(Photo: 123RF)
BLOGUE INVITÉ. Depuis quelques années, le nombre de mauvaises créances diminue grâce à un marché immobilier dynamique et à une bonne tenue de l’économie. En 2020, avec la crise actuelle, on aurait pu s’attendre à un rebond, mais c’est plutôt le contraire qui s’est produit. Certains ménages ont certainement connu des difficultés financières, mais les nombreuses mesures d’aide, dont la Prestation canadienne d’urgence (PCU) et la possibilité de reporter des paiements hypothécaires, ont eu pour effets de réduire considérablement les nombres de préavis d’exercice et de délaissements publiés.
Au cours du 4e trimestre de 2020, 899 préavis d’exercice ont été comptabilisés, tous types de propriétés confondus, soit 46% de moins qu’à la même période l’année précédente. Malgré un recul important par rapport à 2019, la baisse est inférieure à celle enregistrée au cours des deux trimestres précédents selon les actes colligés par JLR, société d’Equifax, à partir du Registre foncier du Québec. Ainsi, une remontée des préavis d’exercice est observée par rapport à la situation vécue au printemps.
Rappelons qu’un préavis d’exercice est un acte pouvant être émis par un créancier à la suite d’un non-respect des engagements du débiteur (souvent un non-paiement). Cet acte avertit le propriétaire que le prêteur pourrait saisir son immeuble après un certain délai si la situation n’est pas résolue.
Pour l’ensemble de l’année 2020, 3916 actes de ce type ont été comptabilisés ce qui constitue une baisse de 42% par rapport à la même période l’année précédente. Ce nombre représente un creux en plus de 10 ans, une situation exceptionnelle.
Évolution du nombre de préavis d’exercice et de délaissements
Source : JLR
À la suite de l’émission d’un préavis d’exercice, le créancier peut éventuellement saisir la propriété si aucune entente n’est conclue ce qui sera considéré comme un délaissement. Un avis de ce type est également enregistré lorsqu’un propriétaire remet librement les clés à son prêteur.
Au quatrième trimestre de 2020, 296 délaissements ont été publiés, un nombre 26% inférieur à celui comptabilisé en 2019 à la même période. Pour l’ensemble de l’année, 943 actes de ce type ont été émis ce qui représente une baisse de 45% relativement à 2019. Comme pour les préavis d’exercice, ce nombre est le plus bas enregistré depuis un peu plus de 10 ans.
À quoi s’attendre pour 2021 ?
Pour le premier trimestre de 2021, l’écart avec l’année dernière devrait continuer de s’amoindrir, mais risque de demeurer négatif. Les reports hypothécaires se sont terminé cet automne pour plusieurs ménages et certains d’entre eux pourraient avoir de la difficulté à reprendre leurs paiements. C’est d’autant plus vrai en plein deuxième confinement.
Ceci étant dit, le nombre de mauvaises créances devrait rester limité, car la Banque du Canada indiquait qu’en septembre dernier plus de 99% des ménages ayant eu recours à des reports de paiements ont recommencé à payer. Ces données semblent indiquer une bonne santé financière des propriétaires malgré la crise.
Les résultats des prochains mois nous en diront plus sur l’état réel des finances des Québécois puisqu’en septembre certains bénéficiaient encore des reports de paiements. Aussi, quelques ménages qui ont repris leurs paiements à court terme pourraient connaître des difficultés lors des prochains mois si le confinement se prolonge.
À partir du second trimestre, des hausses importantes seront sûrement notées par rapport à 2020 vu le très faible nombre de préavis d’exercice et de délaissements enregistré depuis le début de la pandémie. Néanmoins, les mauvaises créances pourraient rester peu nombreuses relativement à une année plus normale comme 2019.
L’impact de la crise économique sur les ménages s’observera probablement lorsque le vaccin sera administré à une grande partie de la population. À partir de ce moment, le soutien économique du gouvernement et le rachat d’actifs par la Banque du Canada s’amenuiseront.
Par conséquent, certains ménages verront possiblement leurs problèmes financiers s’exacerber et les acheteurs pourraient être moins enclins à payer le fort prix pour une propriété avec des taux d’intérêt à long terme un peu plus élevés qu’actuellement. Cela ne devrait toutefois pas se produire dans la première moitié de l’année. Pour le reste de l’année, l’évolution de la vaccination et des décisions gouvernementales seront à surveiller.
Pour plus de détails sur votre région, consultez le rapport « Tendances des mauvaises créances au 4e trimestre de 2020 — JLR ».
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