Nettoyer ses finances et éviter les soucis à la retraite
La Presse Canadienne|Publié le 21 janvier 2020Je ne sais pas comment quelqu’un qui a30, 35 fonds communs de placement peut s’en occuper. Ou même 15. »
Une longue vie ponctuée de divers emplois, de bons moments, de difficultés, de déménagements et d’erreurs peut donner à un portefeuille d’investissement des allures de débarras de sous-sol encombré.
L’objectif de vie professionnelle visant à accumuler autant d’actifs que possible pour bâtir un nid pour sa retraite prend fin en même temps que les rentrées de revenu d’emploi, lorsque le jour de la retraite arrive enfin.
Or, selon les experts en investissement, la tâche la plus importante à exécuter à ce moment consiste probablement à faire le ménage dans ce lot d’actions, d’obligations, de fonds communs de placement et d’occasions qu’il ne fallait pas rater — et s’assurer de bien les comprendre pour que ces investissements durent au moins aussi longtemps que soi.
« Plusieurs personnes (…) ont occupé de nombreux emplois différents tout au long de leur carrière », a observé le conseiller en revenu de retraite Willis Langford, de Langford Financial, à Calgary.
« Ils peuvent donc arriver avec un CELI (compte d’épargne libre d’impôt), un RER (régime d’épargne-retraite), ils peuvent avoir un CRI, qui est un compte de retraite immobilisé, ils peuvent avoir un régime de retraite à prestations déterminées, un régime de retraite à cotisations déterminées, en plus de comptes non enregistrés. »
« Et ceux-ci, techniquement, pourraient être éparpillés dans plusieurs véhicules avec différentes institutions financières à travers le Canada. »
Les rendements sont d’une importance vitale lors de l’accumulation d’actifs, mais la planification fiscale et la gestion des risques deviennent prioritaires lorsque la retraite devient une réalité, a souligné M. Langford.
« Les personnes qui ont dans leur plan d’action des éléments qui ne leur correspondent pas, qui ont un méli-mélo, qui ont acheté des choses au fil des ans et qui ne se souviennent plus pourquoi, doivent faire quelque chose à ce sujet », a estimé Adrian Mastracci, gestionnaire de portefeuille fiduciaire à Vancouver pour Lycos Asset Management.
« Très souvent, les gens viennent nous voir et ont 30, 35 fonds communs de placement. Je ne sais pas comment quelqu’un peut s’occuper de 30, 35 fonds communs de placement. Ou même 15. »
Les portefeuilles encombrés sont souvent marqués par l’absence de plans écrits, les projections d’épargne inexistantes, la surabondance de comptes épars et la quantité trop faible — ou trop élevée — de différentes catégories d’investissements.
Ils peuvent contenir des fonds communs de placement dont les coûts et les frais de sortie ne sont pas clairs. Ou des fonds différents qui contiennent les mêmes types de titres.
Bien choisir son conseiller
MM. Langford et Mastracci recommandent de trouver un seul conseiller de confiance pour examiner l’ensemble du portefeuille et donner des conseils sur la façon de faire le ménage.
Ils recommandent de choisir quelqu’un qui est payé avec des frais, plutôt que des commissions, pour obtenir des recommandations plus impartiales.
Le résultat devrait être un calendrier d’actions visant à fournir un revenu maximal et une efficacité fiscale, avec le moins de risque possible, pour la durée de vie restante attendue du client.
« La façon dont les revenus seront tirés de ces sources dictera le montant des impôts qu’il faut payer pour le reste de sa vie. Si ce n’est pas fait correctement, il faudra payer plus que nécessaire », a souligné M. Langford, ajoutant qu’une mauvaise planification fiscale pouvait coûter des centaines de milliers de dollars.
Le conseiller doit être choisi pour ce qu’il peut faire pour le retraité, a fait valoir M. Mastracci. Différents clients ont besoin de services différents, selon la taille et la complexité de leur portefeuille d’investissement.
Un bon planificateur de retraite devrait également être en mesure d’aider le client à retrouver les investissements dont il a perdu la trace, en retrouvant les anciens employeurs et en parcourant les dossiers, a-t-il indiqué.
Il a présenté l’exemple d’un client de 65 ans dont l’objectif est un revenu de 100 000 $ par an pour le reste de sa vie.
Cet horizon pourrait être de 20 ou 30 ans ou plus, et c’est là que les mathématiques se compliquent suffisamment pour mettre à l’épreuve même les investisseurs non professionnels les plus intelligents.
« Il y a de fortes probabilités qu’un portefeuille ne reçoive aucune économie de la part du client pendant cette période », a averti M. Mastracci. « Parfois, il faut être prêt à dire au client quelque chose qu’il ne veut pas entendre. »