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IL ÉTAIT UNE FOIS… VOS FINANCES. Les stratégies de maximisation du patrimoine liées au compte d’épargne libre d’impôt pour l’achat d’une première propriété (CELIAPP), lequel verra le jour le 1er avril, sont encore embryonnaires. Il semble toutefois que le nouveau véhicule de placement offrira plusieurs possibilités intéressantes, dont celui de s’en servir pour faire fructifier davantage l’argent placé dans un REEE.
Le CELIAPP, mis en place par le gouvernement fédéral, permet aux particuliers d’économiser en vue d’acheter une première propriété. Il est possible d’y cotiser 40 000 $au total (8000 $maximum par année).
Et si vos cotisations provenaient du Régime enregistré d’épargne-études (REEE) de votre enfant? Serait-il possible d’obtenir encore du rendement à l’abri de l’impôt ? La réponse courte: oui.
Encore des fonds malgré les études
Une personne qui commencerait à cotiser à un REEE en 2023, avec la cotisation annuelle de 2500$, qui permet de recevoir la subvention maximale, arriverait à un total de 81 042 $en 2040, en supposant un rendement annuel de 5 %, selon les calculs effectués par Desjardins Gestion de patrimoine.
Desjardins calcule également les frais de scolarité d’un enfant pour cinq années d’études postsecondaires (programme d’études de formation générale au cégep et au baccalauréat) à 26 994 $. En résumé, une fois les études postsecondaires terminées, il pourrait rester beaucoup d’argent à réinvestir pour aider, de nouveau, votre enfant.
«Nous avons la chance, au Québec, d’avoir des coûts d’études postsecondaires beaucoup moins élevés qu’ailleurs au Canada et en Amérique du Nord, souligne Catherine Bouchard, planificatrice financière chez Desjardins Gestion de patrimoine. Dans un contexte où les jeunes risquent d’avoir de plus en plus de difficulté à acquérir une propriété, ça peut devenir très intéressant d’utiliser le CELIAPP et les remboursements d’impôt.»
Mécanique
La mécanique pour continuer de faire croître votre argent à l’abri de l’impôt est fort simple. Dès que l’enfant accède aux études postsecondaires (parce que si l’enfant ne poursuit pas ses études, il faut retourner les subventions et les rendements deviennent imposables au moment du retrait), on utilise les fonds nécessaires pour payer les études, et la balance ira dans le CELIAPP.
«Lorsqu’on le retire, le capital revient théoriquement aux parents (les souscripteurs), note Catherine Bouchard. En pratique, le parent ne fait jamais un chèque de 45 000 $ à l’enfant. On le guide beaucoup sur l’utilisation de cet argent.» Elle rappelle par ailleurs que seul le propriétaire du compte CELIAPP peut y cotiser. Le parent devra donc faire don de la somme à son enfant.
«Cette stratégie permet de planifier le futur, estime Catherine Bouchard. Si on met 8000$par année pendant cinq ans, avec un rendement annuel de 5 %, la somme pourrait grimper à 75 000 $. C’est une belle mise de fonds pour une première propriété, sans compter le remboursement d’impôt obtenu avec les 40 000 $ de cotisations.»
Inclure aussi le CELI
Sylvain De Champlain, président de De Champlain Groupe financier, suggère d’inclure le CELI dans cette stratégie pour deux raisons bien simples:profiter également de remboursements d’impôt plus tard et étirer la durée de vie du CELIAPP.
«Pour que ça vaille la peine de cotiser à un CELIAPP, ça prend des revenus annuels d’au moins 25 000 $, explique-t-il. La plupart des étudiants n’ont pas ce type de revenus. Ils obtiennent entre 5000$et 12 000 $.» Pourquoi 25 000 $? Parce le montant personnel de base est de 17 183 $ au Québec pour l’année fiscale 2023 (il est de 15 000 $ au Canada). Ajoutez les 8000 $ non imposables cotisés au CELIAPP, et on arrive à 25 000 $ d’exemption.
Comme la déduction fiscale est reportable aux années ultérieures, Sylvain De Champlain suggère de placer l’argent dans un CELI pendant les années d’études de l’enfant. La somme continuera ainsi de croître à l’abri de l’impôt.
Il ne faut pas oublier non plus, rappelle-t-il, que la durée de vie du CELIAPP est de 15 ans. Un enfant qui ouvrirait son compte à 24 ans plutôt qu’à 18 ans pourrait donc en bénéficier jusqu’à l’âge de 39 ans, peu importe s’il acquiert une propriété ou non au cours de cette période.