Avoir la conscience tranquille à la retraite, ça n’a pas de prix
Salomon Gamache|Édition de la mi‑Décembre 2022La règle des 70 % peut parfois se révéler exacte, mais elle ne tient pas compte d’une multitude de facteurs. (Photo: 123RF)
À l’ère du faire soi-même, certaines personnes peuvent être tentées de planifier elles-mêmes leur retraite. Il existe d’ailleurs des trucs, des raccourcis et des règles d’orpour effectuer les calculs et projections de retraite, par exemple le ratio de remplacement et la règle des 70 %. De quoi s’agit-il et peut-on s’y fier?
La règle des 70 % stipule qu’une fois à la retraite, il faudra l’équivalent de 70 % du revenu brut annuel préretraite pour subvenir à ses besoins. Cette règle d’or est souvent associée au concept de ratio de remplacement (ou replacement ratio). À titre d’exemple, une personne avec un revenu brut annuel de 100 000 $ avant la retraite et qui pense avoir besoin d’un revenu brut de 60 000 $ à la retraite aurait un ratio de remplacement de 60 % (60 000 $ ÷ 100 000 $ × 100).
La règle des 70 % peut parfois se révéler exacte, mais elle ne tient pas compte d’une multitude de facteurs, comme la fiscalité, le montant des épargnes annuelles, les projets de retraite, etc. Cette règle omet tellement de facteurs que lorsqu’elle s’applique, cela pourrait n’être qu’une pure coïncidence. Voici une liste non exhaustive de facteurs dont il faudrait tenir compte lorsqu’on planifie sa retraite.
Le coût de la vie à la retraite
Il s’agit d’une donnée primordiale en planification de la retraite et qui est tout sauf fixe durant toute cette période de vie. Le style de vie et les projets envisagés ont une grosse incidence sur ce montant. Celui-ci est souvent représenté graphiquement comme un « sourire » puisqu’il peut généralement être divisé en trois étapes :
- Le début de la retraite (de 5 à 10 ans), où nous sommes généralement encore en forme et que nous nous retrouvons avec beaucoup de temps libre… Plusieurs voyagent et font de nombreuses activités, ce qui entraîne un coût élevé.
- Le milieu de la retraite (de 10 à 15 ans), où l’on remarque un ralentissement des activités et donc une baisse du coût de la vie.
- La fin de la retraite (de 5 à 15 ans), où les soins de santé font augmenter le coût de la vie.
Les dépenses qui disparaissent à la retraite
Certaines dépenses diminuent, voire disparaissent à la retraite, comme l’épargne-retraite, les paiements hypothécaires, les dépenses relatives au travail, les frais pour les études des enfants, etc. Chaque cas est différent et demande une analyse plus poussée afin de voir quelle marge de manœuvre peut se dégager au début de la retraite.
Les régimes publics
Selon la règle des 70 %, un salarié qui gagne le revenu annuel moyen au Québec (un peu plus de 50 000 $ avant impôts) aura besoin d’un revenu annuel de 35 000 $ avant impôts à la retraite. Les rentes des régimes publics (Régime de rentes du Québec et pension de la Sécurité de la vieillesse) viendront combler un bon pourcentage de ce besoin, le reste devant fort probablement être couvert par les épargnes de la personne. Une personne qui gagne 300 000 $ avant impôts en fin de carrière aurait besoin, selon la même règle des 70 %, de 210 000 $ brut par année au début de la retraite, ce qui est un montant important. Pour cette personne, les rentes des régimes publics ne représenteront qu’un minime pourcentage du montant dont elle a besoin et l’épargne à accumuler sera beaucoup plus importante.
L’espérance de vie
L’espérance de vie peut influer grandement sur la planification de la retraite; une différence de quelques années seulement (par exemple, vivre jusqu’à 90 ans versus 95 ans) peut changer de façon significative le montant d’épargne total nécessaire à la retraite, ce qui n’est pas du tout reflété dans le ratio de remplacement.
Il s’agissait de quelques exemples et il y en a d’autres. L’important est de garder en tête que la planification de la retraite est un processus complexe qui intègre tellement de facteurs qu’il serait risqué de s’en tenir à une simple règle d’or. Pour mettre toutes les chances de son côté, l’idéal est de consulter un planificateur financier ou une planificatrice financière afin de discuter des projets de retraite et d’élaborer un plan financier adapté à sa situation. Avoir la tranquillité d’esprit et être sûr d’atteindre ses objectifs à la retraite, ça n’a pas de prix!
Par Salomon Gamache, vice-président au développement et à la qualité de la pratique, IQPF