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Le CELI de Véronique Bonenfant: elle persiste et signe

Jean Décary|Publié le 08 avril 2022

Le CELI de Véronique Bonenfant: elle persiste et signe

Véronique Bonenfant dit avoir eu un parcours assez atypique en investissement, à l’image de bien des choses dans sa vie personnelle et professionnelle. (Photo: courtoisie)

PLEINS FEUX SUR MON CELI est une rubrique où des investisseurs individuels partagent avec nous leurs bons et mauvais coups en investissement tout en soumettant leur portefeuille à l’analyse d’un pro.


(Illustration: Camille Charbonneau)

 

Âge : 41 ans

Occupation : inspectrice municipale

Valeur du CELI : 53 765 $

Stratégie : FNB + un titre individuel

Bon coup : avoir toujours été économe et curieuse

Mauvais coup : avoir longtemps tardé avant d’investir

Objectif : avoir plus de flexibilité financière

Son conseil à l’investisseur qui commence : « s’occuper de ses avoirs, c’est valorisant »

 

« J’ai eu un parcours assez atypique en investissement, à l’image de bien des choses dans ma vie personnelle et professionnelle », dit cette Gaspéenne d’origine. Après des études en technique juridique à Québec, elle va travailler dans des cabinets privés en Gaspésie, dont notamment pour un juge à Percé, avant de se poser définitivement dans sa ville natale de Gaspé. « J’ai commencé à la Ville comme préposée à l’accueil, puis après mon cours, j’ai gravi les échelons et je suis devenue inspectrice municipale. »

Elle a toujours aimé les chiffres (et l’argent – « je le dis sans gêne ») et croit qu’elle tient cela de sa mère, qui calculait tout. « À la maison, il y avait toujours des bouts de papier noircis de calculs. C’est aussi elle qui tenait les livres du commerce de mon père. » Lors de ses années d’études, elle se rappelle avoir utilisé un système d’enveloppes pour gérer ses différents postes budgétaires: « une pour le téléphone, une pour la nourriture, l’autre pour le loyer. »

« J’ai toujours vécu en deçà de mes moyens », dit celle qui ne change rien à son train de vie même quand surviennent des hausses de salaire. « Depuis le début de la pandémie, je fais même de l’hyper-épargne. Je parviens à économiser de 40 à 45% de mon salaire. » Devant ses prouesses d’épargnantes, son frère l’a même affublée amicalement du surnom de « El Cheapo ». Elle en rigole au téléphone et apporte une nuance souvent occultée au sujet des gens économes : « Acheter au rabais ou prévoir pour ses vieux jours ne veut pas dire qu’on est radins. Au contraire, les épargnants sont souvent généreux, car ils peuvent se le permettre. »

L’ouverture de son CELI sera pour elle un véritable chemin de croix – en trois actes. Il faut dire que la chute abrupte des marchés en 2008 avait déjà refroidi ses ardeurs d’investisseuse. « J’avais demandé à mon conseiller de liquider mes placements dans mon REER. » Elle va quand même tenter l’expérience du CELI l’année suivante, lors de sa création en 2009, mais l’utilisera comme un compte d’épargne à opérations courantes. « J’avais mal compris le concept et j’ai fini par recevoir un avis de l’Agence du revenu du Canada pour excès de cotisation. » Cet imbroglio l’incite à fermer son CELI.

Échaudée par son expérience, elle va attendre jusqu’en 2017 pour rouvrir de nouveau un CELI, cette fois dans un compte de courtage. Une connaissance va lui parler d’une entreprise avec du potentiel, Quest Rare Minerals. « Ma troisième claque. J’ai investi quelques milliers de dollars et trois semaines plus tard ça ne valait plus rien! » C’est à ce moment qu’elle prend un pas de recul et se met à la lecture et à la recherche. « J’ai lu les classiques québécois. Les livres de Pierre-Yves McSween, de Fabien Major et de Nicolas Bérubé. » Elle consultera aussi assidûment les blogues de Retraite 101, de Dividendes et FNB et de Jeune Retraité.

