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Marjolaine Hudon: « Nous faisons une différence dans la vie des gens»

Denis Lalonde|Édition de la mi‑novembre 2024

Marjolaine Hudon: « Nous faisons une différence dans la vie des gens»

Marjolaine Hudon (Photo: Martin Flamand)

TÊTE-À-TÊTE. Après plus de 30 ans à gravir les échelons à l’intérieur de l’organigramme de la Banque Royale (RBC), Marjolaine Hudon a été nommée présidente de l’institution financière au Québec en juillet dernier et est entrée en poste au début du mois de septembre. Ce retour au bercail après un séjour d’une dizaine d’années en Alberta et en Ontario, la principale intéressée, native de Montréal, dit le vivre « comme un rêve ».

Depuis votre arrivée à la Banque Royale en 1991, comment a évolué le rôle de banquier selon vous ?

Marjolaine Hudon: Quand j’ai amorcé ma carrière à la banque, il n’y avait qu’une femme au sein de la haute direction et je ne parlais pas anglais, alors je n’ai jamais pensé qu’un jour, j’allais devenir la présidente de la société au Québec !

Aujourd’hui, près de 50 % des postes de direction sont occupés par des femmes dans toute la société. Ça permet à plus de femmes de rêver d’être banquières.

Je trouve aussi que les banquiers sont de plus en plus humains. On n’a pas le choix d’être à l’écoute de nos clients et de les épauler dans leurs décisions.

Je n’ai jamais rêvé d’être banquière. Au début de ma carrière, je pensais que les banquiers n’étaient pas accessibles et ne partageaient pas mes valeurs.

Je me rends compte que ce rôle, aujourd’hui plus que jamais, c’est d’aider le monde. C’est ce que je voulais faire il y a 30 ans et c’est ce que je fais depuis 30 ans.

Le métier a toutefois évolué. Même le poste de président régional, je me rappelle que je ne le connaissais même pas à l’époque. Je pense que je suis beaucoup plus accessible. Il y a eu un aplanissement de la hiérarchie, aucun doute là-dessus.

Lorsqu’un politicien est élu, on parle souvent du bilan de ses 100 premiers jours en poste. Quelles ont été vos priorités pour ces 100 premiers jours à titre de présidente de RBC au Québec ?

Marjolaine Hudon: J’ai voulu aller à la rencontre des gens. Ça, c’est évident. Je suis allée sur la route pour rencontrer nos clients et les gens dans les collectivités. C’est la même chose au chapitre des équipes aussi. Je veux connaître mon monde, je veux savoir encore là ce que je peux faire pour les aider, comment faire rayonner encore plus RBC au Québec.

Mes journées sont chargées, mais j’adore ça, je carbure à ça.

J’ai occupé plusieurs postes de gestionnaire au cours de ma carrière, mais quand on a parlé du poste de présidente régionale, j’ai accepté justement pour ça : être directement en contact avec les clients et les équipes.

Ce n’est pas seulement un objectif de début de mandat. Je suis une fille de terrain et ça ne changera pas.

Qu’est-ce que l’acquisition des activités canadiennes de HSBC change pour votre clientèle québécoise ?

Marjolaine Hudon: On a encore plus de produits à offrir. On est capable de soutenir davantage les entreprises qui ont des rêves à l’international. C’est ça, HSBC Canada. C’est ce qui nous a permis de devenir la banque au Canada qui peut offrir des services financiers à l’international.

C’est un créneau qu’on n’avait pas avant, mais qu’on a maintenant, avec une équipe vraiment talentueuse. Donc, c’est ce que ça change pour nous au Québec.

Quel accent voulez-vous mettre sur les services aux dirigeants d’entreprises ?

Marjolaine Hudon: Premièrement, chaque entrepreneur est différent. C’est important pour nous de les connaître, d’aller à leur rencontre. C’est certain qu’on peut aider tous les types d’entrepreneurs, tant dans la petite et moyenne que dans la grande entreprise.

Encore là, ça revient au fait que je veux être sûre que les gens connaissent bien l’éventail de nos services et comment on peut répondre à leurs besoins, peu importe lesquels.

On peut aussi leur offrir des services personnels, comme la gestion de patrimoine. Nous pouvons donc gérer les besoins personnels et professionnels en un seul endroit.

On a notre équipe de risque qui est basée ici au Québec et qui analyse nos dossiers de crédit. C’est peut-être quelque chose que les gens ignorent, mais on a nos équipes ici qui prennent les décisions pour bien accompagner nos clients.

