(Photo: 123RF)
BLOGUE INVITÉ. Le 23 mars dernier, François Legault mettait l’économie québécoise sur pause pour trois semaines, et ce, après déjà plusieurs annonces renforçant la distanciation sociale. L’arrivée de la COVID-19 et les mesures mises en place impliquent plusieurs enjeux pour les transactions immobilières au Québec.
Après un marché immobilier des plus vigoureux en 2019 et au début de 2020, le marché immobilier prendra une pause, un arrêt qui ne sera pas sans conséquence.
Tout d’abord, il y a les impacts à court terme sur le marché.
Les promesses d’achat acceptées
Plusieurs inquiétudes au sujet de la conclusion des ventes chez les notaires sont apparues en début de semaine. Dans son point de presse du 24 mars, François Legault affirmait que les notaires n’étaient pas un service essentiel. Plus tard dans la journée, le Gouvernement a toutefois rectifié le tir en ce qui concerne ces professionnels; ceux-ci peuvent poursuivre leurs activités. C’est un grand soulagement pour plusieurs ménages qui n’auraient pas pu prendre possession de leur nouvelle habitation sans le travail des notaires. Dans certains cas, ils auraient pu se retrouver sans toit à l’arrivée des nouveaux locataires dans leur logis. Maintenant que la situation a été clarifiée, les transactions immobilières pourront être effectuées et plusieurs problèmes seront ainsi évités.
Les nouvelles transactions sur pause
Pendant cette «pause» de l’économie québécoise, le nombre de nouvelles promesses d’achat signées sera fort probablement très bas. Les activités de courtage immobilier, autres que celles qui peuvent se faire en ligne, étant arrêtées, les acheteurs risquent d’être peu enclins à aller de l’avant avec leur projet d’acquisition. Dans un contexte où le gouvernement demande de cesser les visites de logements jusqu’au 13 avril et où l’incertitude économique règne, le marché immobilier risque de tourner au ralenti comme le reste de l’économie. Le nombre de transactions devrait donc chuter drastiquement. Pour ce qui est des prix, il faudra quelques mois avant de mieux évaluer les répercussions.
Payer son hypothèque
Après de multiples mises à pied temporaires, plusieurs ménages auront des difficultés à remplir leurs obligations financières dans les prochaines semaines. Toutefois, les institutions financières et le gouvernement ont mentionné que des accommodements seront possibles. N’oubliez pas qu’aucune institution financière ne souhaite être obligée de saisir une multitude de biens immobiliers. Si plusieurs créanciers se mettaient à reprendre une grande quantité de propriétés, ceux-ci pourraient avoir à éponger d’immenses pertes et avoir de la difficulté à écouler les propriétés saisies. Donc, la reprise massive de propriété n’est pas dans l’intérêt des prêteurs hypothécaires. Bref, certaines propriétés pourraient être saisies éventuellement, mais les institutions financières ont tout avantage à établir des ententes avec les propriétaires dans le besoin. Si un créancier croit qu’un ménage sera capable d’effectuer ses paiements hypothécaires d’ici quelques mois, il pourrait être très ouvert à lui accorder des allègements à court terme en cas de besoin.
Les résiliations de baux
Bien entendu, la majorité des ménages souhaiteront repousser l’achat d’une propriété au cours des prochaines semaines. Toutefois, certains pourraient se trouver dans une situation intenable. Par exemple, des locataires qui, en début d’année, ont décidé de ne pas renouveler leur bail afin de devenir propriétaires. Pour ces personnes, la pression pour se trouver un nouveau logement avant le 1er juillet sera forte. Certains pourraient décider de rester locataires et tenter de trouver un nouveau logement, mais d’autres pourraient chercher ardemment à acquérir une propriété. Ainsi, les acheteurs risquent d’être peu nombreux sur le marché ce printemps, mais certains pourraient être très motivés.
Et le futur…
L’impact sur l’immobilier et l’économie dépendra de la durée et de l’ampleur de la crise sanitaire. Plus elle sera longue, plus la reprise sera difficile. Les bas taux d’intérêt devraient toutefois aider le marché immobilier à reprendre une fois l’économie repartie. Après deux baisses consécutives, le taux directeur a atteint 0,75% récemment. Ainsi, les ménages n’ayant pas souffert de perte d’emploi pourraient voir leur capacité d’achat s’accroître. Toutefois, certains ménages auront perdu plusieurs milliers de dollars en revenus et sont donc susceptibles de repousser leur projet d’achat.
En 2008-2009, la crise économique avait fait diminuer le nombre de transactions, mais les prix, eux, avaient continué de croître modestement au Québec. Seul l’avenir pourra nous dire si la même chose se passera cette fois, car les circonstances sont différentes. Pour l’instant, l’immobilier prend une pause et l’ampleur des impacts ne pourra s’observer que dans quelques semaines, voire mois. Plusieurs annonces risquent encore d’être effectuées au cours des prochaines semaines. L’aide gouvernementale octroyée sera déterminante dans l’impact de la crise sur l’économie.