N'oubliez pas que tout conseiller qui promet des rendements de portefeuille plus élevés que 4 ou 5 % sur les dix prochaines années n’est pas réaliste ou prend sans doute des risques excessifs. (Photo: 123RF)
Le gourou du placement Bill Bernstein a un jour fait la boutade selon laquelle que lorsqu’on arrive à savoir suffisamment de choses pour choisir un conseiller financier de qualité, on peut probablement gérer ses actifs soi-même.
Malheureusement, ce n’est pas très éloigné de la réalité. L’industrie des services financiers comporte une panoplie ahurissante de titres, de désignations et de modes de rémunération.
Alors, voici cinq questions essentielles à poser à votre (futur) conseiller financier :
1) Êtes-vous plus un planificateur financier ou un conseiller en placements?
Voici la première question que les investisseurs doivent poser lorsqu’ils passent en revue l’univers des conseillers financiers. Pourquoi ? Parce qu’il y a les gestionnaires de patrimoine/conseillers en placements, et il y a les planificateurs financiers.
Le premier type a des responsabilités plus limitées (les placements) qu’un planificateur financier, qui s’occupe de tous les grands aspects d’un plan financier, et pas seulement des placements : l’assurance, la planification successorale et le budget familial, pour n’en citer que quelques-uns. Toutefois, il convient de noter que les meilleurs conseillers financiers ont une perspective holistique des plans de leurs clients, alors que de nombreux planificateurs financiers possèdent une finesse de premier ordre dans le secteur du placement. Il n’y a donc pas nécessairement de ligne de démarcation nette.
Si vous cherchez un planificateur financier : Demandez aux planificateurs dans quels secteurs ils sont vraiment experts, et quels groupes démographiques ils desservent plus précisément. Si vous avez identifié des domaines particuliers qu’il vous faut travailler – par exemple déterminer comment votre propriété d’une petite entreprise impacte le reste de votre plan financier personnel – demandez au planificateur s’il a eu l’expérience de situations comme la vôtre. Cherchez aussi quelqu’un qui a obtenu la désignation de planificateur financier agréé ou celle de consultant financier agréé, décrites plus bas.
Si vous cherchez un conseiller en placements : Interrogez-le sur la stratégie de placement, et si elle correspond à votre propre philosophie? Le conseiller utilise-t-il pour construire le portefeuille des éléments de base comme des fonds communs à faible coût, ou s’essaye-t-il aussi à des placements plus obscurs comme les contrats à terme et les options? La stratégie est-elle facilement compréhensible? (Dans la négative, posez toutes les questions possibles et imaginables jusqu’à ce que ce soit le cas. Si le conseiller perd patience, ce n’est pas le bon choix pour vous.) La référence absolue pour ce type de conseiller est la désignation d’analyste financier agréé.
N’oubliez surtout pas que tout conseiller qui promet des rendements de portefeuille plus élevés que 4 ou 5 % sur les dix prochaines années n’est pas réaliste ou prend sans doute des risques excessifs.
2) Êtes-vous un fiduciaire?
Voilà une autre question essentielle à poser à vote conseiller éventuel. Être un fiduciaire veut simplement dire que le conseiller doit mettre les intérêts du client au-dessus des siens quand il est consulté sur des portefeuilles et des stratégies.
La bonne nouvelle, c’est que de nombreux conseillers financiers adhèrent déjà à une norme fiduciaire. Les conseillers en placements qui sont « agréés », ou qui travaillent pour des firmes structurées comme sociétés de conseils en placements agréées, sont déjà des fiduciaires. Les planificateurs financiers agréés sont tenus d’agir en fiduciaires quand ils offrent des conseils en placements.
Au fait, cela ne veut pas dire que les professionnels de la finance qui ne sont pas des fiduciaires sont automatiquement des charlatans. Beaucoup de conseillers non fiduciaires obéissent à des normes d’éthique élevées et traitent leurs clients avec tout autant de sérieux que leurs homologues fiduciaires. Toutefois, les investisseurs qui travaillent avec un fiduciaire sont mieux protégés juridiquement que s’ils travaillent avec un conseiller qui est astreint à une « norme de convenance » moins élevée.
3) Comment vous faites-vous rémunérer pour vos services?
