Âgé de 35 ans, le technicien en travail social dans le milieu scolaire mise sur un FNB à dividendes élevés afin de devenir indépendant financièrement. (Photo: courtoisie)
PLEINS FEUX SUR MON CELI. Originaire de Rimouski, ce technicien en travail social d’une trentaine d’années a appris tôt la dure réalité de la vie pour les personnes plus démunies.
Il admet qu’à vivre en coopérative et à s’approvisionner dans les banques alimentaires, une personne apprend très vite la valeur des choses et l’importance d’avoir de l’argent. « Mon côté économe me vient de mon enfance comme enfant unique d’une mère monoparentale qui, malgré l’adversité, s’est toujours assurée que nous ne manquions de rien. »
Aujourd’hui, il se qualifie de très épargnant, mais à deux vitesses. « Mes amis me perçoivent comme radin — c’est un gag entre nous —, sauf que je peux rouler en Bixi pour couper le plus possible dans mes dépenses et en même temps dépenser 245 $ pour un oreiller de luxe. Cela dit, j’achète toujours au rabais. »
N’ayant pas la bosse des mathématiques, le jeune étudiant s’oriente vers les sciences sociales, en psychosociologie et en études religieuses.
Ce n’est qu’au tournant de la trentaine que la mouche des finances personnelles le pique et qu’il s’intéresse au mouvement FIRE (Financial Independance Retire Early, que l’on pourrait traduire par Indépendance financière, retraite précoce), qui regroupe des investisseurs qui aspirent à l’indépendance financière à un jeune âge. « J’ai dû lire depuis plus de 1000 pages sur le sujet. » Il a entre autres épluché les bouquins de Nicolas Bérubé, de Pierre-Yves McSween et de Jean-Sébastien Pilote. Il est aussi abonné à plusieurs groupes Facebook sur l’investissement.
En rétrospective, il croit que l’un de ses bons coups durant la vingtaine aura été d’avoir payé rapidement ses dettes d’études. « J’ai remboursé en deux temps, après mon cégep et après mon baccalauréat. » Ne pas avoir de voiture (ni de permis de conduire) l’a aidé à renflouer ses coffres. « Je roule en vélo et je fais du covoiturage. »
Il dit quand même regretter de n’avoir pas investi son argent au lieu de le laisser poireauter dans un simple compte en banque. « Le fait d’investir dans des produits financiers avec des frais de gestion monstrueusement inutiles a aussi été une erreur. »
Sa bonne décision ? Avoir choisi d’investir par lui-même. « Je gère les deux tiers de mon portefeuille d’une valeur totale de 95 000 $ (incluant son CELIAPP et son REER). » Il a opté pour la gestion passive et se concentre sur les fonds négociés en Bourse (FNB). Pour son CELI, son FNB en est un qui verse des dividendes. « Je réinvestis tous les dividendes que je perçois. » Il admet n’avoir pas complètement finalisé sa stratégie d’investissement.
« J’ai toujours mené ma vie à l’instinct. Je me cherche un coach financier. Certains se magasinent un coach de mise en forme. Pour moi, ce sera un coach d’argent ! »
Il aimerait à court terme gérer l’ensemble de son portefeuille. Son but ultime : devenir indépendant financièrement. « Je veux me donner le pouvoir de dire non. »
Aux investisseurs en devenir, il recommande de prendre le temps de se renseigner avant d’agir. « Car investir ce n’est pas un sprint, mais un marathon. »
Dans l’œil du pro
« Paradoxalement, c’est son parcours de vie qui lui aura permis d’apprendre la valeur de l’argent à un jeune âge et de comprendre que l’épargne peut lui procurer des options intéressantes à long terme », observe Simon Houle, gestionnaire de portefeuille pour le groupe Onyx, à iA Gestion privée de patrimoine. « Des gens avec d’autres cheminements, qui ont profité de plus de richesse en grandissant, tardent bien souvent à comprendre de simples notions de finances personnelles. Ce n’est pas son cas. »
Simon Houle encourage l’investisseur à continuer à s’instruire sur l’investissement. « Quand on a l’objectif de devenir financièrement indépendant et de gérer ses avoirs, c’est une habitude qu’on doit conserver pour le reste de sa vie. On doit constamment se mettre à jour. »
Le gestionnaire croit que viser l’indépendance financière (le « FI » de FIRE) est une mission qu’on doit tous se donner. « C’est se faire le cadeau d’une liberté et d’une vie qui nous ressemble. » Il n’est cependant pas friand de la portion « RE », Retire Early. « Viser l’équilibre me semble être plus sain et pertinent. Si on n’aime pas son emploi, on peut en trouver un autre qui nous ressemble ou on peut trouver une certaine sérénité à son compte, comme travailleur autonome ou entrepreneur. »
Le gestionnaire aime les bas frais de gestion du FNB choisi par l’investisseur. « À 0,22 %, c’est beaucoup plus bas qu’un fonds commun de placement, ce qui est intéressant pour un investisseur autonome. » Il observe toutefois que le FNB est concentré exclusivement au Canada. « Ça manque de diversification géographique. » Le FNB est aussi concentré à 55 % dans le secteur des services financiers. « En se limitant exclusivement aux titres à dividendes canadiens, il se prive de secteurs avec davantage de croissance, comme celui des technologies. »