Ce que vous devez savoir avant d’embaucher une gouvernante
La Presse Canadienne|Publié le 14 janvier 2020Pour certaines familles, les gouvernantes peuvent offrir une option plus flexible et plus abordable que les garderies.
Pendant la première année de vie de leur fille Clara, l’entrepreneure Josée-Anne Sarazin-Côté et son mari ont pu jongler entre travail et parentalité.
Mais à l’âge de 18 mois, Clara marchait et parlait et « ça commençait à être vraiment difficile de travailler en même temps », explique Mme Sarazin-Côté, autrice et organisatrice d’ateliers axés sur le bien-être.
« Nous avons rarement du temps pour nous trois , ou en couple », a-t-elle observé. « À un moment donné, nous nous sommes dit que nous avions besoin d’aide. »
Pour certaines familles, les gouvernantes peuvent offrir une option plus flexible et plus abordable que les garderies, même si elle a des implications fiscales et juridiques.
Tout d’abord, le couple — qui était établi en France à l’époque — s’est tourné vers une fille au pair, soit une aide familiale résidente avec un salaire nominal. Le travail de Mme Sarazin-Côté l’oblige à faire des voyages fréquents et variés dans des endroits allant du Portugal au Costa Rica. La garderie n’était pas envisageable dans ce contexte et la fille au pair pouvait voyager avec elle et Clara.
Lorsque la famille a déménagé dans les Cantons-de-l’Est l’an dernier, Mme Sarazin-Côté a fait une demande de place subventionnée dans une garderie. Mais trouver une place s’est révélé difficile, alors elle a de nouveau cherché une autre forme d’aide.
Après avoir feuilleté les profils sur les sites web des agences de garde d’enfants, Mme Sarazin-Côté s’est plutôt tournée vers sa communauté en ligne pour le recrutement, en publiant une annonce « Aide recherchée » dans un bulletin qu’elle dirige.
Elle a trouvé, il y a moins de deux semaines, quelqu’un qui, pour 15 $ l’heure, travaillera quatre heures chaque matin en semaine pour jouer avec Clara — qui aura trois ans en mars — et préparer son dîner, libérant ainsi du temps pour permettre à Mme Sarazin-Côté de travailler.
Si les garderies subventionnées au Québec coûtent environ 8 $ par jour, ou 240 $ par mois, les parents qui cherchent des places en garderies privées à Toronto et à Vancouver déboursent parfois plus de 2000 $ par mois.
La garderie est « comparable à un paiement hypothécaire », a observé Jason Heath, planificateur financier et fiscaliste chez Objective Financial Partners.
Pour les familles ayant plus d’un enfant, poursuit-il, il peut être plus économique d’embaucher une gouvernante.
Quand le parent devient employeur
Le taux horaire pour une gouvernante varie généralement de 15 $ à 20 $, mais les personnes plus expérimentées facturent souvent jusqu’à 25 $ l’heure, explique Jayne Wigfield, fondatrice de l’agence Nooks and Nannies, à Vancouver. Cela représente 52 000 $ par année pour une gouvernante à temps plein, avant les cotisations au Régime de pensions du Canada (RPC) et à l’assurance-emploi (AE). Au Québec, les cotisations au RPC sont remplacées par celles au Régime de rentes du Québec (RRQ).
L’embauche d’une gouvernante fait d’un parent un employeur, ce qui signifie qu’il doit déduire et remettre à l’Agence du revenu du Canada les cotisations de la gouvernante au RPC et à l’AE, ainsi que le paiement des cotisations de l’employeur. Ensemble, ces cotisations pour une gouvernante à temps plein gagnant 15 $ l’heure coûteraient environ 200 $ par mois, en plus des primes versées à la commission des accidents du travail dans certaines provinces.
« Si un accident se produit avec un couteau dans la cuisine, si quelqu’un tombe dans les escaliers — si des parents n’ont pas cette couverture, ils pourraient avoir de gros problèmes », a souligné Jamie Golombek, directeur général de la planification fiscale et successorale de la Banque CIBC à Toronto. « Ce n’est pas très cher, mais il faut quand même le payer. »
Peter Guay, gestionnaire de portefeuille et planificateur financier chez PWL Capital à Montréal, estime qu’il est important de commencer par définir des attentes claires sur ce que le travail entraînera — les vacances, les heures de travail et les tâches quotidiennes, par exemple.
« Seront-elles capables de conduire les enfants à l’école, vont-elles cuisiner — peuvent-elles cuisiner? »
En tant que père de trois enfants de moins de six ans, M. Guay a envisagé l’option d’une gouvernante.
« C’est quelqu’un avec qui on laisse ses enfants, c’est quelqu’un qui fait presque partie de la famille », a-t-il expliqué. « Donc, plus on peut être transparent, ouvert et direct (…) mieux on prépare le terrain pour une relation réussie à l’avenir. »
La transparence avec le gouvernement est également essentielle, précise M. Golombek.
« Il est vraiment préférable d’être au-dessus de tout ça. Certaines personnes paient leur gouvernante en espèces et elles ne le déclarent pas, et c’est très dangereux. » L’emploi « sous la table » est passible de pénalités et d’intérêts sur les arriérés d’impôts pour les deux parties et peut également compromettre un emploi si on juge qu’il y a eu fraude contre le gouvernement, ajoute-t-il.
Les agences de garde d’enfants et les comptables peuvent gérer les services de paie et les services fiscaux pour un montant d’environ 60 $ par mois, souligne M. Guay.
Que le choix des parents porte ultimement sur une garderie ou une gouvernante, il est possible de déduire jusqu’à 8000 $ de frais de garde d’enfants du revenu le plus bas du ménage pour chaque enfant de six ans ou moins, et jusqu’à 5000 $ pour les enfants de 7 à 16 ans.
Au Québec, il est possible de récupérer encore davantage grâce à un crédit d’impôt remboursable, qui retourne entre 26 % et 75 % des dépenses de garde d’enfants, selon le revenu. Plus le revenu du ménage est élevé, 160 000 $ étant le seuil le plus élevé, plus le pourcentage est faible.