Savoir comment gérer les fluctuations de prix est au moins aussi important que choisir le bon placement. (Photo: 123RF)
Les marchés financiers traversent une des périodes les plus difficiles de l’histoire récente. Les investisseurs doivent se débattre entre l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la crise énergétique, la poussée inflationniste et la hausse des taux d’intérêt.
Actions ou obligations, les rendements depuis le 1er janvier sont uniformément négatifs
En 2022, l’Indice Morningstar Marchés mondiaux RT a chuté de 10,4%, alors que l’Indice Morningstar Europe RT a perdu 17,7%, l’Indice Morningstar Canada 13,55% et l’Indice Morningstar Marchés émergents 13%. Toutes les places boursières internationales ont subi des pertes considérables.
Les obligations, traditionnellement considérées comme des valeurs refuges, ont été encore plus malmenées : l’Indice Morningstar Obligations de base zone euro, par exemple, a perdu 15% de sa valeur depuis le début de l’année.
Pour la première fois depuis 1994, les vagues de liquidations ont frappé les actions et les obligations en même temps, et le fidèle portefeuille 60/40, depuis longtemps pierre angulaire de la diversification, a traversé une de ses pires périodes historiques.
Cette année, les marchés ont aussi subi une plus grande volatilité des actions dans les deux sens, avec des mouvements brusques vers le haut ou vers le bas (jusqu’à présent en 2022, le S&P 500 a connu 14 jours avec des mouvements de plus de 2%, dont l’amplitude pendant cette décennie n’a été dépassée qu’en 2020), ce qui tend habituellement à signaler qu’il y a encore de la volatilité en réserve pour les actions.
Comment ne pas perdre la tête quand tout le monde autour de vous est en train de la perdre?
Quand on est confronté à ce type de scénario, la chose la plus importante (et la plus difficile) est de garder son sang-froid.
Savoir comment gérer les fluctuations de prix est au moins aussi important que choisir le bon placement. Pour être honnête, la plupart des investisseurs sont incapables de porter un jugement objectif sur leur tolérance au risque; ils s’avèrent habituellement plus résilients au risque en périodes fastes, et y deviennent subitement hostiles après des périodes de pertes soutenues comme celle que nous avons récemment connue.
Se concentrer sur des mouvements à court terme mêle inopportunément les concepts de risque et de volatilité. Comprendre la différence entre les deux (se concentrer sur le premier et pas le deuxième) est la clé permettant de vous assurer que vous réaliserez vos objectifs financiers.
Quelle est la différence entre le risque et la volatilité?
Au premier regard, on pourrait croire que cette distinction est purement académique et que pour les investisseurs du monde réel il n’y a pas beaucoup de différence. En fait, les deux termes sont souvent utilisés de façon presque interchangeable dans le secteur de la communication financière. Il est aussi vrai que le terme «risque» peut se référer à différents concepts.
Toutefois, en tant qu’investisseur, il est utile que nous établissions une distinction mentale entre volatilité et risque. Quelles sont les différences essentielles? La volatilité indique des changements dans le prix d’un titre, d’un portefeuille ou d’un indice, soit vers le haut, soit vers le bas. Par conséquent, la volatilité n’est pas une mauvaise chose en soi; il est théoriquement possible (bien que peu probable) de détenir un placement très volatil, mais qui jusqu’à présent n’est allé que dans une direction : vers le haut.
«Si vous ne voulez pas vendre, la volatilité n’est pas un gros problème, et en fait elle peut même être votre alliée qui vous permettra d’acheter des parts supplémentaires d’un placement qui correspond à votre plan financier à un prix bien plus bas», explique Christine Benz, directrice des finances personnelles à Morningstar.
«En revanche, la définition la plus intuitive du risque est la possibilité que vous ne puissiez pas atteindre vos objectifs financiers ou honorer vos obligations, ou que vous deviez repenser vos objectifs parce que les circonstances ont changé.»
De ce point de vue, le risque devrait être le vrai souci pour les investisseurs, pas la volatilité. Toutefois, il est facile de voir que les deux termes ont pour ainsi dire fusionné. Si vous disposez de peu de temps et que vous vous trouvez dans un environnement volatil, ce qui pourrait n’être que volatil pour un investisseur peut devenir carrément risqué pour un autre, car le risque d’être obligé de vendre et de réaliser une perte est réel.
Comment gérer le risque et la volatilité
Alors, comment les investisseurs peuvent-ils se concentrer sur le risque en mettant la volatilité de côté? La première étape est de savoir que la volatilité est inévitable, et si vous avez suffisamment de temps devant vous, vos pourrez l’utiliser à votre avantage. Le recours à une stratégie de placements échelonnés peut vous permettre de vous assurer que vous pourrez acheter des parts dans toute une série de situations boursières (toutefois, il est important de bien connaître le pour et le contre de cette pratique).
Traditionnellement, diversifier vos investissements entre des catégories d’actifs et des styles de placement différents peut vraiment contribuer à rendre votre portefeuille moins volatil et à vous rendre la vie (financière) plus facile.
«Une autre bonne pratique est d’identifier les risques réels, c’est-à-dire d’identifier vos objectifs financiers et de réaliser que vous ne les atteindrez peut-être pas. Pour la plupart d’entre nous, une retraite confortable est un objectif essentiel, dit Christine Benz. Pour ceux qui ont des enfants, économiser pour leur éducation ou leur premier logement pourrait en être un. En identifiant les objectifs et les risques un après l’autre, on peut établir des priorités et anticiper ce que l’on fera si on ne les atteint pas.»
Enfin, c’est toujours une bonne idée de garder des économies en liquide. Aux périodes extrêmement incertaines comme la période actuelle, la partie liquide de votre portefeuille pourrait vous empêcher de devoir liquider des placements peu performants pour régler des dépenses importantes ou rembourser une dette éventuelle. La liquidité peut aussi donner la possibilité, pour ceux qui s’en sentent capables, d’entrer sur le marché en tirant profit des chutes brutales et achetant des actifs à prix réduit.