Des erreurs courantes de jeunes consommateurs et comment les éviter
La Presse Canadienne|Publié le 22 octobre 2024(Photo: 123RF)
Les erreurs de jeunesse sont normales et pardonnables, mais les erreurs financières peuvent être pénibles à corriger.
Les jeunes consommateurs n’ont pas toujours les notions de base d’une saine situation financière, selon des experts. Établir un budget, épargner, planifier en cas d’urgence, utiliser correctement les cartes de crédit : les conseillers voient de jeunes clients qui ont du mal à saisir les principes fondamentaux.
Il semble que les Canadiens en général ne soient pas bien au fait de la réalité des finances personnelles. Dans un récent sondage de la RBC, 75% des personnes interrogées disaient avoir de bonnes habitudes financières et 62% se considèrent même comme «au-dessus de la moyenne» par rapport à leurs amis et à leur famille. Mais lorsqu’on les interroge sur ces habitudes réelles, plus d’un tiers admettent ne pas surveiller leurs dépenses ni se fixer d’objectifs financiers.
Barbara Knoblach constate les conséquences de l’ignorance des dépenses et de l’absence d’objectifs.
La planificatrice financière de Money Coaches Canada avait un client dans la vingtaine qui semblait avoir sa vie sur la bonne voie : études terminées, emploi bien rémunéré, voiture relativement neuve, vie autonome. Mais ses finances étaient un désastre. Sa carte de crédit était presque pleine, à 20 000 $, et il avait du mal à payer son loyer.
Puis, une catastrophe est arrivée : il était responsable d’un accident, il a détruit son véhicule, mais il avait besoin d’une voiture pour son travail. Sa famille l’a renfloué parce qu’il n’avait plus d’économies et plus de crédit.
«Cette expérience lui a fait prendre conscience qu’il devait changer son comportement financier», a souligné Mme Knoblach.
Son relevé de cartes de crédit «s’étendait systématiquement sur plusieurs pages» avec de nombreux petits achats, principalement pour la nourriture, a-t-elle noté. Il n’avait aucune idée du montant que cela représentait chaque mois.
Mme Knoblach a corrigé le tir : il a surveillé ses dépenses, suivi des cours de cuisine, préparé ses propres repas, remboursé le solde de sa carte de crédit et commencé à économiser.
Trois principales erreurs
Mais son cas illustre parfaitement les trois principales erreurs qu’elle observe chez les jeunes consommateurs : ignorer leurs dépenses, en particulier les petits achats fréquents ; accumuler des dettes ; et oublier d’épargner, ce qui signifie qu’un revers financier peut être paralysant.
«Ne pas suivre ses finances, c’est comme conduire en hiver avec un pare-brise recouvert de glace : on ne sait pas où l’on va, a illustré, Mme Knoblach. Commencer à épargner tôt présente de nombreux avantages, le plus important étant la capacité de vivre constamment en dessous de ses moyens.»
Kate Childerhose voit des situations similaires en tant que conseillère financière chez Edward Jones. Elle se souvient d’un conseil qu’elle a suivi de son père entrepreneur : «Personne ne prendra jamais soin de vous comme vous.»
Les jeunes n’épargnent pas et oublient de mettre de l’argent de côté pour eux-mêmes, a-t-elle soutenu.
Ses clients à la retraite font maintenant face aux conséquences des choix qu’ils ont faits dans leur jeunesse au crépuscule de leur vie, a expliqué Mme Childerhose : après avoir investi tout leur argent dans une maison et ne pas avoir épargné pour la retraite, ils vont en fait perdre la maison. Ces clients n’ont même pas assez d’argent pour couvrir les frais de base tels que les impôts fonciers et les services publics.
«Vous devez prioriser votre dette, mais vous devez également prendre un peu de cet argent chaque mois et commencer à économiser pour vous-même, a affirmé Mme Childerhose. Vous devez faire les deux.»
Même avec des prêts étudiants massifs pour les diplômes supérieurs et les doctorats, les jeunes doivent toujours s’acquitter de leurs dépenses. Compter sur les cartes de crédit pour combler les lacunes signifie qu’ils doivent faire face à des intérêts écrasants.
«Lorsqu’ils prennent tout leur argent disponible et remboursent la dette, c’est là que les accidents de carte de crédit se produisent, car nous n’avons pas de plan B, nous n’avons rien sur quoi nous rabattre», a déclaré Mme Childerhose.
Les jeunes consommateurs ne devraient pas reporter les soldes de leurs cartes de crédit d’un mois à l’autre, a-t-elle soutenu — ils devraient faire des achats dans les limites de leur budget et les rembourser rapidement.
«Je me suis assise avec de jeunes couples et j’ai commencé à leur poser des questions sur leurs dettes, et ils ont trois ou quatre cartes de crédit, et ils ont des soldes sur chacune d’elles, a-t-elle ajouté. Et le taux (d’intérêt), j’ai vu entre 15 et 30%, selon la carte. C’est comme si on ne pouvait jamais rembourser cette somme, n’est-ce pas?»
Bien s’entourer
Une marge de crédit non garantie serait une meilleure option qu’une carte de crédit en cas d’urgence, lorsque ses économies ne sont pas suffisantes en raison de taux d’intérêt plus bas, a indiqué Mme Childerhose.
En ce qui concerne les solutions, il existe des ressources gratuites ou abordables partout, a fait valoir Mme Knoblach, notamment des livres, des cours en bibliothèque, des services de conseil en crédit à but non lucratif et des ateliers de budgétisation. Les planificateurs financiers et les coachs peuvent fournir des conseils personnalisés.
Les jeunes consommateurs sont dans une phase de croissance, a-t-elle souligné, ce qui peut être coûteux. Et la pression exercée par les pairs pour maintenir un style de vie peut encourager de mauvaises habitudes financières.
«Les jeunes ont tendance à travailler dans des postes de débutant avec un revenu discrétionnaire limité, mais ils peuvent s’endetter considérablement, avec des prêts étudiants ou des prêts automobiles, pour construire leur vie», a noté Mme Knoblach.
«S’entourer de personnes qui gèrent leur argent avec sagesse peut vous aider à améliorer vos propres habitudes financières au fil du temps. Comme le dit le dicton, “qui se ressemble s’assemble”», a-t-elle ajouté.
Par Nina Dragicevic