Épargne: pas d’intérêt pour les intérêts pour plusieurs Québécois

Parmi les répondants québécois, 10% gardent tout simplement leur argent à la maison (sous le matelas, dans une tirelire, etc.), un autre 54% utilise un compte-chèques et 38% mettent leurs économies dans un compte épargne régulier. (Photo: Toa Heftiba pour Unsplash)

IL ÉTAIT UNE FOIS… VOS FINANCES, la rubrique où ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’argent… ou presque!

Il semble que plusieurs Québécois n’aient pas d’intérêt à accumuler des intérêts avec leur argent.

C’est du moins ce qu’il ressort d’un sondage mené par la Banque EQ à la fin avril pour connaître les habitudes d’épargnes des gens face à leurs objectifs de vie à court et moyen terme.

Les trois principaux objectifs qui poussent les gens à épargner sont un voyage ou des vacances (61% des répondants québécois), se constituer un fonds d’urgence pour les mauvais jours à venir (59%) ou encore en prévision de rénovations ou réparations à effectuer à leur domicile (33%).

Les gens économisent également en vue de l’achat d’une voiture (33%) ou d’une maison (23%), pour des frais médicaux (17%), les études de leurs enfants (14%) ou les leurs (10%), démarrer une entreprise (5%) ou un mariage (4%).

Garder son argent… à la maison?

Parmi les répondants québécois, on en retrouve 10% qui gardent tout simplement leur argent à la maison (sous le matelas, dans une tirelire, etc.), un autre 54% utilise un compte chèques et 38% mettent leurs économies dans un compte épargne régulier.

Pour ceux qui se servent d’un compte chèques ou épargne, seulement 19% et 27% respectivement disent percevoir des intérêts.

«J’avoue avoir été incroyablement surprise par les véhicules de placement que les répondants utilisent, laisse tomber Mahima Poddar, vice-présidente des services bancaires aux particuliers à la Banque EQ. Si les Québécois placent leur argent dans 91% des cas, les véhicules qu’ils sélectionnent ne génèrent pas nécessairement d’intérêts.»

Elle avoue avoir été particulièrement étonnée de voir qu’un Québécois sur dix préfère garder son argent à la maison.

« Avec la forte inflation des dernières années, ces personnes perdent beaucoup de leur pouvoir d’achat rapidement », remarque-t-elle.

Pourquoi?

Quelles raisons poussent les gens à ne pas profiter d’un rendement sur leurs économies?

Selon les recherches effectuées par la Banque EQ auprès de sa propre clientèle, la principale raison est le manque de connaissances sur les véhicules de placements qui peuvent leur rapporter plus d’argent qu’un simple compte de banque, indique Mahima Poddar.

Pour ceux qui comprennent qu’ils pourraient retirer plus de bénéfices avec un CELI, un CELIAPP, un REER, des placements non enregistrés ou même un certificat de placement garanti (CPG), il semble qu’il y ait une certaine aversion à diviser leurs avoirs, ajoute-t-elle.

«C’est un inconvénient pour certaines personnes d’avoir plusieurs comptes à gérer, explique Mahima Poddar. Mais souvent, c’est parce qu’elles ne savent pas que c’est assez facile de transférer leurs avoirs d’un compte à l’autre. Les gens mettent leur argent dans un compte qui ne rapporte rien ou presque rien simplement parce qu’il est facile pour eux d’accéder à leur argent.»

Les frais reliés à chacun des comptes sont aussi un des facteurs qui poussent les gens à ne pas multiplier les véhicules de placement.

Avantages

Si les gens ne tentent pas de tirer le maximum de rendements pour leurs économies, c’est que plusieurs ne comprennent pas concrètement ce que cela peut leur rapporter, affirme Mahima Poddar.

«Ce qu’ils ratent, c’est la possibilité d’atteindre leurs objectifs plus rapidement, d’avoir plus d’argent dans leurs poches pour les réaliser ou encore d’en avoir pour en atteindre encore plus, observe-t-elle. Une cliente avec qui je m’entretenais me parlait de son voyage qu’elle voulait faire en Europe. En recevant des intérêts sur l’argent qu’elle met de côté, elle serait en mesure, par exemple, de se payer un meilleur hôtel et d’améliorer la qualité générale de son voyage.»

Généralement, les gens ont en tête un certain montant qu’ils veulent mettre de côté et ne regardent que le chiffre final sans se soucier du temps ou du chemin qu’il faut prendre pour atteindre l’objectif, soutient Mahima Poddar.

D’autres ne veulent tout simplement pas gérer d’incertitude, ajoute-t-elle. La seule chose qui importe à ces personnes est d’économiser régulièrement pour amasser la somme requise, et elles ne veulent pas prendre le risque qu’un placement perde de la valeur.

«Elles ouvrent un compte-chèques séparé pour voir leur somme grimper jusqu’au montant qu’elles veulent atteindre, mais il y a un manque d’éducation financière autour des avantages d’obtenir des intérêts composés», estime-t-elle.