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Dénicher des occasions d’investissement à contre-courant

Denis Lalonde|Édition de la mi‑novembre 2023

Dénicher des occasions d’investissement à contre-courant

(Photo: Pawel Janiak pour Unsplash)

Les fournisseurs de services de télécommunications

Daniel Ouellet, gestionnaire de portefeuille et gestionnaire principal de patrimoine, Groupe Ouellet Bolduc, Valeurs mobilières Desjardins

Daniel Ouellet, gestionnaire de portefeuille et gestionnaire principal de patrimoine au Groupe Ouellet Bolduc, Valeurs mobilières Desjardins, dit regarder attentivement les titres de fournisseurs de services de télécommunications en Amérique du Nord.

«Une démarche par secteurs peut permettre d’effectuer 80 % du travail d’analyse. Les titres ont reculé fortement, principalement à cause de la hausse des taux d’intérêt, et versent de bons dividendes. Le titre de Verizon (VZ, 33,66 $US) est par exemple à un creux de 10 ans et son dividende est celui qui est le mieux couvert de toute l’industrie», explique-t-il.

Selon lui, les investisseurs doivent se poser les questions suivantes pour analyser les entreprises du secteur:«Est-ce que les banques centrales sont proches d’avoir terminé le cycle de resserrement de leur politique monétaire ? Est-ce que le recul des titres en réaction aux hausses de taux d’intérêt est intégré dans les valorisations actuelles? Est-ce que le bilan financier s’est grandement détérioré ? Est-ce que le dividende est soutenable ? Si les réponses à ces questions sont respectivement oui, oui, non et oui, le titre de l’entreprise ciblée peut constituer une occasion d’investissement à contre-courant», dit-il.

Il souligne qu’une telle analyse vaut aussi pour d’autres secteurs de l’économie qui sont sensibles aux variations des taux d’intérêt, comme celui des services à la collectivité.

 

Les équipementiers médicaux américains

Martin Roberge, directeur général, portefeuilliste et analyste quantitatif, Canaccord Genuity

Martin Roberge, directeur général, portefeuilliste et analyste quantitatif à Canaccord Genuity, publie chaque année depuis 2012 trois idées d’investissements à contre-courant en complément à sa stratégie principale de gestion de portefeuille.

L’une des trois suggestions émises à la fin de 2022 était d’investir dans les équipementiers médicaux américains en misant sur le rétablissement complet des procédures médicales après la pandémie, de même que sur un cycle de remplacement après des années de retenue.

Un fonds négocié en Bourse qui réplique le rendement du secteur est le iShares U.S. Medical Devices (IHI, 44,87$US), qui a toutefois encaissé un recul de près de 15 % entre le début de l’année et la fin octobre. Le portefeuilliste explique que la performance du secteur était bonne jusqu’en juillet. À ce moment, le traitement Ozempic, commercialisé par la pharmaceutique Novo Nordisk (NVO, 94,07 $US) pour traiter le diabète, a commencé à défrayer la manchette pour son efficacité à combattre l’obésité.

La nouvelle a fait reculer quelques titres associés à la malbouffe, comme McDonald’s (MCD, 258,12 $US) et Coca-Cola (KO, 55,47$US), mais aussi le secteur des équipementiers médicaux.

«La réflexion, c’est que si les risques de surpoids diminuent, il y aura moins d’opérations et donc moins de besoins en équipements médicaux. De telles nouvelles peuvent prolonger le calvaire d’un secteur à contre-courant», explique-t-il.

Martin Roberge précise aussi qu’il est hasardeux de comparer des sous-indices boursiers de différents pays et de miser sur celui qui a offert la moins bonne performance pour guider une décision d’investissement à contre-courant. «Par exemple, les sous-indices des soins de santé au Canada et aux États-Unis sont très différents, dit-il. Du côté canadien, il contient des titres d’entreprises présentes dans l’industrie du cannabis, ce qui n’est pas le cas pour son équivalent américain.»

 

Les obligations à longue échéance

Mary Hagerman, gestionnaire de portefeuille et planificatrice financière, Groupe Mary Hagerman, société de placements Raymond James

Mary Hagerman, gestionnaire de portefeuille et planificatrice financière au Goupe Mary Hagerman, de la société de placements Raymond James, gère des portefeuilles habituellement investis à 100 % en actions.

Toutefois, depuis le mois de juillet, elle a commencé à se bâtir une pondération en obligations pour profiter de l’augmentation des taux d’intérêt. «Les marchés boursiers ne montent pas en ligne droite et les rendements des obligations à courte échéance sont devenus très intéressants», dit-elle.

La courbe des rendements est toujours inversée sur le marché obligataire canadien, ce qui signifie que les taux d’intérêt des obligations à courte échéance sont plus élevés que pour celles à longue échéance. Les obligations gouvernementales à échéance de 10 ans procuraient à la fin octobre un rendement de 4,04 %, comparativement à 4,67 % pour celles à échéance de deux ans, une différence de-63,2 points de pourcentage. Malgré tout, Mary Hagerman suggère de commencer à allonger les durées, affirmant qu’il fallait vivre avec le fait que les investisseurs ne pouvaient jamais être parfaitement synchronisés avec le sommet ou le creux d’un cycle.

«Si les banques centrales continuent de relever les taux d’intérêt, il se peut que la valeur nominale des obligations diminue un peu, jusqu’à ce que les marchés reçoivent le signal que les cycles de resserrement monétaire sont terminés, ce qui est imminent selon moi», ajoute-t-elle. Les taux peuvent rester élevés longtemps, mais en ce moment, il est à son avis temps de capter de bons rendements tout en se positionnant pour obtenir des gains en capital lorsque les taux d’intérêt finiront par redescendre.