La réalité, c’est qu’il n’y a aucun avantage à être loyal à son prêteur hypothécaire. (Photo: 123RF)
BLOGUE INVITÉ. Si vous vous apprêtez à renouveler votre hypothèque sans prendre les quelques minutes nécessaires pour évaluer l’offre de taux à votre disposition sur le marché, c’est sans doute que vous aimez perdre de l’argent.
Pas moi.
Chaque fois que c’est possible, je renégocie mon forfait de téléphone et internet. J’utilise des applications pour louer des autos ou acheter des billets d’avion au rabais. À l’épicerie, je choisis les aubaines et les marques maison moins chères.
Comme beaucoup de gens, je cherche à épargner sur mes achats courants. Surtout dans un contexte inflationniste comme celui que nous connaissons.
Vous devinez donc que je m’arrache les cheveux lorsque je constate qu’aussi peu de gens se donnent la peine de magasiner leurs taux au moment de renouveler leurs hypothèques. En particulier cette année!
Hausse de taux
À moins de vivre sous une roche, vous avez constaté la hausse fulgurante des taux d’intérêt dans les derniers mois. Si vous avez une marge de crédit hypothécaire ou une hypothèque à taux variable, il est probable que votre taux ait doublé, voire triplé dans la dernière année.
C’est le genre de différence qui se fera sentir au quotidien dans les ménages et qui aura un impact direct sur votre pouvoir d’achat. Surtout si votre prêt arrive à échéance ou que votre taux est variable.
D’où mon incrédulité quand des propriétaires se fient à leur institution financière pour obtenir le meilleur taux disponible. Parce que la réalité, c’est qu’il n’y a aucun avantage à être loyal à son prêteur.
Comme à l’épicerie, où vous devez prouver, circulaire en main, que vous avez déniché des biscuits moins chers ailleurs pour obtenir le même bas prix, le fardeau de trouver le meilleur taux revient toujours au client.
Le parallèle avec l’épicerie s’arrête toutefois là. Parce que ne pas prendre le temps de faire l’exercice de comparaison des différentes offres pourrait vous coûter pas mal plus cher qu’un rabais sur un paquet de biscuits. Si bien que vous risquez alors de non seulement vous passionner pour les circulaires, mais aussi de repousser l’achat d’électroménagers, d’une voiture ou même éliminer des projets qui vous tiennent à cœur.
(C’est par ailleurs ce que souhaite la Banque du Canada en rehaussant son taux directeur: diminuer l’accès au crédit pour réduire la demande par rapport à l’offre et faire baisser l’inflation.)
Impact
Juste au cas où vous ne seriez pas encore convaincus, illustrons rapidement l’effet de cette hausse sur votre vie réelle.
Si vous aviez une hypothèque de 300 000$ en 2018 et que celle-ci était à un taux de 2,5%, votre paiement mensuel avoisinait 1343$ (remboursement du capital et intérêts). Pour le renouvellement de votre hypothèque (dont la balance devait être de 254 000$), au taux actuel de 5,69% (tel qu’annoncé par plusieurs banques en ligne aujourd’hui), vos paiements passeraient à 1765$.
Dans ce contexte, si vous pouviez sauver encore 1% en deçà de ce que vous offre votre prêteur actuel, vous pourriez dégager une marge considérable de fonds et réduire les effets de la hausse sur votre train de vie.
C’est le genre de réduction à laquelle vous pouvez vous attendre en prenant le temps de magasiner et de comparer l’offre. Mieux encore, en répondant à des questionnaires, vous risquez de recevoir des appels de représentants d’institutions financières ou de courtiers qui vous offriront encore mieux que ce qui est affiché en ligne.
Que donnerait donc ce fameux 1% de différence pour votre prêt qui est désormais de 254 000$ après cinq ans à un taux plus favorable?
Eh bien, avec un taux actuel à 4,69% au lieu de 5,69%, vous épargnez 1668$ sur une année et 8340$ sur cinq ans. Tout ça, en prenant une heure pour magasiner un peu!
Honnêtement, je le répète, je ne comprends pas le désengagement massif des propriétaires au moment de renouveler leur hypothèque. Même quand les taux sont faibles, les économies à faire sont trop importantes pour les ignorer.
Libertinage encouragé
Je saisis cependant quels sont les ressorts psychologiques qui se cachent derrière tout ça: les banques dépensent des sommes considérables en publicité pour rassurer leurs clients et les inciter à demeurer dans leur giron. Les clients, eux, n’ont pas très envie d’avoir à disperser leurs transactions dans plusieurs institutions. Mais la réalité, c’est que c’est un jeu d’enfant de déménager son hypothèque, de programmer des transferts de fonds vers un compte externe, et qu’il n’y a aucune raison de rester avec la même institution financière sans aller voir ailleurs s’il y a mieux.
C’est le genre de libertinage que j’encourage fortement, parce qu’il ne comprend que des avantages. Vous pourrez toujours revenir vers votre institution actuelle avec les propositions qu’on vous a faites et leur donner la chance de vous offrir le même taux.
Après tout, qu’ont-ils fait pour mériter d’être mieux payés (les intérêts) pour exactement le même service (le prêt)? C’est eux qui encaissent votre argent. Vous êtes un client. Comme à l’épicerie. Comme pour acheter des billets d’avion ou louer des voitures.
Il vous restera ensuite à voir si vous souhaitez fixer ce taux et pour quelle période, selon que vous estimiez que la hausse a atteint son apogée et aussi selon votre tolérance au risque d’une autre augmentation.
Évidemment, vous pouvez toujours, tout simplement, renouveler votre prêt en faisant confiance à votre prêteur actuel.
Mais si j’avais à choisir, j’aimerais encore mieux prendre cet argent économisé grâce au magasinage et le donner à une œuvre de charité qui en a visiblement plus besoin. Ou le placer pour ensuite aider vos enfants ou petits-enfants avec leurs études ou l’achat d’une première propriété.
Au moins, cet argent ne serait pas perdu.
Alors, pour une dernière fois: par pitié, magasinez!
À noter : ce qui précède sont mes opinions et expériences personnelles et non la position de nesto Expert hypothécaire. Je ne suis pas un courtier hypothécaire ou immobilier agréé.