Six façons d'atteindre le maximum de vos droits à cotisations. (Photo: 123RF)
Chaque année, alors que l’on s’approche de la date limite de cotisation au Régime enregistré d’épargne-retraite, le 1er mars, les Canadiens s’escriment à recueillir suffisamment de fonds pour cotiser à leur épargne-retraite. Un REER est un véhicule d’épargne à imposition différée où l’on peut mettre des fonds de côté. La taille d’une cotisation annuelle au REER est déterminée par votre total de revenu gagné l’année précédente. Par exemple la limite d’un REER pour l’année 2020 était la somme la plus faible entre 18% du revenu brut et 27 230 $.
Le problème, c’est que, en raison d’un niveau d’endettement trop élevé par rapport au revenu, les foyers canadiens moyens ne sont pas en mesure de maximiser leur REER. Il y a toutefois certaines stratégies que les Canadiens peuvent adopter pour verser une cotisation plus importante qu’ils ne l’auraient cru possible.
1. Automatiser son épargne
Il n’existe pas de meilleure façon d’économiser que de mettre en place des régimes d’épargne automatique, dit Lissa Elle, planificatrice financière agréée établie à Cochrane, Alberta et auteure de STRUT: How to Kick Financial ASSets in Sexy Shoes. «Mettez-le en place et n’y pensez plus, dit-elle. Ce n’est qu’une autre facture automatique conduisant à des économies forcées et renforçant les bonnes habitudes.»
L’économiste comportementale de Morningstar Samantha Lamas en convient, disant que le meilleur moyen de se persuader de faire des économies est de mettre en place des retraits automatiques. «Mettez en place un transfert automatique de votre compte-chèques à votre compte d’épargne. Mieux encore, assurez-vous que le transfert soit effectué dès que vous touchez votre salaire, de sorte que vous ressentiez à peine cette “perte”. Pour faire un effort supplémentaire, créez une structure où le montant transféré automatiquement s’accroît après une certaine période», recommande-t-elle.
Les contributions mensuelles morcellent un montant important en portions plus petites et mieux gérables et réduisent le stress qu’impliquerait le versement d’une grosse somme d’argent en fin d’année. Si vous économisez de l’argent tous les mois et que vous investissez régulièrement, tant mieux.
«Si vous êtes au taux marginal d’imposition le plus élevé, c’est une des quelques déductions fiscales qui vous sont offertes», affirme Mme Elle.
2. Les fonds d’urgence — pour faire des économies !
Lissa Elle recommande que l’on ait un compte d’épargne pour faire face à des urgences et que l’on y contribue régulièrement. De cette façon, les Canadiens peuvent avoir des fonds sous la main sans être obligés de puiser dans leur REER, ce qui pourrait avoir des conséquences fiscales. Mieux encore: à la fin de chaque année, tout montant inutilisé pourrait être ajouté au REER.
«Vous avez peut-être beaucoup d’argent excédentaire qui pourrait être mieux utilisé pour réduire votre facture fiscale cette année, et puis vous pourrez réapprovisionner le fonds d’urgence pendant toute l’année», dit Lissa Elle.
3. Réinvestir le remboursement d’impôt
Le montant cotisé à un REER est déductible des impôts. Toutefois, en cette ère de satisfaction instantanée, et avec la devise «on ne vit qu’une fois» adoptée par de nombreux Canadiens, les remboursements d’impôt finissent souvent par financer des achats spontanés ou des vacances à la plage, au détriment de leur revenu-retraite futur.
Selon Lissa Elle, une façon de donner du piment à votre épargne est de réinvestir votre remboursement dans votre REER. Elle explique ce calcul en prenant pour exemple quelqu’un qui se trouverait dans la tranche d’imposition la plus élevée (environ 40%) et qui placerait 10 000 $ dans son compte REER tous les ans, avec un remboursement d’impôt d’environ 4 000$. «Sachant que vous savez que vous allez obtenir ce remboursement d’impôt de 4 000 $, pourquoi ne pas l’investir dans un REER? Si vous le faites, vous investissez désormais 14 000$ dans votre REER, au lieu de 10 000$ que vous économisez.»
Si vous voulez vraiment vous acheter ce nouveau joujou ou partir en voyage, pourquoi ne pas investir au moins la moitié de votre remboursement d’impôt? Vous augmenterez quand même sérieusement votre épargne », dit Mme Elle.
