Selon la professeure Marie-Claude Beaulieu, le premier concept à inculquer aux enfants, «c’est que les ressources sont limitées peu importe le revenu qu’on a». (Photo: 123RF)
IL ÉTAIT UNE FOIS… VOS FINANCES. Le mois de la littératie financière est l’occasion idéale de se rappeler que les finances, ça n’a pas d’âge… ou presque. D’où l’importance de démarrer la discussion tôt avec les enfants.
Idéalement, on commence à en discuter dès que l’enfant est en mesure de communiquer adéquatement, indiquent Christine Drolet, conseillère en sécurité financière et planificatrice financière à la Sun Life, et Marie-Claude Beaulieu, professeure au Département de finance, assurance et immobilier de l’Université Laval et titulaire de la Chaire RBC en innovations financières. Premier indice:lorsqu’il commence à vous parler de cadeaux ou de ce qui va dans sa tirelire.
Quand vient le temps de l’informer de la notion de troc (eh oui, on n’a rien pour rien), cette discussion devrait commencer avec la version contemporaine de l’«argent ne pousse pas dans les arbres».
«Le premier concept qu’on devrait inculquer, c’est que les ressources sont limitées, peu importe le revenu qu’on a, souligne Marie-Claude Beaulieu. Maintenant, qu’on parle de développement durable, même si on est multimillionnaire, si on veut faire attention à la planète, c’est ce concept qui est le plus important.»
Coût d’opportunité
Le prochain concept à enseigner sera celui du coût d’opportunité, juge-t-elle. Il sera assez simple de lui faire comprendre en lui mentionnant qu’un dollar ne peut être dépensé qu’une seule fois.
«Une bonne manière de lui faire comprendre est que s’il consomme quelque chose, il devra sacrifier autre chose, soutient Marie-Claude Beaulieu. Les enfants doivent réaliser que lorsqu’on achète un bien ou un service, les ressources qu’on y consacre ne pourront être utilisées ailleurs.»
Choix, économies et intérêts
La notion de choix s’impose rapidement, note Christine Drolet. Un exercice facile est de se rendre dans un magasin avec son enfant et de lui accorder 5 $. On peut alors lui faire valoir qu’il peut obtenir quelque chose à 5 $, cinq objets à 1 $ ou une autre combinaison totalisant 5 $.
«C’est un principe très important en soi, parce qu’on ne peut pas tout acheter, mais qui débouche également sur une autre chose essentielle, fait-elle remarquer. Parce que les 5 $, on peut les économiser pour éventuellement acheter quelque chose de plus coûteux. On lui apprend à renoncer à dépenser maintenant pour avoir une récompense plus tard.»Bien évidemment, si l’enfant économise son argent, il apprendra que les économies peuvent fructifier.
Pour faire comprendre le concept de l’intérêt à ses enfants, Christine Drolet leur expliquait que s’ils attendaient, il y aurait plus d’argent dans leur tirelire.
«Lorsqu’ils étaient plus jeunes, j’ajoutais moi-même quelques sous dans leur tirelire, avoue-t-elle. Mais dès que l’enfant a six ans et qu’il sait lire, soit lorsqu’il est en première année, on peut lui ouvrir un compte bancaire pour enfants. Il reçoit alors un relevé de compte et voit lui-même l’argent qui augmente au fil du temps.»
Fiscalité
En raison de la pénurie de main-d’oeuvre, les préadolescents sont de plus en plus présents sur le marché du travail. Comme ils reçoivent un salaire, il devient primordial de leur parler de fiscalité.
«Les jeunes commencent à travailler de plus en plus tôt, soumet Christine Drolet. Il faut donc les sensibiliser à l’aspect fiscal. L’outil sera le talon de paye, où ils pourront en apprendre plus à propos des retenues sur leur salaire.»
Indépendance financière
Les parents devraient toujours avoir en tête que l’enfant finira, un jour, par atteindre l’indépendance financière, et que ces discussions lui permettront de pouvoir prendre des décisions éclairées.
«Lorsqu’ils seront adultes, vos enfants vont prendre des décisions financières qui vont leur appartenir, explique Marie-Claude Beaulieu. Et cela aura des conséquences avec lesquelles ils devront vivre.»Les conseillers financiers ont un rôle très important à propos des produits et des services offerts, ajoute-t-elle, mais leur apport a des limites. Ils ne peuvent prendre des décisions à la place de leur client.