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Olivier Laquinte

Transformation numérique

Olivier Laquinte

Expert(e) invité(e)

Mon souhait pour 2024: vers une société numériquement éclairée

Olivier Laquinte|Publié le 15 janvier 2024

Mon souhait pour 2024: vers une société numériquement éclairée

Y a-t-il un âge minimal pour utiliser les réseaux sociaux au Québec ou au Canada ? (Photo: 123RF)

EXPERT INVITÉ. Bien souvent, on élit nos gouvernements selon leurs promesses de s’attaquer aux enjeux de l’éducation et de la santé, d’investir dans nos infrastructures et de réduire le fardeau fiscal des contribuables. Mais pendant ce temps, le monde évolue à un rythme effréné, et un défi crucial nous échappe souvent: les problèmes sociétaux engendrés par la technologie.

Comme bien des gens, j’ai profité du temps des Fêtes pour réfléchir à l’année 2023 et aux défis qui nous attendent en 2024. Mes réflexions m’ont amené à cerner deux problèmes majeurs résultant de la numérisation de notre société: la mise sous pression de nos démocraties et les risques pour la santé mentale des jeunes de la génération alpha (ceux nés à partir de 2008).

Abordons d’abord la démocratie. Notre difficulté grandissante à discerner le vrai du faux, aggravé par la précarité grandissante du journalisme, menace sérieusement nos démocraties. Bien entendu, ce n’est pas un phénomène nouveau. L’ingérence de certains pays dans les élections d’autres nations est un sujet de discussion depuis quelques années déjà. Cependant, la démocratisation de la technologie permet maintenant à des organisations ou à des groupes moins nantis de diffuser de fausses informations et de déformer la réalité.

La crise des médias, couplée à l’annonce du retrait des nouvelles par les plateformes de META, n’augure rien de bon et laisse la voie libre à des groupuscules. À mon avis, ce ne sont pas tant les médias qu’il faut protéger, mais plutôt les journalistes. Les médias sont des entreprises qui doivent s’adapter. On peut les soutenir, mais en fin de compte, c’est à eux de trouver des solutions et de réviser leur modèle d’affaires. Les journalistes, eux, représentent le véritable quatrième pouvoir : ils nous fournissent des informations objectives, fiables et intègres. Il faut trouver des moyens de préserver leur indépendance à l’ère du numérique.

Je suis convaincu que c’est une question de survie pour nos démocraties.

Par ailleurs, un déséquilibre fiscal permet aux géants du web d’échapper aux règles fiscales de plusieurs pays, privant ainsi nos gouvernements de ressources essentielles pour les programmes sociaux.

Maintenant, parlons des jeunes. Au Québec, il faut avoir 18 ans pour fumer des cigarettes, boire de l’alcool et 21 ans pour consommer du cannabis. Il est interdit de conduire avant 16 ans et de voter avant 18 ans. On doit même avoir au moins 11 ans pour suivre le cours de gardien averti! Y a-t-il un âge minimal pour utiliser les réseaux sociaux au Québec ou au Canada ? La réponse est évidente.

Dépendance, comportement abusif, impact sur la santé mentale, développement cérébral, modification du comportement — toutes les études que j’ai lues révèlent l’effet négatif des réseaux sociaux sur la santé mentale des jeunes. Ne devrions-nous pas alors en faire une priorité ?

Si une chose est certaine en 2024, c’est que la technologie va continuer de s’insinuer dans nos vies et dans la société de façon surprenante. Bien que les changements induits aient des retombées positives, il y a aussi des effets négatifs majeurs qui exigent une attention urgente.

Je suis fermement convaincu que nous devons, en tant que société, appuyer sur l’accélérateur et exiger que nos institutions saisissent et intègrent vraiment ce que j’ose appeler «l’esprit numérique». Cela requiert de l’expertise, une vision claire, de l’ambition et du courage. Il ne s’agit pas de choisir entre être rouge, bleu foncé, bleu pâle, orange ou vert. Il s’agit de reconnaitre que nous faisons face à un immense défi sociétal qui mérite une attention particulière.

Nous vivons dans un «Far West» numérique, et je nous souhaite que 2024 marque le début d’une ère numérique progressiste.