En mars 2020, quand survient le krach pandémique, elle est assise sur un bon pactole. «J’avais plus de 40 000$ prêts à être déployés et j’étais mieux préparée.» Pour son retour, elle table sur les fonds négociés en bourse. « Je ne pouvais pas faire pire que le marché », se dit-elle. À l’aide des FNB de la banque BMO, elle va acheter des participations dans les principaux indices du marché américain : le S&P 500, le Nasdaq et le vieil indice du Dow Jones. Elle prend aussi une position dans son seul titre individuel, Air Canada (AC, 22,97$). « Mon raisonnement était que l’action ne pouvait que rebondir avec la reprise du trafic aérien. »

Véronique Bonenfant, qui compte sur une bonne caisse de retraite au travail, affirme être investie pour le long terme. «Le seul écart que je me permettrais serait de financer un congé sans solde pour aller taquiner le Bonefish à Cuba», dit cette pêcheuse à la mouche.

 

 

Dans l’œil d’un pro

Le président de Placements Idema, Ian Gascon, croit qu’elle a fait le bon choix d’opter pour des FNB indiciels qui sont des outils de placement à bas frais de gestion. Il salue aussi sa résilience, son côté économe et le fait qu’elle soit motivée d’en apprendre plus sur l’investissement. Il émet cependant une mise en garde : « Ce n’est pas parce que ce sont des FNB qu’ils sont nécessairement de bonnes solutions de placement. Il faut aussi savoir les choisir correctement. »

Il note que l’investisseuse a nettement un «biais» pour le marché de l’Oncle Sam, avec près de 85% du portefeuille en actions américaines. « Ça m’apparaît beaucoup trop, car ça revient à parier sur ce marché en particulier. » Il lui suggère de se diversifier dans plusieurs classes d’actifs (actions internationales, canadiennes, titres à revenu fixe, etc.) qui ne seront pas trop corrélés entre eux. « Les FNB qu’elle détient – composés essentiellement de titres de grosses capitalisations – vont peut-être avoir une corrélation d’environ 98-99%, quelque chose d’extrêmement élevé. »

Ian Gascon prône une meilleure diversification et s’interroge aussi sur la pertinence de détenir le titre individuel d’Air Canada. « Ça détonne un peu dans le portefeuille et ça représente un risque plus important même si elle peut probablement le tolérer. » Il croit en revanche que l’ajout d’une portion obligataire pourrait venir stabiliser davantage son portefeuille. « Il faut cependant bien choisir son exposition en revenu fixe, encore là il y a différentes classes d’actifs et de risque. »

Il remarque par ailleurs que l’investisseuse a opté pour deux fonds du S&P 500, dont un qui (Hedged) offre une protection contre le risque de devise. Ian Gascon a écrit plusieurs articles à ce sujet. « En résumé je dirais que c’est généralement avantageux pour un investisseur canadien de ne pas être couvert pour la devise lorsqu’on investit à l’international. Ça vient limiter la volatilité du portefeuille. »

Le gestionnaire de portefeuille croit qu’elle pourrait, entre autres, considérer la possibilité d’investir dans des FNB tout-en-un, qui sont finalement des fonds dans un fonds. Plusieurs de ces produits offrent une diversité accrue et même une exposition aux titres à revenu fixe. « Une meilleure diversification dans plusieurs classes d’actifs va diminuer la volatilité dans tous les environnements de marché. Cela va aussi favoriser des rendements plus stables et lui éviter de prendre des décisions impulsives. »

 

Si vous souhaitez vous aussi partager avec les lecteurs de Les Affaires votre stratégie d’investissement dans votre CELI et faire analyser votre portefeuille par un pro, écrivez-nous à denis.lalonde@groupecontex.ca

 

Le CELI de Véronique Bonenfant (valeur approximative de 53 765$)

Titres Symboles % du total
FNB indiciel BMO S&P 500 ZSP.TO 37%
FNB indiciel BMO S&P 500 couvert en dollars canadiens ZUE.TO 24%
FNB indiciel BMO actions du Nasdaq 100 couvertes en dollars canadiens ZQQ.TO 14%
Air Canada AC.TO 11%
FNB indiciel BMO Moyenne industrielle Dow Jones couverte en dollars canadiens ZDJ.TO 9%
Espèces *** 5%
Total *** 100%