On n’a pas besoin d’aller à Toronto pour prendre les décisions. C’est un atout de détenir un pouvoir décisionnel ici, sur place, pour bien connaître la réalité des entrepreneurs de la province.

Quels défis avez-vous à relever de ce côté ?

Marjolaine Hudon: Je ne vois pas nécessairement de défis. C’est juste de nous assurer qu’on va à la rencontre de ces gens-là et de nous assurer qu’ils connaissent bien l’entreprise.

Pour moi, ce n’est même pas un défi parce que je pense qu’on a une bonne présence au Québec. Nous devons continuer dans cette voie.

Encore là, avec l’acquisition de HSBC Canada, on est à présent en mesure de répondre aux besoins de tout type d’entrepreneur à l’international.

Voyez-vous le Québec gagner en importance dans les activités canadiennes de RBC ?

Marjolaine Hudon: Ce qui me fascine en rentrant ici, au Québec, c’est d’avoir une équipe engagée. Ils sont talentueux, ils ont envie d’agir concrètement dans la vie des gens.

Quand le président de la banque te regarde dans les yeux et dit « Le Québec est important pour RBC », là, ce n’est pas juste des paroles en l’air. Dave McKay, notre président et chef de la direction, vient de Montréal, tout comme notre présidente du conseil d’administration, Jacynthe Côté.

Nos hauts dirigeants comprennent bien la réalité du Québec.

Depuis mon retour au Québec, j’ai rencontré beaucoup d’entrepreneurs et je suis renversée de voir comment les gens voient grand, comment ils ont le goût de changer les choses.

Quelle philosophie aimeriez-vous inculquer aux 7500 employés de RBC à travers le Québec ?

Marjolaine Hudon: Nous ne sommes pas seulement des banquiers. Nous agissons dans la vie des gens. Je travaille avec cet état d’esprit.

Notre raison d’être, c’est que nos clients réussissent et que nos communautés prospèrent, et je pense que nos équipes le comprennent bien.

Je suis une leader authentique. J’ai toujours donné mon 200 % pour accomplir les mandats qui m’ont été confiés. Je connais bien la haute direction au siège social et j’ai leur écoute. J’ai travaillé dans plusieurs parties de l’entreprise et je connais bien la réalité des équipes en succursale.

La concurrence des banques présentes uniquement en ligne est-elle une menace pour RBC ?

Marjolaine Hudon: On est une banque relationnelle avec un aspect numérique. Alors c’est sûr et certain que nous avons besoin de pouvoir répondre aux besoins de nos clients qui veulent des services en ligne.

En même temps, on sait que d’autres clients ont besoin aussi de parler avec quelqu’un et on est là pour ça aussi. Cette vision-là, on l’a toujours eue et on va continuer de l’avoir.

Des rencontres virtuelles, on l’a fait beaucoup pendant la pandémie. On n’avait pas le choix. C’est toujours possible.

Si on parle des succursales qui sont en régions éloignées, on a beaucoup de gens qui vont faire des rencontres virtuelles pour répondre aux clients qui en ont besoin et qui ne sont pas à proximité d’une succursale. On continue dans cette voie-là.

Nous voulons continuer de miser sur un mélange de conseils en ligne et en personne pour offrir des services à valeur ajoutée.

Qu’aimeriez-vous avoir accompli d’ici cinq ans ?

Marjolaine Hudon: Je veux être sûre que les gens comprennent que derrière le logo, il y a un grand cœur.

Il y a une entreprise qui veut changer les choses auprès des clients en étant aussi près de la communauté. RBC redistribue 1 % de ses profits après impôts dans la communauté.

Je veux aussi continuer à travailler en étroite collaboration avec les équipes, développer notre monde, et m’assurer qu’ils se sentent bien quand ils viennent au travail et qu’ils sentent qu’ils agissent concrètement dans la vie des gens.

Je dis souvent aux équipes qu’on n’est pas juste banquiers. On ignore l’effet de nos conseils dans la vie des gens pour les aider à réaliser leur rêve d’avoir un toit, ou de penser à leur retraite ou au financement des études universitaires de leurs enfants.

C’est valorisant et c’est enrichissant comme travail. C’est ce que je me suis donné comme mandat, de m’assurer que les équipes comprennent bien le rôle important qu’ils jouent pour aider leurs voisins.

Dans un monde complexe comme on vit aujourd’hui, si ça peut être notre petite contribution à faire en sorte que le monde soit meilleur, moi, c’est ce que je me suis donné comme mandat.