La rémunération des conseillers peut devenir tout un casse-tête à laquelle peut s’ajouter une couche de brouillard. Une des premières questions à poser est de savoir si le conseiller est rémunéré exclusivement sur honoraires ou sur une base d’honoraires ou de commissions. Exclusivement sur honoraires veut dire que le conseiller est rémunéré en faisant payer des honoraires pour ses divers services et ne touchent jamais de commissions. Les conseillers rémunérés sur commissions acceptent de toute évidence des commissions pour recommander des produits. Les conseillers qui sont rémunérés sur une base d’honoraires peuvent se faire principalement payer des honoraires pour les services qu’ils fournissent, mais peuvent aussi accepter des commissions. (On confond souvent « sur honoraires » et « à base d’honoraires »; il y a une différence.)
Comme pour la discussion fiduciaire, les conseillers qui acceptent des commissions ne devraient pas être automatiquement être affublés de qualificatifs peu flatteurs. Toutefois, recevoir des commissions pour des produits peut mener à des conflits d’intérêts en donnant aux conseillers la tentation de recommander des produits qui ne sont pas nécessairement dans le meilleur intérêt des clients. Le modèle de rémunération strictement sur honoraires est sans embrouille.
Si vous avez décidé d’opter pour un conseiller rémunéré strictement sur honoraires, il faut tout de même que vous l’interrogiez sur le modèle d’entreprise spécifique ainsi que sur une estimation des honoraires que vous devrez lui payer pendant une année donnée. Les conseillés rémunérés strictement sur honoraires peuvent demander une rémunération horaire, par projet ou par pourcentage d’actifs gérés.
Il y a aussi un autre modèle qui est en train de gagner du terrain sur le marché, et que l’on appelle une « avance sur honoraires ». On paie un forfait mensuel ou annuel pour les services rendus, comme pour une adhésion à un gymnase ou à la télévision par câble. Ce modèle peut avoir du sens pour les investisseurs qui ont en permanence besoin de conseils financiers, mais qui n’ont pas encore de portefeuilles suffisamment importants pour justifier l’emploi du modèle par pourcentage d’actifs gérés.
4) Quelles sont vos désignations et qualifications?
En plus de clarifier la façon dont vous allez rémunérer votre conseiller, il convient aussi de l’interroger sur les désignations dont il se réclame. Ne vous laissez pas éblouir par une longue liste d’acronymes après son nom; certaines désignations ont plus de poids et répondent à plus d’exigences que d’autres.
Si vous cherchez un planificateur financier, soyez à l’affût des désignations suivantes :
Planificateur financier agréé : Un planificateur financier agréé est un expert en planification financière accrédité par le Certified Financial Planner Board of Standards (Comité des normes des planificateurs financiers agréés). Pour se réclamer de la désignation de « CFP », les planificateurs doivent avoir suivi un programme éducatif et subi une série d’examens, tout en affichant une grande expérience de travail lié à la planification financière.
Consultant financier agréé : Comme dans le cas du CFP mieux connu, il s’agit d’une désignation de planification financière au sens large. Les consultants financiers agréés doivent avoir suivi un programme d’éducation et subi une série d’examens, tout en affichant une grande expérience de travail lié à la planification financière.
Si vous cherchez avant tout des conseils financiers, retenez la qualification suivante :
Analyste financier agréé : Les personnes titulaires de cette désignation se qualifient comme experts financiers accrédités par l’institut CFA. Pour pouvoir se réclamer de la désignation de CFA, les conseillers doivent afficher une expérience de travail substantielle dans la prise de décisions et avoir suivi des cours dans des domaines comme l’économie, les analyses et rapports financiers, les normes déontologiques, les placements dans les actions et le revenu fixe et la gestion de portefeuille. Ils doivent aussi avoir subi une série d’examens rigoureux qui demandent beaucoup de temps à étudier.
5) Quel est votre plan de secours?
Même si votre conseiller est jeune, il convient tout de même de l’interroger sur ses options de rechange. Qui viendrait à votre aide si le conseiller était dans l’incapacité de le faire pendant un certain temps pour cause de décès ou de maladie, ou même en raison de vacances prolongées? Surtout si vous engagez un conseiller rémunéré selon les actifs qu’il gère ou par une avance sur honoraires, il devrait y avoir d’autres personnes pour le remplacer si votre conseiller principal n’est pas disponible.