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Ma retraite approche… comment réduire l’impact de l’inflation?

Institut de planification financière|Publié le 09 juillet 2021

Ma retraite approche… comment réduire l’impact de l’inflation?

Si, à court terme, on peut compenser une hausse des prix par une réduction de certaines dépenses, qu’en est-il d’une hausse des prix qui persiste? (Photo: 123RF)

EXPERT INVITÉ. Si vous faites l’épicerie ou de menus travaux de rénovation, vous comprenez assurément les concepts de base de l’inflation. Surtout en cette année particulière où tout semble coûter plus cher. Est-ce une tendance lourde ou simplement un effet passager, le temps que l’économie revienne à la normale? Les opinions varient.

Mais si, à court terme, on peut compenser une hausse des prix par une réduction de certaines dépenses, qu’en est-il d’une hausse des prix qui persiste? Et quel impact aura-t-elle sur nos retraites?

Quand j’aborde le sujet de la longévité, parce qu’après tout, plusieurs d’entre nous vivront 30 ou 35 ans à la retraite, très peu ont tenté de chiffrer l’effet dévastateur que peut avoir l’inflation à long terme et encore moins comment s’y protéger.

D’abord, voici quelques concepts pour comprendre l’impact de l’inflation à long terme :

 

  • Ce qui coûte aujourd’hui 1 000$ coûtera 1 486$ dans 20 ans avec un taux d’inflation de 2% par année. Mais avec un taux d’inflation de 4%, ce même bien coûtera plutôt 2 191$.
  • Même si vous avez la chance de bénéficier d’un régime de pension à prestations déterminées indexé (dont la valeur augmente en fonction de l’inflation), il faut savoir qu’une augmentation de votre rente de 2%, par exemple, est imposable. Cette augmentation, en dollars nets, ne suivra pas nécessairement l’augmentation de votre coût de vie. Il en va de même pour les rentes gouvernementales.
  • L’Indice des prix à la consommation (IPC) publié par Statistique Canada représente l’augmentation des prix d’un panier de biens et services qui ne seront pas nécessairement les mêmes biens et services que vous consommerez à la retraite. Votre réalité pourrait être bien différente qu’une simple statistique.

 

On voit donc qu’une planification de retraite rigoureuse, même en prenant soin de retenir des hypothèses qui nous semblent plausibles, peut être affectée négativement par une hausse des prix à long terme. Mais comment contrer les effets de ce risque?

 

Se protéger des impacts de l’inflation

Il serait facile de dire «Mettez plus d’argent de côté tous les mois pendant que vous travaillez, au cas où». Oui, c’est une bonne stratégie, mais dans la vraie vie, les dépenses pour la famille, les vacances, la maison et les besoins essentiels nous suivent et sont également sujettes à la hausse des prix. Ce n’est pas toujours évident, j’en conviens. Mais si c’est possible, pourquoi pas?

Une autre façon de se protéger partiellement est de tout faire pour maximiser les rentes gouvernementales. En effet, non seulement elles seront bonifiées si vous les prenez plus tard (attention à la rente du Régime de rentes du Québec (RRQ), ce n’est pas toujours si avantageux), mais étant indexées, leur croissance sur 10, 20 ou 30 ans sera encore plus importante.

Trop souvent, je vois des retraités demander la rente du RRQ dès 60 ans sans avoir pris soin d’en évaluer les impacts et ainsi renoncer à des milliers de dollars en revenus futurs. Saviez-vous que le maximum à 60 ans est de 773,29$ par mois, mais qu’à 61 ans, il est de 860,28$? Cela représente une augmentation de 11,2%, juste pour avoir attendu un an. Pas mal pour une rente à vie indexée!

Une stratégie supplémentaire qui peut aider à réduire la perte éventuelle de votre pouvoir d’achat est de bien diversifier vos placements. Il m’arrive encore de rencontrer des gens qui se limitent à des investissements en titres garantis avec date d’échéance. À première vue, il est vrai que votre institution financière garantit votre capital, mais si votre rendement est de 1%, votre rendement réel sera négatif dès que l’inflation dépassera ce taux. Cette illusion de sécurité a plutôt comme effet de gruger sur votre capacité à suivre la hausse des prix et donc, de vous appauvrir.

On peut s’attendre à des rendements dépassant l’inflation avec d’autres classes d’actifs si l’horizon est à long terme. D’ailleurs, les Normes d’hypothèse de projection 2021 de l’Institut québécois de planification financière (IQPF) et de FP Canada suggèrent d’utiliser, dans nos projections, des rendements avant frais qui dépassent l’inflation pour toutes les classes d’actifs.

L’immobilier peut aussi aider. Si le débat à savoir s’il est préférable d’acheter ou louer suscite encore bien des discussions, il n’en demeure pas moins qu’historiquement, l’augmentation de la valeur des propriétés au Québec a dépassé l’IPC. Et en plus, lorsque vous vendrez, aucun impôt ne sera exigé s’il s’agit, bien sûr, de votre résidence principale. Je sais que plusieurs diront qu’il est mathématiquement plus avantageux de louer à la condition d’investir mensuellement l’écart entre les coûts liés à la propriété et le loyer, mais… le feriez-vous pendant 25 ans si vous étiez locataire?

Se protéger contre l’inflation n’est pas évident, et personne ne peut prétendre connaître la solution hors de tout doute. Mais je demeure persuadé qu’en révisant périodiquement votre plan de retraite à long terme avec un planificateur financier, vous serez en mesure d’apporter les ajustements qui s’imposent. Aussi, la plupart d’entre eux utilisent des logiciels performants qui permettent de voir instantanément l’impact d’un changement au taux d’inflation sur la capacité à maintenir le niveau de vie, ce qui peut être intéressant.

 

André Lacasse, Pl. Fin., MBA