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Se rassembler pour accélérer l’innovation

Emilie Laperrière|Édition de la mi‑Décembre 2023

Se rassembler pour accélérer l’innovation

Réunir dans un lieu tous ces experts favorise les échanges. (Photo: 123RF)

INNOVATION. Chercheurs, décideurs, entrepreneurs, incubateurs et accélérateurs, acteurs du financement et entreprises phares d’un même secteur économique : une zone d’innovation fourmille de monde. Comment tous ces intervenants font-ils pour travailler main dans la main, dans une vision à long terme ?

« L’idée d’une zone d’innovation, c’est de regrouper plusieurs acteurs d’une industrie dans un seul lieu physique qui encourage la croissance et la collaboration », résume Marie-Josée Turgeon, PDG du Centre de collaboration MiQro innovation (C2MI). 

Le C2MI fait lui-même partie de Technum Québec, la zone d’innovation en technologies numériques basée à Bromont. Il n’a toutefois pas attendu sa création pour favoriser le maillage entre les milieux académique et industriel.

« Depuis notre fondation, il y a 11 ans, on a bâti un écosystème autour de la microélectronique avec des universités et deux entreprises établies, soit IBM et Teledyne Dalsa », explique Marie-Josée Turgeon. Dans la zone d’innovation, le C2MI tient le rôle du centre de recherche. 

Cette culture commune donne des résultats. « On prend les éléments technologiques qui sont développés dans les universités et on les amène dans l’environnement manufacturier du C2MI. Là, on construit la recette pour fabriquer ces produits à haut volume. Le client peut ensuite les commercialiser. »

 

À la poursuite du même objectif

Travailler de concert avec divers partenaires constitue le grand défi des zones d’innovation, selon le directeur général de la Vallée de la transition énergétique (VTE), Alain Lemieux. « C’est un véritable projet de société que l’on doit transmettre dans un objectif de travailler ensemble, au-delà des préférences et de l’égo de chacun », estime-t-il. 

L’entrepreneur dans l’âme rassemble les intervenants de la filière batterie, de l’électrification des transports ainsi que de l’hydrogène et de la décarbonation pour y parvenir. « On veut les amener à travailler en cohésion. Cette intelligence collective fera en sorte qu’ils pourront réaliser une œuvre du début à la fin. » 

Alain Lemieux sait que ce pari demande un changement de mentalité. « Il y a souvent un fossé entre les chercheurs et les industriels », remarque-t-il. Afin de rapprocher les deux solitudes, l’homme d’affaires propose de mettre en place « un modèle d’innovation percutant ». 

« Il faut d’abord comprendre les ambitions et les défis des industriels, puis voir comment l’écosystème de recherche peut les appuyer dans leur démarche », précise-t-il.

Pour le directeur général, la collaboration ne s’arrête pas aux frontières du Québec. En quelques mois d’existence, la VTE a conclu des alliances à l’étranger, notamment avec la région Hauts-de-France. « On veut construire un corridor France-Québec sur la transition énergétique. Ce qu’on fait dans la région a une portée internationale. »

 

Progresser à vitesse grand V 

Cette collaboration à la fois avec des chercheurs, des fabricants de matériel et des distributeurs a propulsé le progrès de la société française Exaion, présente dans la zone d’innovation quantique DistriQ et dans la VTE. « On a accompli en six mois ce qu’on aurait fait normalement en trois ans », illustre le PDG, Fatih Balyeli. 

Réunir dans un lieu tous ces experts favorise les échanges, à son avis. « On recrée toute la chaîne de valeur en un endroit. Ce regard croisé permet d’avoir une vision beaucoup plus complète d’un problème et d’éviter les erreurs. On peut même concevoir une offre commerciale commune, pour laquelle nous partageons les coûts et les contributions. » 

L’entreprise met par exemple un ordinateur quantique à la disposition des autres membres de la zone. Elle travaille également sur un projet de traçabilité de l’empreinte carbone. « Ça se passe très bien parce qu’on est tous complémentaires, croit-il. Chaque acteur est comme une pièce de Lego. Seul, on n’a pas une très grande valeur, mais ensemble, on réussit à construire quelque chose. » 

Alexandre Guindon renchérit. La zone d’innovation sert d’accélérateur, estime le président de l’incubateur 2 degrés, partenaire de la Zone bleue. « C’est naturel pour nous de nous rapprocher des universités et des chaires de recherche pour trouver des solutions aux problèmes de l’industrie. » 

Même si la Zone bleue doit officiellement voir le jour en 2024, 2 degrés n’attend pas les bras croisés pour autant. L’incubateur s’implique entre autres auprès de Novarium dans un projet avec le Port de Québec, qui vise à créer un écosystème dynamique favorisant l’innovation, la recherche et le développement durable dans le secteur maritime.

« C’est un premier exemple concret. L’objectif, c’est que des projets suivent, que d’autres personnes embarquent et qu’on se rassemble pour mieux innover. » Alexandre Guindon se réjouit en outre des partenariats que forment les zones d’innovation à l’international. « Cette mise en commun des expertises sert de rampe de lancement pour valoriser le potentiel d’innovation du Québec. »