Immobilier résidentiel: une aide du gouvernement est nécessaire
Charles Poulin|Publié le 26 février 2024Financer 2% du taux d'intérêt pour 100 000 logements coûterait au gouvernement environ 1,6 G$ sur deux ans, estime Vincent Chiara. (Photo: courtoisie le Cercle canadien)
Vincent Chiara croit qu’une seule chose pourra convaincre les promoteurs immobiliers de relancer la construction résidentielle, et c’est une aide financière des gouvernements provincial ou fédéral, une aide qui pourrait prendre la forme d’un financement d’une partie du taux d’intérêt.
Le président et fondateur du Groupe Mach estime que ni l’abolition pure et simple de la TVQ, ni des améliorations réglementaires du côté de l’obtention de permis de construction résidentielle, ni augmenter les seuils de densité ni donner des congés de taxe ne sont des mesures qui, à elles seules, pourraient faire « bouger l’aiguille » des promoteurs pour qu’ils remettent leurs projets en attente sur les rails.
« Nous voyons ce genre de mesure être mise en place dans des endroits comme Longueuil ou Gatineau, a-t-il indiqué lors d’une allocution devant le Cercle canadien. Et, pourtant, vous ne voyez pas de file d’attente à ces endroits pour démarrer des projets. Vous n’avez pas vu non plus de construction massive dans les autres provinces parce qu’elles ont aboli leur taxe de vente sur les constructions neuves. Parce que ces mesures sont insuffisantes à elles seules. »
Financer 2% du taux
Ce que propose plutôt Vincent Chiara, c’est une aide financière temporaire qui s’adresserait aux promoteurs.
Il suggère que les gouvernements (provincial ou fédéral ou les deux) financent temporairement 2% du taux d’intérêt en vigueur jusqu’à ce que les taux passent sous la barre de 4%, qui constitue selon lui le point d’équilibre financier pour un projet résidentiel.
« À mon avis, ça, tout seul, c’est un game changer », laisse-t-il tomber.
Le président et fondateur du Groupe Mach évalue à 400 000$ le coût moyen d’une porte (un logement ou une maison) au Québec.
« Si on finance 2% de 400 000$ pour 100 000 portes, ça coûterait au gouvernement 800 M$ par année, souligne-t-il. Donc, peut-être 1,6 G$ sur deux ans, le temps que les taux d’intérêt reviennent sous les 4%. »
Problème sérieux
Ce montant peut sembler faramineux, concède-t-il. Mais il pointe du côté de l’usine Northvolt et du financement de plusieurs milliards de dollars accordé par Québec pour mettre les choses en perspective.
« Le taux d’inoccupation est sous la barre du 1% dans la majorité des grandes villes du Québec, remarque-t-il. C’est un problème sérieux, mais les gouvernements ne semblent pas en réaliser l’ampleur de la chose. Il faudrait accélérer la cadence et construire plus de 150 000 logements par an (NDLR d’ici 2030), et nous en avons démarré moins de 40 000 l’an dernier. Des milliers de projets sont sur les tablettes et les promoteurs n’attendent seulement que les chiffres fassent du sens avant de les lancer. »
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