CLINIQUE RETRAITE. Retarder l'âge de la retraite? Une idée qui n'attire pas notre lectrice.
CLINIQUE RETRAITE. Retarder l’âge de la retraite ? Une idée qui n’attire pas notre lectrice, «qui ne se voit pas faire du 9 à 5 à temps plein jusqu’à 67 ans». La professionnelle de 43 ans se demande si elle peut se permettre de quitter le monde professionnel plus tôt. Nous avons soumis le cas à Yves Lizotte, CPA et planificateur financier au Groupe Investors, à Trois-Rivières.
Madame dispose de deux atouts pour atteindre son objectif : l’accès à un régime à prestations déterminées et de bonnes habitudes d’épargne. Célibataire sans enfant, elle gagne un salaire de 80 000 $ par année, mais elle a un train de vie d’environ 30 000 $, si on exclut les paiements hypothécaires.
Pour la retraite, la professionnelle peut compter sur le fonds de pension de son ancien employeur, le gouvernement fédéral. Elle aura droit à une prestation mensuelle de 575 $ par mois. Elle vient de commencer un nouvel emploi au gouvernement provincial, où elle cotise au Régime de retraite des employés du gouvernement et des organismes publics (RREGOP). Elle cotise 11 % de son salaire. L’employeur met 8 %. Elle détient également 120 000 $ dans un régime enregistré d’épargne-retraite (REER), qu’elle gère elle-même.
Autre habitude d’épargne, la propriétaire d’un condo de 290 000 $ rembourse rapidement sa dette hypothécaire. Son passif n’est plus que de 53 000 $. Elle effectue des remboursements accélérés et elle espère avoir terminé de payer son hypothèque d’ici trois ans.
Notre lectrice se demande si elle est sur la bonne voie pour prendre sa retraite avant 65 ans. À sa retraite, elle vise un revenu après impôts d’environ 36 000 $ en dollars d’aujourd’hui et souhaite faire environ un voyage par année.
La réponse
Madame peut partir à la retraite à l’âge de 58 ans, si elle maintient ses habitudes d’emploi et son travail dans la fonction publique québécoise, estime M. Lizotte. En gardant le cap, elle aurait un capital suffisant pour en vivre jusqu’en 2070. Elle aurait alors 95 ans.
L’objectif d’un revenu net de 36 000 $ à la retraite est raisonnable, selon lui, d’autant plus que la résidence serait entièrement payée. «Généralement, les habitudes persistent à la retraite, commente-t-il. Je ne dirais pas que 36 000 $ est suffisant si j’étais en face d’une personne dépensière, mais elle est économe et c’est une habitude qui devrait se maintenir.»
Le planificateur financier ne se prononce pas sur sa capacité à changer d’employeur, mais il prévient que de renoncer au RREGOP aurait un «énorme coût». Sans régime de retraite (le pire des scénarios), elle devrait cotiser 1 202 $ par mois à son REER et réinvestir tous ses remboursements d’impôt dans son compte d’épargne libre d’impôt (CELI) pour avoir des conditions équivalentes à la retraite à l’âge de 58 ans. «C’est énorme, commente M. Lizotte. Ce serait coûteux et ça pourrait avoir un impact sur sa qualité de vie de devoir épargner cette somme.»
Il est difficile de savoir si Madame pourrait au contraire partir plus tard à la retraite, mais réduire sa semaine de travail. Trop de facteurs entrent en ligne de compte (le nombre de jours travaillés, l’impact sur le régime de retraite, l’âge de la retraite). «Ça devra être analysé au cas par cas, explique M. Lizotte. Une chose est sûre, il y aurait assurément un impact sur le plan financier et il devra être réévalué, selon les besoins.»
Seule inquiétude au tableau, M. Lizotte émet toujours un bémol quand les épargnants décident de gérer eux-mêmes leur portefeuille. En regardant les investissements de Madame, il constate qu’elle a un profil dynamique. Ses placements sont également éparpillés entre plusieurs produits dont des fonds négociés en Bourse (FNB) «exotiques» et des actions d’entreprises. «Je vois beaucoup de jeunes qui veulent gérer eux-mêmes leur portefeuille pour éviter les frais, raconte le planificateur. Quand tout monte, ça va, mais vont-ils prendre de bonnes décisions dans une période de marché volatil ? En réduisant les frais, on perd l’occasion d’avoir les conseils.»
Pour notre lectrice, il est important de rembourser plus rapidement son hypothèque. À un taux d’intérêt de seulement 3,24 % sur son prêt hypothécaire, elle devrait plutôt mettre cet argent de côté, suggère M. Lizotte. «Elle devrait investir cet argent dans un fonds au profil prudent, suggère-t-il. À la fin de son terme hypothécaire en 2020, elle pourra décider s’il vaut mieux rembourser davantage son prêt ou investir.»