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Des titres à la traîne qui recèlent du potentiel

Jean Décary|Édition de la mi‑Décembre 2021

Des titres à la traîne qui recèlent du potentiel

(Photo: Nicholas Cappello pour Unsplash)

Depuis le début de la pandémie de COVID-19, beaucoup de titres boursiers ont été écorchés par divers facteurs, comme les mesures sanitaires, la montée de l’inflation, la pénurie de main-d’oeuvre ou les problèmes de chaîne d’approvisionnement.

Parmi les titres qui ont été affectés, quels sont ceux qui recèlent un potentiel de rebond intéressant à moyen terme ? Nous avons posé la question à quatre gestionnaires de portefeuille.

 

La sélection de Steve Bélisle, gestionnaire de portefeuille principal, gestion de placements Manuvie

Intertek

(ITRK, LSE, 5 069 £)

Capitalisation boursière:8,16 G£

 

«Vu la performance des marchés cette année, un titre n’a pas eu à baisser beaucoup pour sous-performer les principaux indices», fait remarquer d’emblée Steve Bélisle. Il pense notamment à Intertek, qui a vu le cours de son action baisser de 10 % cette année. Le titre a atteint un sommet de plus de 6000 livres sterling (£) au cours de l’été et se négocie actuellement à des niveaux similaires à ceux de 2017.

«Le secteur pétrolier a affecté la société et des pépins internes ont plombé la croissance de ses revenus», explique-t-il. L’entreprise basée à Londres, au Royaume-Uni, se spécialise dans l’examen, l’inspection et la certification de produits à l’échelle mondiale. «Tous les produits que nous consommons, du pétrole aux souliers de course, doivent être inspectés sur les chaînes manufacturières.»

Le groupe est l’un des trois leaders mondiaux dans ce secteur de pointe. «Il fait partie d’un oligopole. La société a des laboratoires partout dans le monde pour servir de gros clients, dont des multinationales, comme Nike.» Selon lui, la présence internationale et la réputation de cette entreprise fondée en 1885 représentent des barrières à l’entrée qui lui procurent un avantage concurrentiel. «Beaucoup d’entreprises qui importent d’Asie doivent avoir recours à leurs services pour que leurs produits soient inspectés avant d’entrer en Amérique du Nord.»

Il ajoute que les préoccupations croissantes des entreprises envers les facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) militent aussi en sa faveur puisque cette entreprise peut apporter son sceau d’approbation à ce chapitre. «C’est un vecteur (les facteurs ESG) très en croissance en ce moment. Les grandes multinationales demandent de plus en plus ce type de service pour montrer à leurs actionnaires qu’elles se conforment aux nouvelles règles de développement durable.»

Steve Bélisle juge qu’à moyen terme, une entreprise de qualité comme celle-ci, avec autant d’atouts, devrait fort bien performer. Intertek verse à ses actionnaires un dividende qui procure un rendement de 2,11 %.

 

London Stock Exchange Group

(LSEG, LSE, 7 062 £)
Capitalisation boursière : 36 G£

(LSEG, LSE, 7 062 £)

Capitalisation boursière : 36 G£

 

Un autre titre anglais attire son attention, celui des propriétaires de la Bourse de Londres, qui a vu le cours de son action chuter de 20 % cette année, baisse qui a même atteint 30 % à un certain moment. Le titre s’est négocié en février dernier à tout près de 10 000 £ avant de descendre pendant l’été pour graviter autour des 7000 £. C’est un groupe diversifié d’infrastructures London Stock Exchange Group (LSEG, LSE, 7 062 £) Capitalisation boursière:36 G£ de marchés financiers et de marchés des capitaux qui va bien au-delà des frontières du Royaume-Uni, rappelle Steve Bélisle.

Outre la Bourse londonienne, les activités de cette entreprise touchent plusieurs segments (services d’information, technologies et produits dérivés, etc.). Le groupe est aussi présent dans plusieurs pays, dont l’Italie, où il opère le marché boursier Borsa Italiana.

Il ajoute que l’entreprise a acheté, il y a quelque temps déjà, les indices boursiers Russell, qui sont très utilisés dans l’investissement passif. «C’est un aspect que l’on aime beaucoup, car lorsqu’un indice est bien établi dans son créneau, il est très difficile à déplacer. Il devient comme la norme dans l’industrie. Et on sait l’essor que connaissent les fonds négociés en Bourse (FNB).»

Le groupe détient aussi un certain nombre de plateformes de négociation et fournit des services technologiques de postnégociation. Steve Bélisle rappelle que la société anglaise a récemment mis la main sur Refinitiv, un des plus grands fournisseurs en données financières dans le monde, une entreprise détenue autrefois par Thomson Reuters et auparavant par Blackstone. Il constate que l’intégration de Refinitiv, plus coûteuse que prévu, et l’ajout de dette ont fait chuter le cours de l’action. «On a bien étudié la transaction. On croit que la société sera en mesure de bien contrôler ses coûts et de réussir pleinement l’intégration de Refinitiv. Nous avons vu la chute du cours comme une occasion d’achat.»

Il juge le titre sous-évalué par rapport à ses pairs et estime que le peu de concurrence directe à laquelle fait face l’entreprise dans la plupart de ses activités la positionne avantageusement. Le rendement du dividende de London Stock Exchange Group est de 1,07 %.

 

Mastercard

(MA, NYSE, 347,45 $US)

Capitalisation boursière: 347 G$ US

 

Comme bien d’autres, le titre de l’entreprise américaine de cartes de crédit a été malmené lors de la crise sanitaire en raison, notamment, de la diminution des dépenses liées aux voyages.