4. Les transferts de comptes non enregistrés
Vous n’avez pas vraiment d’argent pour maximiser vitre cotisation au REER? Pas de problème. Si vous conservez des placements dans un compte d’épargne non enregistré, vous pouvez avoir recours à un transfert d’actifs en nature qui vous permettra de déposer n’importe quels titres de ce compte dans votre REER.
«Il peut s’agir de vos actions ou de vos fonds communs, si vous ne voulez pas les vendre», dit Mme Elle. À la réalisation de ce transfert, le titulaire de compte reçoit le reçu de cotisation au REER requis pour provoquer un remboursement d’impôt. Toutefois, il est important de noter que, selon les règlements fiscaux canadiens, lorsque les actions sont déposées dans votre REER, la transaction est considérée comme une «disposition réputée», qui déclenche une imposition des gains en capital même si de fait, vous n’avez pas liquidé ces titres. Toutefois, précise Lissa Elle, «la déduction au titre d’un REER devrait contrebalancer tout transfert en nature provenant d’un compte non enregistré.»
Il y a aussi un moyen de contourner les conséquences fiscales d’un transfert en nature. Si le transfert provient de votre compte CELI, «il n’y aura aucune implication fiscale sur le transfert, et vous obtiendrez tout de même votre déduction pour le montant cotisé au REER», note Lissa Elle. «Nous nous assurons que de nombreux clients mettent d’abord de l’argent dans leur CELI pendant toute l’année, puis décidons au cours des 60 premiers jours de cotisation le montant exact que nous souhaitons transférer du CELI au REER pour réduire leur facture fiscale.»
Bien sûr, il faut s’assurer que l’on a suffisamment de droits à cotisation non utilisés dans un CELI et un REER, de sorte que l’ARC ne vous poursuive pas pour avoir transgressé les règles relatives aux dépassements de cotisations, ce qui pourrait s’avérer très coûteux.
Si vous choisissez de vendre des titres de votre compte de placement non enregistré et que vous utilisez le produit de cette vente pour les racheter et les placer dans votre compte REER, attention aux règles de perte apparente. Vous vous verrez refuser une perte en capital sur votre placement si vous rachetez le titre dans les 30 jours qui suivent leur vente, même si vous le rachetez dans un compte REER. Il faut laisser passer un délai obligatoire de 30 jours avant de racheter le même titre pour revendiquer une perte en capital.
5. Emprunter pour investir?
De nombreux lecteurs nous demandent s’ils devraient emprunter pour investir. Cela pourrait être une option attrayante pour certains, surtout considérant les taux d’intérêt ultra-faibles du moment. Mais attention.
Les investisseurs, prévient Christine Benz, directrice des finances personnelles à Morningstar, devraient bien réfléchir à ce qu’ils peuvent raisonnablement gagner avec divers types de placements. «Dans ce cas, il y a un écart entre une obligation de garantie (coût de l’emprunt) et le rendement, qui est incertain quel que soit votre type de placement à moins que ce ne soit en argent liquide, dit-elle. Et avec des véhicules liquides, on n’a aucune chance de contrebalancer le coût d’un emprunt.»
«Assurez-vous que vous l’aurez remboursé aussi vite que possible, de préférence avec votre remboursement d’impôt», prévient Lissa Elle. La logique c’est que la croissance libre d’impôt des placements dans les REER pourrait dépasser le coût d’emprunts à court terme.
Christine Benz suggère qu’il faut aborder la question d’une façon différente. «Si vous savez que vous avez tous les mois l’argent qu’il vous faut pour rembourser un emprunt, pourquoi ne pas plutôt mettre en place un plan d’investissement normal et y investir chaque mois? Emprunter de l’argent pour investir pourrait être quelque chose qui attire les négociateurs avertis, mais en général, quand il s’agit davantage de petits investisseurs qui gèrent leur compte, cela ajoute du risque, de la complexité et des coûts, ce que je ne conseille pas.»
En conclusion, le mieux, c’est de commencer à planifier votre stratégie de REER pour l’année prochaine aussitôt que possible plutôt que d’attendre le dernier moment, ‘parce que c’est comme ça que vous pourrez maximiser vraiment votre épargne-retraite sans être coincé avec une grosse facture fiscale et sans économies à investir dans votre REER’, dit Lissa Elle.