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La filière batterie est «l’occasion d’une génération», dit la BMO

La Presse Canadienne|Publié le 15 janvier 2024

La filière batterie est «l’occasion d’une génération», dit la BMO

Le président de la BMO au Québec, Grégoire Baillargeon (Photo: La Presse Canadienne/Christinne Muschi)

Le Québec doit saisir les occasions économiques que lui procure son électricité avant d’être rattrapé par les autres pays, plaide le président de la BMO au Québec, Grégoire Baillargeon. Contrairement au grand patron de la Banque Nationale, le banquier voit d’un œil beaucoup plus favorable les milliards de dollars de soutien gouvernemental à la filière batterie.

«Je ne voudrais pas qu’on se réveille dans dix ans, au Québec, et qu’on se dise: « on avait une opportunité, on l’a ratée »», plaide Grégoire Baillargeon, en entrevue, avant une allocution prononcée lundi devant le Cercle canadien de Montréal.

«L’énergie renouvelable, elle va être partout sur la planète, prévient-il. En ce moment, on a ça au Québec, mais dans dix ans, la plupart des endroits dans le monde vont arriver là. Cet avantage-là, il est temporaire. […] Il faut que le Québec saisisse l’opportunité.» 

Après des décennies d’abondance, l’électricité se fait déjà plus rare au Québec tandis qu’Hydro-Québec envisage la fin des surplus vers 2027. L’hydroélectricité québécoise profite d’un regain d’intérêt tandis que les industriels veulent décarboner leurs activités, sans compter l’électrification des transports qui entraînera une progression de la consommation.

Hydro-Québec prévoit d’ailleurs investir près de 100 milliards de dollars d’ici 2035 pour augmenter sa capacité de production et près de 50 milliards pour assurer la fiabilité des infrastructures.

Le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, a réitéré à maintes reprises que la demande industrielle surpassait l’offre et que le gouvernement devrait choisir les industries et les nouveaux projets les plus porteurs. 

Grégoire Baillargeon ne croit pas, pour autant, que l’occasion qu’il invite à saisir soit déjà passée. «On en manque [de capacité de production], mais tout le monde en manque alors il n’y a rien de particulier à ça, nuance le banquier. On part avec un avantage.» 

Dans ce contexte, l’homme d’affaires appuie le développement de la filière batterie, soutenue par Québec et le fédéral. L’électrification des transports donne l’occasion au Québec de participer à l’industrie automobile, «l’une des plus grosses industries au monde», argumente-t-il. «C’est une occasion qui va durer des générations.» 

L’appui aux politiques gouvernementales contraste avec les critiques du grand patron de la Banque Nationale, Laurent Ferreira. En septembre, il déclarait lors d’une allocution qu’il n’était «pas un grand fan de subventions pour attirer des entreprises étrangères au pays».

En entrevue en marge de l’événement, il avait précisé que ces commentaires s’appliquaient aux milliards d’aide à la filière batterie au Québec et en Ontario. «Mon point là-dessus, c’est que quand on donne des subventions aux compagnies étrangères, c’est qu’elles vont directement dans la poche des actionnaires étrangers qui ne sont principalement pas canadiens. Je doute de ce modèle, à plus long terme, dans la création de richesse.»

Grégoire Baillargeon précise que ses opinions ne sont pas si éloignées de celles de Laurent Ferreira. «Je n’ai pas une vue diamétralement opposée aux commentaires [comme quoi il] faut supporter nos écosystèmes locaux, mais j’ai certainement une vue très en support à l’ensemble de nos gouvernements et du secteur privé sur la filière batterie. Je pense que c’est une opportunité extraordinaire pour le Québec.»

Même s’il plaide en faveur de la filière, l’homme d’affaires croit que les préoccupations des groupes environnementaux doivent être entendues, au moment où plusieurs d’entre eux s’inquiètent des effets du développement de l’usine de Northvolt à Saint-Basile-le-Grand sur la faune et la flore. L’entreprise suédoise, pour sa part, promet des mesures d’atténuation et de compensation. 

L’époque où l’on faisait fi de la durabilité des projets économiques «est révolue», croit le banquier qui défend «qu’on se penche beaucoup mieux sur ces questions-là». 

«Ces débats-là sont intenses, c’est très sain, c’est correct, mais il faut arriver à trouver des compromis pour permettre cette croissance économique là qui vient nourrir notre État, qui vient nourrir notre société, tout en tout en faisant les choses de façon très responsable.»

 

BMO «pas en mode réduction» d’emplois au Québec

Au sujet de l’impact de la hausse des taux d’intérêt sur les activités de la BMO au Québec, Grégoire Baillargeon se fait rassurant, en entrevue. La quatrième banque en importance au pays compte environ 5000 employés dans la province.

Avec la hausse des taux d’intérêt et le ralentissement économique, le marché de l’emploi dans le secteur bancaire canadien connaît des jours difficiles. Les annonces de mises à pied se sont multipliées dans les derniers mois.

Pour maîtriser l’inflation, la Banque du Canada veut ralentir l’économie, ce qui a inévitablement un effet sur les résultats des banques, qui sont corrélés à l’activité économique, explique Grégoire Baillargeon, qui juge que les annonces de mises à pied dans l’industrie «ne sont pas hors norme» quand on compare aux cycles de ralentissement précédents. 

«Les banques sont un peu moins en mode croissance qu’elles l’ont été ces dernières années et ça, bien ça vient souvent avec des réductions d’effectifs», explique le dirigeant.

Au quatrième trimestre, la BMO n’avait pas dévoilé de mises à pied majeures, mais elle rapportait que son effectif total était en baisse de 1600 personnes.

«Ici, au Québec, il y a quand même une très grosse stabilité pour nous. […] On voit le futur de nos services bancaires ici, au Québec, de façon très, très, positive. On n’est vraiment pas en mode de réduction, pas du tout.»