 65 kWh, vendue à partir de 38 198 $.

 

Et les bornes?

Étant donné que plus de 70 % à 95 % de la recharge de batterie s’effectue à la maison ou au chalet, prévoyez l’équipement adéquat pour le faire, avise Yannick Lemelin, coordonnateur du développement des affaires à BEQ Technology (anciennement Bornes électriques Québec). D’autant plus que l’acquisition d’une borne est admissible à une subvention gouvernementale de 600 $ avec preuve d’achat.

Remarquez, il est possible de se contenter d’une prise de courant domestique de 120 V. Tous les véhicules offrent d’ailleurs un chargeur de série pour ce type de prise. « Toutefois, avertit Yannick Lemelin, le propriétaire doit savoir que la prise domestique prendra au moins 48 heures pour recharger complètement la batterie. » Raison pour laquelle l’installation d’une borne rapide de 240 V de niveau 2, qui permet de recharger la batterie en moins de huit heures, est vivement recommandée. Calculez entre 700 $ et 1300 $ pour cet accessoire, dit-il. La conception, les options, l’esthétique et la réputation du produit constituent les principaux facteurs qui font fluctuer le prix de la borne. Les garanties varient de trois à cinq ans.

Vaut-il la peine de payer plus de 1000 $ pour une version intelligente ? « C’est au propriétaire de décider. Ces bornes, plus stylées, ne rechargeront pas plus vite la batterie. Mais ces modèles proposent l’enregistrement des recharges, relevés à l’appui. Un avantage non négligeable pour les travailleurs autonomes », soulève Yannick Lemelin.

 

Ajoutez les frais d’installation

Outre l’achat de la borne, l’installation d’une prise 240 V extérieure (semblable à la prise de la sécheuse) et son filage font gonfler la facture. Du moins, c’est le cas pour les propriétaires de maisons construites avant juin 2019. Ces travaux, qui incluent les matériaux et le tarif horaire d’un électricien (au moins de deux à trois heures de travail), coûtent en moyenne de 500 $ à 800 $. « Depuis deux ans, le code du bâtiment prévoit un filage de 30 ampères pour les prises 240 V extérieures. Ce qui est suffisant pour la recharge de la plupart des véhicules électriques et hybrides rechargeables. Sauf pour celle des modèles Tesla, qui nécessite une installation de 40 ampères. Pour cette raison, il est plus prudent de demander du filage de 50 ampères, qui coûtera en moyenne de 3 $ à 5 $ de plus le pied linéaire », avise le représentant de BEQ Technology.

Un autre conseil de cet expert : assurez-vous que votre panneau électrique peut supporter une installation de 50 ampères. « Et même si vous disposez d’un bon panneau de 200 ampères, ce dernier a des limites. Si le spa, la piscine chauffée, les électros fonctionnent tous en même temps, la batterie du véhicule pourrait ne pas se recharger. »

 

Coût de consommation

Enfin, combien coûte le fait de rouler en véhicule 100 % électrique ? « En moyenne, le véhicule électrique représente une facture de 1,5 cent du kilomètre. Le véhicule à essence coûte minimum 10 cents du kilomètre », souligne Simon-Pierre Rioux, président de l’Association des véhicules électriques du Québec (AVEQ). À titre d’exemple, le trajet Montréal-Québec revient à 4 $ pour un véhicule électrique au lieu de 32 $ (et même 40 $ pour un VUS) pour un véhicule à essence.

Alors que l’utilisation de la borne 240 V domestique représente en moyenne 70 cents de l’heure sur la facture énergétique, prévoyez 1 $/h pour l’usage d’une borne publique de niveau 2 qui fournira 40 km d’autonomie par tranche de 60 minutes. Décuplez ce montant pour l’utilisation d’une borne de recharge à courant continu (BRCC) qui permet d’ajouter jusqu’à 300 km d’autonomie en moins d’une heure.

Actuellement, le Circuit électrique, réseau commandité par Hydro-Québec, dispose de plus de 4000 bornes, dont plus de 450 BRCC, un peu partout au Québec. Une carte d’utilisateur, dont le coût unique est de 15 $, permet de déposer des fonds dans son compte et d’utiliser les bornes du réseau. En plus des bornes du Circuit électrique, la carte peut être utilisée sur le réseau FLO, au Québec et en Ontario.

« En somme, conclut Yannick Lemelin, si vous parcourez 20 000 km par année, votre consommation électrique coûtera entre 300 $ et 350 $ au lieu de plus de 2500 $ en consommation d’essence. Allez, qui ose encore soutenir que l’option électrique coûte cher ? »

 

 

Bon à savoir

En plus d’avoir un accès exclusif aux superchargeurs, les propriétaires de véhicules Tesla peuvent également se prémunir d’un adaptateur Chademo, qui leur permet d’utiliser les bornes rapides du Circuit électrique. Et plutôt que de payer de 600 $ à 700 $ pour cet accessoire, il est possible d’en louer un auprès d’un membre de l’Association des véhicules électriques du Québec (AVEQ) pour quelques dizaines de dollars le temps d’un week-end ou d’un long séjour de quelques semaines.

 

***

Les favoris de Daniel Breton

Nous avons demandé à Daniel Breton, qui vient de publier le « Guide pratique de la voiture électrique… et plus ! », de nous dresser une liste de ses cinq coups de cœur en matière de véhicules 100 % électriques et hybrides rechargeables. La voici.

 

1. Ford Mustang Mach-E

Pépères, les chars électriques ? Attendez de prendre place dans la version GT Performance, qui réussit le passage de 0 à 100 km en 3,5 secondes. De plus, ce modèle dispose d’une autonomie pouvant aller jusqu’à 475 km. Certaines versions de la Mach-E ne sont toutefois pas admissibles aux subventions gouvernementales.

2. Chevrolet Bolt

Admissible aux deux subventions maximales, ce véhicule 100 % électrique, vendu à partir de 38 200 $, constitue l’aubaine du moment. L’intérieur du véhicule n’est pas le plus sexy, soit, mais il surpasse largement plusieurs de ses concurrents avec ses 417 km d’autonomie.

3. Tesla Model Y

Ce VUS électrique, construit par la société d’Elon Musk, offre une autonomie remarquable de 525 km et un temps de recharge parmi les plus rapides (260 km en 15 minutes). Vendu à partir de 54 600 $, le véhicule est admissible à la subvention provinciale de 8000 $.

4. Toyota Rav4 Prime hybride

Bien que le constructeur lui confère une autonomie de 68 km, ce véhicule atteint aisément une autonomie de 75 km en période estivale. Ce qui en fait le VUS hybride rechargeable affichant l’autonomie la plus élevée sur le marché. Vendu à partir de 44 995 $, ce modèle est admissible aux subventions maximales des gouvernements provincial et fédéral.

5. Toyota Sienna hybride

En raison de sa batterie de moins de 2 kWh, cette fourgonnette hybride, vendue à partir de 42 329 $, n’a droit à aucune subvention. Qu’à cela ne tienne, ce grand favori des familles affiche une consommation de 6,5 L/100 km et pas plus de 6,7 L/100 km en mode traction intégrale.