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Jean Sasseville

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Jean Sasseville

Expert(e) invité(e)

La correction des prix immobiliers en 2022

Jean Sasseville|Publié le 08 septembre 2021

La correction des prix immobiliers en 2022

«La remise sur le marché de chalets qui ont été achetés à des fins d’investissements avec des projections financières irréalistes pourrait participer à augmenter le nombre de mises en marché de ce type de propriétés au cours des deux prochaines années», selon Charles Brant, directeur du département d’analyse de marché de l’association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec (APCIQ). (Photo: Birgit Loit pour Unsplash)

BLOGUE INVITÉ. À la suite de la période de surchauffe du marché, certains secteurs subiront inévitablement des corrections de prix.

Avec la pandémie, plusieurs personnes ont quitté les grands centres et ont fait grimper les ventes et prix des résidences principales et secondaires à l’extérieur de ces centres. Avec les surenchères fréquentes, les gens ont dû acheter leur propriété à un prix supérieur à la vraie valeur de l’immeuble. 

Plusieurs « exilés » retourneront au travail à temps plein ou partiel et vont vouloir se rapprocher de nouveau de leur lieu de travail. S’ils souhaitent vendre leur propriété, nous risquons de voir des corrections de prix dans certains secteurs. Cela est plus probable dans de plus petits centres, relativement loin du lieu de travail et moins en demande. 

C’est du moins ce que croit Charles Brant, directeur du département d’analyse de marché de l’association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec (APCIQ). « Je pense qu’il y aura des corrections dans les marchés qui sont périphériques aux zones urbaines, notamment, les propriétés où la proximité de services est moins bonne ou l’accès au transport en commun est plus difficile, mentionne-t-il. Toutes les propriétés ont bénéficié de cet engouement un peu irrationnel pour les maisons en périphérie et je pense qu’elles seront les premières à voir leur prix être corrigé. Le télétravail ne restera pas tel qu’il est en ce moment. La proximité du lieu de travail va quand même être importante. Il y a aussi des gens qui sont partis en campagne et qui ne sont pas faits pour ça. »

 

Baisse du nombre d’immeubles à vendre 

Si vous avez l’impression que la baisse des inscriptions (immeubles à vendre) est en baisse depuis peu, détrompez-vous. Le nombre d’immeubles à vendre est en baisse depuis six ans. Cependant la baisse en 2020 a été de 29%, un niveau record. L’APCIQ a préparé cet intéressant graphique. On y voit les prix et le nombre d’inscriptions en vigueur sur Centris, et ce pour l’ensemble du Québec. Cette baisse s’observe en général presque partout et pour toutes les catégories de propriétés. Est-ce que la baisse de l’offre fait augmenter les prix ? Oui, comme le graphique le démontre clairement. Moins il y a d’inscriptions, plus il y a de surenchères.

 

 

Pas assez de constructions neuves 

Un autre facteur expliquant le faible niveau d’offre est qu’historiquement, le niveau de nouvelles constructions était bas. Cependant, 2021 est une année record. Il manquerait entre 40 000 et 60 000 logements au Québec, selon l’APCHQ. Cette dernière mentionne les longs délais pour obtenir les permis, les règlements de zonage et la pénurie et les coûts élevés des matériaux comme des freins.

 

Pas de baisse généralisée des prix 

Selon plusieurs économistes, une remontée modérée de l’inventaire de propriétés à vendre devrait se produire au cours des prochains trimestres. Cela aura un impact relativement faible. Dès que nous aurons passé la quatrième vague, un nombre croissant de personnes qui ont retardé leur intention de vendre seront tentées de vendre à un prix élevé. Les aides gouvernementales vont s’estomper. Il est possible que des gens ne soient plus en mesure de payer leur hypothèque. 

Plusieurs autres facteurs sont favorables à une hausse des prix. On ne s’attend pas à de hausse importante des taux d’intérêt en 2021 et 2022. Le taux de chômage est faible. Tous les partis politiques fédéraux veulent encourager l’« abordabilité » et ont des programmes pour augmenter la demande. 

Bien que l’on perçoive une légère tendance vers l’équilibre, la grande majorité des marchés resteront des marchés de vendeurs. Les prix ne baisseront pas en 2022, mais les hausses seront plus modérées qu’en 2020. 

Quels immeubles sont les plus susceptibles de subir une correction ? Ce n’est pas compliqué. Certains immeubles ont été achetés à un prix élevé. Plusieurs de ces immeubles seront mis en vente. Le prix d’achat sera déterminé par les acheteurs et il risque d’être plus bas pour certains marchés. 

« Les restrictions sanitaires imposées en raison de la pandémie de COVID-19 en ont incité plusieurs à vouloir s’éloigner des grands centres et acquérir une plus grande propriété puisque le travail à domicile fait désormais partie de leur quotidien, précise Charles Brant. Certains ménages ont acheté des propriétés à des prix vraiment supérieurs à leur valeur réelle, même si elles sont éloignées des services et grands axes routiers. À plus long terme, avec une normalisation du marché, ces propriétés pourraient être plus à risque de correction. » 

« La remise sur le marché de chalets qui ont été achetés à des fins d’investissements avec des projections financières irréalistes (dans un contexte où la situation sanitaire est vouée à s’améliorer significativement, favorisant les voyages) pourrait participer à augmenter le nombre de mises en marché de ce type de propriétés au cours des deux prochaines années », ajoute le directeur du département d’analyse de l’APCIQ.