Impôts: les Québécois croient laisser de l’argent sur la table
Charles Poulin|Publié le 28 avril 2022Parmi les raisons qui expliquent ce manque de confiance, il y a le manque de littératie financière et le fait que plusieurs contribuables remplissent eux-mêmes leur déclaration de revenus. (Photo: 123RF)
Plus de la moitié des Québécois ont l’impression de laisser de l’argent sur la table en produisant leur déclaration de revenus, car ils estiment ne pas être en mesure de la remplir de façon optimale.
Un sondage de la firme Pollara, réalisé du 31 mars au 7 avril pour le compte de IG Gestion de Patrimoine, révèle que seulement 43% des Québécois, et 40% des Canadiens, ont confiance de profiter pleinement de toutes les déductions fiscales auxquelles ils ont droit. Ils sont également 34% (36% au Canada) à estimer ne pas remplir leur déclaration de revenus de matière optimale et qu’ils laissent ainsi de l’argent au fisc.
Littératie et autoproduction
Parmi les raisons qui expliquent ce manque de confiance, il y a le manque de littératie financière et le fait que plusieurs contribuables remplissent eux-mêmes leur déclaration de revenus, indique le vice-président adjoint, Planification fiscale et successorale chez IG Gestion privée de patrimoine.
«On remarque, dans le sondage, que 27% des gens affirment ne pas comprendre ce qu’est un CELI, note-t-il. Pour les REER, c’est 77%. Il y a un manque de connaissances et de compréhension financière, et cela affecte inévitablement ce qu’on peut faire pour diminuer l’impôt à payer.»
Ces carences nuisent évidemment aux personnes qui décident de produire eux-mêmes leur déclaration.
«Les gens achètent un logiciel et répondent aux questions, explique Aurèle Courcelles. Mais les impôts, c’est complexe. Connaissez-vous vraiment tout ce qui est admissible en termes de déductions pour les frais médicaux? Ce n’est pas évident pour quelqu’un dont ce n’est pas la profession.»
Errer du côté de la prudence
Même en faisant appel à un professionnel, il se pourrait que le client passe à côté de certaines déductions. Pas par manque de compétence ou de connaissances du comptable ou du fiscaliste, mais plutôt parce qu’il n’a pas toutes les informations requises.
«Si vous ne dites pas certaines choses à votre comptable, comment peut-il le savoir, laisse tomber Aurèle Courcelles. Si vous avez décidé de ne pas lui fournir certains papiers parce que vous pensiez que ce n’était pas déductible, il ne pourra pas les comptabiliser.»
Un contribuable devrait, au minimum, avoir une bonne discussion avec son comptable ou son fiscaliste sur les événements qui ont marqué sa vie personnelle et professionnelle lors de la dernière année, avance Aurèle Courcelles.
«Mieux vaut errer du côté de la prudence et apporter plus de papiers que moins, ajoute-t-il. Il n’y a pas de règle unique, pas de cas d’espèce. Et les règles changent souvent en cours de route.»
Remboursement
Le sondage indique également que 66% des Québécois attendent un remboursement d’impôt moyen estimé à 2250 $.
Le vice-président adjoint, Planification fiscale et successorale chez IG Gestion privée de patrimoine perçoit là un manque de planification fiscale. Il souligne que cet argent est en fait un prêt sans intérêt aux gouvernements, et que pendant qu’il est dans leurs poches, il ne peut profiter au contribuable.
«L’idéal est se tenir le plus près possible de zéro, explique-t-il. Parce que cet argent, on peut le placer, cotiser à notre REER et notre CELI ou encore réduire nos dettes.»
Si vos contributions REER ne se font pas directement chez l’employeur, il est possible de faire la demande auprès des gouvernements pour obtenir les réductions à la source équivalentes.
Utilisation du remboursement
Le sondage Pollara fait aussi état de l’utilisation du remboursement d’impôts par les particuliers.
Au Québec, 31% des gens redirigent le montant vers leurs épargnes ou leurs placements, 16% l’utilisent pour voyager, 12% rénovent leur propriété et 5% s’en servent pour rembourser une partie de leur prêt hypothécaire.
«La meilleure utilisation au moment actuel sera probablement pour la réduction de dette, soutient Aurèle Courcelles. Les taux d’intérêt augmentent, et les gens doivent évaluer comment maximiser leur remboursement.»