Les professions où vous vous bâtissez une clientèle, telles que les avocats, les comptables et les notaires, sont intéressantes pour le report de déduction, car le revenu du professionnel peut grimper assez rapidement. (Photo: 123RF)
IL ÉTAIT UNE FOIS… VOS FINANCES. Cotiser à un REER est un rituel hebdomadaire, mensuel ou annuel pour plusieurs. Si la plupart des gens profitent de la déduction fiscale sur leur prochaine déclaration de revenus, il est également possible de la reporter pour tenter d’obtenir une déduction encore plus intéressante ultérieurement.
Vous n’êtes pas obligé de vous prévaloir de la déduction l’année fiscale où vous cotisez, explique Thomas Gaudet, CPA et analyste financier à Altitude conseils financiers. En fait, il n’y a pas de date de péremption sur vos déductions fiscales issues des REER.
«Vous pouvez reporter l’entièreté de votre déduction à une année ultérieure de votre choix, précise-t-il. Habituellement, l’argument numéro un pour le faire, c’est parce qu’on s’attend à ce que son salaire augmente au cours des prochaines années, suffisamment pour nous faire changer de taux d’imposition marginal applicable.»
Hausse de salaire
Évidemment, si vous attendez une augmentation de salaire de 2000$ l’an prochain, cette stratégie fiscale ne s’adresse peut-être pas à vous. À moins, bien sûr, que cette somme vous fasse basculer vers un taux d’imposition marginal plus élevé.
«Si vous attendez une promotion à laquelle sera rattachée un gros bonus, il pourrait être intéressant de reporter la déduction fiscale du REER, mentionne l’expert-conseil Francis Brault, du Centre d’expertise Banque Nationale Gestion privée 1859. De la même manière, un étudiant en médecine qui fait sa résidence et qui cotise à un REER voudra peut-être attendre d’avoir obtenu son droit de pratique pour utiliser la déduction.»
Les professions où vous vous bâtissez une clientèle (avocat, comptable, notaire, etc.) sont aussi intéressantes pour le report de déduction, car le revenu du professionnel peut grimper assez rapidement. Un étudiant qui termine ses études et qui ne travaille que quelques mois dans l’année pourrait également se prévaloir de cette stratégie, tout comme une personne qui se retrouve sans emploi pendant quelques mois.
Règle générale, ajoute Francis Brault, il s’agit d’une stratégie fiscale à court terme. Si on reporte sa déduction fiscale sur 20 ans, on risque d’être perdant.
«Il faut calculer le coût de renonciation, souligne Francis Brault. Si vous aviez placé votre remboursement d’impôt, quel rendement aurait-il pu vous rapporter?» L’idée derrière un report de déduction fiscale liée au REER est de comparer l’économie de taux et le rendement que vous auriez eu si vous aviez réinvesti votre remboursement, précise Thomas Gaudet.
«Si vous prenez habituellement cet argent pour vous payer un voyage ou vous acheter quelque chose, cette stratégie n’est probablement pas pour vous», laisse-t-il tomber.
De la même manière, cette stratégie ne devrait pas être considérée par les personnes qui ont besoin de l’argent généré par le remboursement pour payer leurs dépenses courantes habituelles ou gérer l’augmentation du coût de la vie.
Crédits
Si, d’un côté, vous devez calculer le coût de renonciation, de l’autre, vous devez regarder quelles seront les augmentations de crédits, prestations et allocations gouvernementales qui vous seront accordées si vous réussissez à diminuer votre taux d’imposition.
L’Allocation famille (provincial) et l’allocation canadienne pour enfants (fédéral), le crédit de solidarité, le crédit de TPS et TVQ et le Supplément de revenu garanti, entre autres, pourraient être bonifiés.
«Si vous gagnez 200 000$ et plus, ça s’applique beaucoup moins, note Francis Brault. Souvent, les allocations sont dégressives (en fonction du revenu).»Dernier point: vous pouvez reporter vos déductions fiscales liées à vos REER, mais à compter du 1er avril, vous pourrez aussi faire de même avec celles liées au compte d’épargne libre d’impôt pour l’achat d’une première propriété (CELIAPP), rappelle Thomas Gaudet.
Cet article a initialement été publié dans l’édition papier du journal Les Affaires du 15 février 2023.