(Photo: Getty images)
USINE 4.0. L’utilisation de robots ou encore de véhicules autonomes que suppose de l’usine 4.0 se solde en une plus grande automatisation des processus de fabrication. Sauf qu’une usine dite plus intelligente comporte des risques inédits pour la santé et la sécurité des travailleurs, qui doivent désormais cohabiter avec ces nouveaux moyens de production.
Les entreprises doivent donc gérer ces nouveaux risques. Les véhicules autonomes augmentent par exemple les risques de collisions avec les employés qui se retrouvent dans leur zone de déplacement. Employés qui partagent également leur espace de travail avec des robots collaboratifs. La difficulté d’anticiper certains mouvements constitue alors un facteur de risque physique important.
«Puisque l’humain n’est plus isolé de la zone de travail d’un robot collaboratif, il peut être à proximité́ ou même en contact avec le robot», note l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et sécurité du travail (IRSST) dans une étude publiée en 2017. Des accidents peuvent survenir non seulement lors de l’utilisation d’un robot, mais aussi lors de son entretien ou de son réglage.
L’intensification de la charge mentale due aux nouvelles technologies informatiques et d’automatisation présente également un facteur de risque psychologique, constate l’IRSST.
La responsabilité des entreprises
Si les risques changent, la responsabilité des entreprises reste la même, indique Francine Legault, avocate spécialisée en santé et sécurité du travail (SST) au sein du cabinet Norton Rose Fulbright Canada.
«Peu importe le type de nouvel équipement ou la modification de l’organisation du travail engendrés par l’implantation de nouvelles technologies, les obligations en matière de SST ne changent pas. Elles reposent entièrement sur les épaules des employeurs, qui demeurent les seuls à devoir prendre les mesures nécessaires pour protéger leurs travailleurs», précise-t-elle.
Les entreprises ont ainsi l’obligation légale d’assurer la sécurité de leurs employés. La Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) est d’ailleurs en droit de visiter des entreprises et d’émettre des avis de correction ou d’infraction si l’organisation du travail occasionne des risques pour leurs employés.
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Identifier les risques
Les règles établies en matière de SST n’ont d’ailleurs pas besoin d’être adaptées à ce nouveau contexte technologique, affirme Me Legault. «Les normes actuelles, qui sont inscrites dans la Loi sur la santé et sécurité du travail, ne devraient pas être appelées à changer, parce qu’elles sont suffisamment générales pour réglementer efficacement l’utilisation de nouveaux équipements», explique-t-elle.
En fait, c’est davantage l’application de ces normes dans les tâches quotidiennes des employés qui doit être adaptée à l’univers de l’usine 4.0. Pour protéger l’utilisateur du danger potentiel d’un robot, l’entreprise doit par exemple créer une zone de protection.
L’avocate suggère d’identifier les risques avant même l’implantation des nouveaux équipements. Il importe aussi de bien informer les employés des risques et consignes de sécurité concernant l’utilisation de systèmes automatisés ou robotisés.
Toutefois, ces mêmes technologies peuvent aussi contribuer à améliorer la santé et la sécurité des travailleurs. Elles peuvent en effet «éviter ou même éliminer certains risques de danger», note Me Legault.
Le travail effectué par un robot peut notamment diminuer l’exposition au bruit ou à certains produits toxiques. L’automatisation de certaines tâches permet également de soulager le travailleur de tâches répétitives, réduisant ainsi les risques qu’il souffre de troubles musculosquelettiques. Même que l’utilisation de robots ou de véhicules autonomes peut contribuer à réduire ou à éliminer ses charges physiques.