En mars 2022, 30% des ventes avaient des surenchères (prix qui dépassait celui demandé par plus de 10%). C’est maintenant que seulement 3%. (Photo: 123RF)
BLOGUE INVITÉ. Chaque décembre, l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec (APCIQ) offre un excellent séminaire pour ses courtiers immobiliers, soit l’événement « Fenêtre sur le marché immobilier » (FSMI). Avec un contenu de haute qualité, j’ai hâte chaque année d’y assister.
Cette année, on a notamment appris que le prix des unifamiliales au Québec a baissé de 14 % depuis mai 2022.
En mars 2022, 30 % des ventes avaient des surenchères (prix qui dépassait celui demandé par plus de 10 %). C’est maintenant que seulement 3 %.
Certaines régions, plus exposées au phénomène de la surenchère, ont connu des corrections de prix plus grandes, à la suite de fortes hausses, un phénomène sans précédent dans le cycle immobilier actuel. Il s’agit notamment des RMR de Gatineau et de Montréal qui ont été en surchauffe avant la pandémie et qui ont atteint, en début d’année 2022, une poussée de la proportion de ventes conclues à la suite d’un processus de surenchère.
Plusieurs autres secteurs ont été encore plus réactifs dans leur correction de prix, notamment plusieurs marchés de villégiature comme Mont-Tremblant, Rawdon, Saint-Adèle ou encore des marchés adjacents à Montréal tels que Saint-Hyacinthe ou Granby.
D’autres endroits, beaucoup moins exposés, n’ont pas vraiment connu de corrections, comme c’est le cas pour les RMR de Québec et de Saguenay. Il est à noter que dans la région métropolitaine, les secteurs périphériques de l’île de Montréal ont été très exposés à la surenchère au cours de 2021 et au début de 2022, avec des prix qui se sont rapidement rapprochés de ceux de l’île de Montréal, les prédisposant ainsi à une correction plus sévère.
« La baisse des ventes s’est traduite par une remontée des inscriptions en vigueur, c’est-à-dire l’accumulation de propriétés sur le marché qui ne trouvent pas preneurs. Il s’agit là d’un revirement de tendance du marché immobilier qui s’opère depuis la deuxième moitié de l’année 2022 et qui indique que le point d’inflexion du cycle haussier du marché a été atteint. Les inscriptions en vigueur n’avaient pas connu de hausses depuis 2016 », déclare M. Charles Brant, directeur du Service de l’analyse de marché de l’APCIQ.
Le marché entre donc dans une phase de ralentissement plus marquée, avance-t-il, mais son retour vers des conditions plus équilibrées entre acheteurs et vendeurs ne se fait que très progressivement.
Si, pour la province, les prix médians ont monté de presque 50 %, la hausse varie beaucoup selon les villes. Le graphique ci-dessous montre la hausse des prix entre février 2020 et novembre 2022, plus de 70 % à Sorel-Tracy par exemple. Le point montre la correction de prix depuis le sommet atteint en 2022.
Perspectives pour 2023
L’APCIQ s’attend à des ventes en baisse en 2023 ainsi que des conditions de marché toujours à la faveur des vendeurs, mais plus proche de l’équilibre.
Malgré le ralentissement de l’économie marqué en 2023, et dans un contexte inflationniste grugeant la confiance et le pouvoir d’achat des ménages, on ne prévoit pas un retour massif de propriétés sur le marché.
La région de Québec devrait continuer d’enregistrer une stabilisation du prix médian alors que Montréal devrait connaître une baisse des prix.
De manière générale, le marché québécois a relativement bien encaissé le choc de la hausse des taux d’intérêt.
Le déficit de logement, attribuable à un retard de l’activité de construction, ne permettra pas de faire face aux changements démographiques (notamment la vague d’immigration prépandémique). Avec le ralentissement des mises en chantier prévu pour 2022 et 2023, ce déficit de logement n’est pas près de se résorber. Ce contexte permettra une certaine stabilisation du marché plus près de son équilibre, tout en évitant le basculement à la faveur des acheteurs.
Je vous invite à consulter mes articles précédents.