Montréal est une ville plus ancienne que Toronto et Vancouver. Ses quartiers centraux — comme le Plateau-Mont-Royal — ont été construits au début du 20e siècle, avant l’usage répandu de la voiture. (Photo: Bialons pour Unsplash)
BLOGUE INVITÉ. Pourquoi l’immobilier est-il moins cher à Montréal? Ma réponse risque de vous surprendre.
Tout d’abord, les experts identifient plusieurs raisons à cela: les salaires moins élevés, il y a moins d’acheteurs étrangers, l’héritage catholique, etc.
La plupart des spécialistes oublient toutefois de mentionner une des plus importantes raisons: les règles d’urbanisme. En effet, le nombre de terrains dans une grande ville est limité et le zonage façonne une ville. À Toronto, seules des unifamiliales peuvent être construites pour 62,3% de la superficie de terrains résidentiels de la Ville-Reine. À Calgary, c’est 67,2% et à Edmonton, et 69,3%. À Vancouver, c’est 80,5%! Et à Montréal, c’est 45,8%!
Vancouver permet depuis peu la conversion d’une unifamiliale en duplex. Cela aura toutefois peu d’impact. Dans toutes ces villes — sauf Montréal —, il n’y a essentiellement que des tours et des unifamiliales. Il y a relativement peu de plex ou de multilogements. Beaucoup de gens veulent vivre à Vancouver, mais l’offre est limitée sévèrement par le zonage. C’est la raison pour laquelle Vancouver est la ville la plus chère au pays.
Montréal est une ville plus ancienne que Toronto et Vancouver. Ses quartiers centraux — comme le Plateau-Mont-Royal — ont été construits au début du 20e siècle, avant l’usage répandu de la voiture. C’est l’instauration du tramway qui a favorisé le développement du Plateau. Dans les quartiers construits après la Deuxième Guerre mondiale, on retrouve sans surprise beaucoup plus d’unifamiliales (dans la ville de Mont-Royal, Saint-Léonard et Lasalle, par exemple) et les plex ont souvent des garages.
Bien que Montréal soit inspirée de l’Europe pour ses plex, elle s’y distingue. Chaque logement d’un plex a sa propre porte, avec ses escaliers extérieurs emblématiques. En Europe, il y a une seule porte d’entrée et les escaliers sont à l’intérieur. La ville voulait éviter d’avoir des bâtiments trop près de la rue, ce qui a réduit la quantité de chaque lot sur lequel des bâtiments pouvaient être construits. Alors pour gagner de la place, les constructeurs ont choisi d’emprunter les escaliers menant aux appartements à l’extérieur de l’immeuble. Ne pas avoir d’escalier intérieur réduit la quantité d’espace inutile à chauffer pendant l’hiver.
Je vous invite à faire un petit exercice simpliste de densification d’une ville :
- Une ville avec seulement des unifamiliales offre 1 000 000 logements.
- Cette ville remplace 600 000 unifamiliales par 600 000 triplex, elle offre donc 2 400 000 logements.
Il n’y a presque pas de terrains libres dans une ville. Pour augmenter la densité, il faut permettre la construction d’immeubles autre que des unifamiliales. En mai 2021, la Banque Scotia a publié un rapport disant que l’offre de logements au Canada était la plus basse des pays du G7, ce qui pousse les prix vers le haut. Il faut construire plus de logements, mais malheureusement il est souvent difficile de densifier.
Le zonage restreint artificiellement l’offre de logements et constitue une manière pernicieuse d’augmenter les prix. Montréal est en bien meilleure position que les autres villes. Pour la différence de prix entre Montréal, Toronto et Vancouver, est-ce que le zonage est la principale raison de l’écart ? Il est difficile d’en être certain à 100%, mais il s’agit d’un des principaux facteurs.
Montréal sera toujours celle qui aura relativement l’offre la plus élevée de logements à louer. Et c’est pour cela que les loyers resteront toujours plus bas qu’ailleurs.
Pour un investisseur immobilier, les plex et les multilogements sont un vaste marché à Montréal.