EXPERTE INVITÉE. L'action de Boeing a subi de fortes turbulences à la suite de l'écrasement de deux de ses appareils...
EXPERTE INVITÉE. L’action de Boeing a subi de fortes turbulences à la suite de l’écrasement de deux de ses appareils Boeing 737 MAX. Pour l’actionnaire qui possède des actions de cette grande capitalisation, la chute a eu l’effet d’un violent trou d’air. Qu’en est-il de celui qui détient le titre par l’intermédiaire d’un FNB ? A-t-il été mieux protégé ? Cela dépend de l’indice que reproduit le FNB.
Des indices construits différemment
Nombreux sont ceux qui suivent le rendement de l’indice Dow Jones (DJIA). Constitué de 30 sociétés, il est un des seuls au monde à être pondéré en fonction du prix des actions plutôt que par la capitalisation boursière des entreprises qui le composent, comme c’est le cas pour le S&P 500.
Fondé en 1884 et publié depuis 1896, le DJIA est le plus vieil indice boursier du monde. Il procure des données historiques sur plus de 120 ans et plusieurs y vouent un attachement sentimental. Toutefois, pour avoir un aperçu plus juste de l’économie américaine, il faut se tourner du côté du S&P 500, qui couvre environ 80 % de la valeur totale du marché boursier américain. Bien que les deux indices soient construits différemment, il est rare qu’ils terminent une séance dans des directions opposées. Cela s’est produit le 11 mars dernier. Allan Roth, de Wealth Logic LLC, a cherché à savoir pourquoi.
Roth a comparé deux sociétés à la capitalisation boursière semblable : Boeing et Pfizer. Le 8 mars, le titre de Boeing (BA) a terminé la séance à 422,54 $ US pour représenter alors 11,26 % du Dow Jones, soit la plus importante position de cet indice qui compte pourtant huit entreprises affichant une capitalisation boursière supérieure.
Au cours de la même séance, l’action de Pfizer (PFE) a clôturé à 40,89 $ US. Son titre se négocie à environ un dixième du prix de celui de Boeing, mais la pharmaceutique compte dix fois plus d’actions en circulation. Malgré une capitalisation boursière proche de celle du constructeur d’avions, la pharmaceutique ne représente que 1,09 % du Dow Jones.
«Dans la semaine finissant le 15 mars, Boeing a perdu 12,2 % de sa valeur, ce qui a eu un impact important sur le DJIA. En réalité, l’impact a été plus grand sur l’indice que si l’action de Pfizer était tombée à zéro, souligne M.Roth. Alors que le DJIA a réussi à finir cette semaine en hausse de 1,70 %, le S&P 500 avait gagné 3,14 %, soit près du double.»
Non seulement le S&P 500 contient presque 17 fois plus de titres que le DJIA, mais il est structuré en fonction de la capitalisation boursière des sociétés. Ainsi, Boeing ne représentait que 0,83 % du S&P 500 au 19 mars dernier, et Pfizer, 0,98 %. D’autres indices encore plus diversifiés tels que le Dow Jones U.S. Total Stock Index ou le Wilshire 5000 comptent des milliers de titres. Ni Boeing ni Pfizer n’en accapare plus de 0,8 % du poids total. De nombreux FNB reproduisant ces indices sont offerts avec ou sans couverture de devise.
Que faut-il retenir à propos des indices et des FNB à faible diversification ?
Pendant longtemps, l’indice DJIA était calculé manuellement, mais les ordinateurs ont tout changé en 1963. La situation engendrée avec la baisse de l’action de Boeing nous rappelle les risques de trop investir dans un seul titre, voire dans seulement 30 titres, selon M. Roth : «Évitez de prendre des risques inutiles en détenant des FNB calquant des indices étroits. Le plus diversifié est le mieux.»
Malgré cela, certains investisseurs s’inquiètent de voir quelques titres accaparer une trop forte proportion d’indices construits selon la capitalisation boursière. D’après Roth, ces gens se pensent plus intelligents que le marché. Or, force est de reconnaître que bien peu parviennent à battre le marché sur plusieurs années.
Source : Roth, Allan, «Boeing’s Lesson About the Dow», ETF.com, 21 mars 2019