Âgé de 36 ans, celui qui est père à la maison possède 87 430 $ dans son CELI. Il a réussi ce que prêchent les membres de la communauté Fire, soit l’atteinte d’une liberté financière partielle (ou totale) par un investissement précoce et agressif. (Photo: courtoisie)
PLEINS FEUX SUR MON CELI est une rubrique où des investisseurs individuels partagent avec nous leurs bons et mauvais coups en investissement tout en soumettant leur portefeuille à l’analyse d’un pro.
(Illustration: Camille Charbonneau)
Âge : 36 ans | Occupation : père à la maison
Valeur du CELI : 87 430 $ | Stratégie : Fonds négociés en Bourse (FNB)
Bon coup : avoir opté pour l’investissement passif
Mauvais coup : avoir cédé à la tentation des titres spéculatifs
Objectif : décaisser en dernier/laisser croître ses placements longtemps
Son conseil à l’investisseur qui commence : l’investissement peut être simple et évitez de vous comparer aux autres
Ce père de 36 ans a opté pour le projet d’une retraite anticipée il y a un peu plus d’un an afin de s’occuper à temps plein de ses enfants, âgés respectivement de deux et de cinq ans. Il a réussi ce que prêchent les membres de la communauté Fire (Financial Independence, Retire Early), soit l’atteinte d’une liberté financière partielle (ou totale) par un investissement précoce et agressif. «L’idée, pour moi et ma conjointe, c’était d’arriver à couvrir nos dépenses courantes. Une fois ce but atteint, l’un de nous avait l’option de lever le pied professionnellement sans interrompre la croissance de nos placements. C’est à mon tour de m’occuper des enfants.»
Cet ex-employé de chez Morgan Stanley, une banque américaine où il a travaillé comme programmeur et chef d’équipe pendant 12 ans, n’a pas tiré un trait définitif sur le travail ni l’action bénévole. «J’y reviendrai quand les enfants seront à l’école, mais l’argent ne sera pas ma motivation première. Par contre, j’aimerais toucher d’une manière ou d’une autre à l’éducation financière.»Il le fait déjà à temps partiel avec son blogue Retraite 101, où il vulgarise l’investissement et les finances personnelles, et documente, chiffres à l’appui, son cheminement vers une plus grande indépendance financière.
Vincent Morin se souvient d’avoir toujours été fasciné par l’argent, mais il avoue avoir mis de côté ses bonnes habitudes d’épargne une fois l’université terminée et après avoir trouvé son premier boulot. «Je vivais d’une paye à l’autre. J’étais plus préoccupé par mon statut social avec la voiture de luxe et les sorties au resto.»
Il reconnaît candidement que c’est sa femme qui va l’inciter à assainir ses finances personnelles. «Je ne profitais même pas de tous les avantages qu’offrait le REER collectif de l’employeur. C’est dire…»Il va renverser la vapeur:entre 2018 et 2021, le taux d’épargne de leur revenu net franchit la barre des 50 % et va même jusqu’à atteindre 74 %. Motivé par ses études au MBA, son lieu de travail et la lecture de livres, Vincent Morin se met à investir.
C’est en 2019 qu’il ouvre son compte de courtage CELI autogéré et transfère les actifs qu’il détenait dans des fonds communs de placement Tangerine. Sur les conseils de l’investisseur Canadian Couch Potato, il investit dans trois fonds négociés en bourse (FNB) l’ensemble de son pécule, soit 45 000 $. «Je savais que je ne battrais pas les principaux indices, mais qu’au moins, je ferais aussi bien qu’eux.»
À la veille du krach pandémique, il cède cependant à l’appât du gain et vend une partie de ses FNB pour acheter des actions des producteurs de cannabis Hexo (HEXO, 0,25 $) et Aphria (qui a fusionné avec Tilray [TLRY, 4,26 $] en juin 2021) et d’entreprises technologiques, comme Uber (UBER, 25,98 $US) et Twitter (TWTR, 49,94 $US). Au début de janvier 2020, son CELI atteint les 71 000 $… mais cinq mois plus tard, malgré les cotisations effectuées dans l’intervalle, sa valeur marchande n’est plus que de 54 000 $. «J’ai alors décidé de tout vendre et de revenir à la gestion passive.»Le jeune retraité est investi en totalité dans des FNB pour l’ensemble de ses portefeuilles (et ceux de sa conjointe), c’est-à-dire les REER, les REEE et les comptes sur marge. Le total des actifs boursiers du couple s’élève actuellement à environ 606 000 $.
Dans l’oeil d’un pro
«Il a fait le choix des FNB pour contrôler le coût de ses placements et c’est positif», observe d’emblée Ian Gascon, président de Placements Idema, qui salue aussi la propension à l’épargne et à l’investissement du jeune investisseur.
Le gestionnaire lève toutefois un drapeau rouge quant au niveau de risque du CELI et potentiellement du portefeuille dans son ensemble. «Je n’ai pas le détail de ses autres comptes, mais XEQT est un fonds 100% en actions. Est-il à l’aise avec les baisses de marché ?»Pour réduire la volatilité globale du portefeuille, il est avantageux, selon lui, de détenir plusieurs catégories d’actifs, pas juste des actions, et ce, peu importe l’âge de la personne.
Au sujet de XEQT, un FNB qui est en fait un fonds de fonds, Ian Gascon mentionne que l’investisseur ne contrôle pas son allocation d’actifs. «Il faut voir dans le temps s’il sera encore à l’aise avec ce choix.»Il rappelle l’exposition géographique du fonds iShares de BlackRock, qui se décline ainsi:46 % en actions américaines, 25 % en actions canadiennes, 23 % en actions internationales (Japon, Grande-Bretagne, France, etc.) et 5 % dans les actions des marchés émergents. «La pondération américaine m’apparaît élevée. J’aurais préféré une pondération plus grande pour les marchés canadien et des pays émergents.»Il souligne que l’investisseur ne contrôle pas non plus le rééquilibrage du portefeuille. «Est-il à l’aise avec les politiques en vigueur dans le fond ? Est-ce optimal de rééquilibrer aussi souvent (soit 1/10 de leur pondération) ? On préfère laisser les marchés évoluer davantage.»
Ian Gascon soulève aussi la question de l’efficience fiscale, car dans un CELI, les retenues à la source sur les dividendes étrangers ne sont pas récupérables. «Cela représentait environ 0,05 $en 2021 pour un FNB de 25 $, soit environ 15-20 points de base de taxes, environ le même montant qu’il paie en frais de gestion pour ce fonds*. Ce n’est pas énorme, mais c’est le montant qu’il laisse sur la table.»
*Le ratio de frais de gestion du fonds iShares XEQT:0,20 %
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