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Gabriel Marcu

Condo: visite guidée

Gabriel Marcu

Expert(e) invité(e)

Vos condos ne sont pas des croisières tout-inclus!

Gabriel Marcu|Mis à jour le 18 juin 2024

Vos condos ne sont pas des croisières tout-inclus!

«Avant de vous engager dans l’aventure du condo-croisière, avez-vous posé les bonnes questions?» (Photo: 123RF)

EXPERT INVITÉ. Imaginez-vous dans une secte où l’on vous promet la paix éternelle où en échange d’une modeste dépense mensuelle — nommée «frais de condo» —, vous ne vous occupez plus de rien. Un genre de condo magique. 

Ou bien vous achetez un forfait tout-inclus sur un navire de croisière avec d’autres touristes téméraires, qui aiment comme vous les destinations vers les endroits exotiques à un coût inimaginable. Oh les chanceux que vous êtes! 

Vous avez acheté ce forfait moyennant des frais souples et vous avez même élu vos capitaines de bateau parmi vos touristes téméraires présents, en économisant de ce fait sur votre équipage de bord. Wow, génial.

Mais finalement, le tout-inclus a des obligations et des devoirs. Et votre fameux bateau prend un peu l’eau, le gouvernail souffre d’arthrose et il n’y a même pas de bar à volonté avec de charmants créateurs de cocktails. Aucune musique caliente

En réalité, c’est un simple condo-bateau capricieux que vous avez acheté, une boule d’air dans un projet collectif où vous détenez des quotes-parts des espaces communs. Genre « j’ai mon voyage.com ». Notarié en plus. La croisière devient subitement une crazy-ère. 

Pour certains, c’est un rite de passage. Pour d’autres, un havre de paix après une journée de labeur. Pour les personnes plus âgées, c’est un sanctuaire pour contempler le temps qui passe à regarder les nouvelles. 

 

Les bonnes questions

Avant de vous engager dans l’aventure du condo-croisière, avez-vous posé les bonnes questions? 

Êtes-vous prêt à faire des sacrifices pour honorer vos obligations de copropriétaire? 

Combien de pièces d’or faut-il verser dans le trésor de la copropriété, c’est-à-dire après celle présentée par votre vendeur? 

Et puis, les interrogations les plus absurdes surgissent:

Pourquoi je ne peux pas me créer «une belle vue à l’océan», directement de mon salon, en ouvrant le mur de ma terrasse? 

Pourquoi diable devrait-on contribuer au fonds de prévoyance, si on envisage de vendre notre condo dès l’année prochaine? Nous sommes juste de passage… 

Le toit, ce bouclier protecteur au-dessus de nos têtes, est-il réellement inclus dans notre forfait ou réservé aux élus du dernier étage? 

Pourquoi devrais-je payer pour une porte de garage si je n’ai même pas de voiture? Je suis même le plus écolo de la gang! 

Pas de jacuzzi sur mon balcon? 

Qui est ce mystérieux mononcle moustachu qui vient inspecter notre détecteur de fumée? 

Pourquoi il est interdit de fumer du cannabis même dans le confort de notre propre demeure? 

Dans cette épopée à la recherche du Graal de la copropriété mal en point, où les fondations font de l’arthrose, les façades sont plus croustillantes que des chips, les ascenseurs nous tiennent en haleine et surtout en suspense, où les stationnements ressemblent à des montagnes russes grotesques, on se retrouve parfois dans des péripéties tellement loufoques qu’elles en deviennent exaspérantes! C’est comme si on jouait dans une comédie où les bâtiments eux-mêmes sont les acteurs qui rient de nous autres! 

Les copropriétaires naviguent dans un océan d’absurdités scientifiques, sans destination… de l’immeuble, cherchant désespérément à concilier leur liberté individuelle avec les exigences de la communauté. 

Que vous soyez jeune, professionnel ou retraité, préparez-vous à être surpris à chaque coin de couloir. 

Vous voilà donc, tel un public avide devant un feuilleton télévisé qui n’en finit plus, attendant fébrilement le prochain épisode des projets de loi : 141, 16, 41, 25, 31, pas le district 31, on s’entend. Une saga digne des meilleures télénovelas! Depuis 2018, les charmants acteurs de cette saga nous promettent des règlements, des changements pour le prétendu bien-être collectif, le soi-disant avancement de la copropriété. 

Vous êtes là, au bord de votre fauteuil, vous demandant quelle super nouvelle législative le gouvernement va bien pouvoir inventer cette fois-ci. Ah, le suspense insoutenable! 

Mais sérieusement, pourquoi attendre que le gouvernement décide comment préparer votre fonds de prévoyance ou votre carnet d’entretien ? C’est comme si vous regardiez votre propre navire sombrer, en attendant qu’un magicien vous sorte de son chapeau la solution ultime. 

Et puis, regardons les choses en face: vous êtes tous des investisseurs, des capitaines de vos propres navires financiers! Alors, pourquoi ne pas prendre les rênes et naviguer vers des eaux plus sûres, plutôt que de rester là à espérer les miracles de Mesmer? 

La solution magique existe pourtant: devenez votre propre administrateur du syndicat de copropriété. Être la personne qui prend les décisions. Finalement en fait, ce que la loi exige! 

Vous seriez le capitaine de votre bateau de croisière, aux acclamations majoritaires des autres touristes téméraires présents ou représentés lors de votre prochaine assemblée générale. Ensuite, vous allez vous entourer des gestionnaires professionnels, soit les administrateurs agréés, des préventionnistes de différends et de sinistres, des ingénieurs ou des entrepreneurs. Comme un vrai entrepreneur-bâtisseur.

Ce n’est pas facile, mais une fois traversé l’océan, vous allez être le héros qui a sauvé le voyage. 

Je suis la preuve vivante que cette recette fonctionne. 

Allez, bon voyage!

 

 

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