Si le cours de l’action a repris de la vigueur à la fin de 2020, son rendement cette année a plutôt été inégal, en baisse de 5 %. «Ce qui est notable, considérant la performance des marchés.»Steve Bélisle juge qu’il est difficile de trouver dans le monde des entreprises aussi performantes et avec une telle qualité dans les opérations.

En dépit des récents soubresauts, il continue d’aimer Mastercard qui, aux côtés de Visa, forme un duopole quasi impossible à attaquer. «Ils savent profiter de leur taille dans le marché et améliorer leurs marges bénéficiaires de façon continue.»L’entreprise, basée dans l’État de New York, profite aussi de vents favorables, c’est-à-dire du vecteur de croissance structurel que représentent les moyens de paiement électronique. Malgré la hausse des marges des deux entreprises, Steve Bélisle observe que Mastercard ne reste pas assise sur ses lauriers et qu’elle investit beaucoup en recherche et développement (R-D). «Ils dépensent des fortunes à ce chapitre et font ce qu’il faut pour rester à la fine pointe de la technologie afin de pouvoir répondre aux diverses demandes et façons de commercer.»

Selon lui, les fintechs n’apparaissent plus comme une menace pour leur modèle d’affaires, au contraire. «On parle beaucoup du “achetez maintenant et payez plus tard ”, c’est-à-dire d’acheter un bien et de le payer en plusieurs versements mensuels. Mais beaucoup de gens préfèrent utiliser leurs cartes de crédit.» Dans le contexte d’une reprise de vie normale, post-pandémique, il juge le cours du titre attrayant. «Mastercard devrait profiter de la hausse graduelle des paiements outre-mer». Le rendement du dividende est de 0,54 %.

 

Real Matters

(REAL, Toronto, 8,71 $)

Capitalisation boursière: 713 M$

 

«C’est une entreprise de bonne qualité et c’est mon choix de titre qui s’est le plus replié cette année, en baisse de plus de 50 %.»Le titre se négociait autour de 20 $en début d’année et à plus de 30 $au cours de l’été 2020. Basée en Ontario, Real Matters offre des solutions infonuagiques d’évaluation de maisons pour les prêteurs hypothécaires.

Il souligne que l’entreprise, qui a fait son entrée en Bourse seulement en 2017, a déjà rallié à sa clientèle quelques-uns des plus gros prêteurs hypothécaires américains. «Ils servent en majorité les banques, mais aussi les évaluateurs de maison. L’an dernier, la société a vu ses volumes de transactions bondir.»Les bas taux d’intérêt auraient incité plusieurs personnes à refinancer leur hypothèque. Il y a aussi eu plusieurs transactions immobilières, car plus de 552 000 résidences ont changé de propriétaire en 2020.

Steve Bélisle est d’avis que la société a éprouvé cette année des difficultés à gérer sa croissance et qu’elle a vu décroître quelque peu son volume, en raison d’un retour à une situation plus normale. Mais il entrevoit néanmoins beaucoup de positif à l’horizon. «Les dirigeants s’apprêtent à signer un contrat avec un client très important, l’une des 10 plus grandes banques américaines, sans oublier que la société a déjà des ententes avec trois des six grandes banques canadiennes.»

Le gestionnaire de portefeuille soutient que les dirigeants ont comme objectif de tripler leur part de marché d’ici 2025.ll juge le prix de l’action attrayant au cours actuel et voit du potentiel pour une détention à long terme. «Ça reste un titre cyclique et assez volatil.»

 

La sélection de titres de Alexandre Legault, vice-président et gestionnaire de portefeuille chez Allard, Allard et Associés

Recipe

(RECP, Toronto, 19,19 $)

Capitalisation boursière: 1,1 G$

 

Anciennement CARA, Recipe Unlimited Corporation exploite et franchise différentes bannières en restauration, dont The Keg, Harvey’s, East Side Mario’s, Chalet Suisse et Original Joe’s. Fondée en 1883, c’est l’une des plus anciennes entreprises de restaurants du pays. Le cours de son action est en baisse de plus de 15 % depuis cinq ans. «L’entreprise ontarienne est connue au Québec pour avoir fait l’acquisition des rôtisseries St-Hubert», souligne Alexandre Legault.

Son modèle d’affaires est basé en grande partie sur des restaurants avec des salles à manger. «Ils ont été très touchés par la pandémie, mais ils ont été résilients en misant sur les livraisons et les commandes à emporter.»

Plusieurs de leurs bannières sont en Ontario, où les mesures sanitaires ont été très strictes, fait-il remarquer.ll observe que le groupe sort de la crise avec un bilan seulement légèrement moins bon qu’avant la pandémie, ce qui est très bien dans les circonstances. «Leur nombre de restaurants a à peine diminué. Ils sont bien placés pour profiter de la reprise au moment où les gens se remettent à sortir davantage et à aller dans les restaurants. Il y a aussi moins d’espaces entre les tables puisque les gens doivent présenter leur passeport vaccinal à l’entrée.»

Une grande partie du modèle d’affaires de Recipe repose sur les franchisés desquels elle obtient des redevances sur les revenus. «C’est une sorte de protection contre l’inflation, par rapport aux coûts des aliments et de la main-d’oeuvre.»Il juge le cours de l’action attrayant au prix actuel, soit à moins de 12 fois les profits attendus en 2022. À noter que Fairfax Financial Holding, l’une des autres suggestions du gestionnaire, détient une importante participation dans Recipe.

 

Linamar

(LNR, Toronto, 79,95 $)

Capitalisation boursière: 5,23 G$

 

«Malgré les vents contraires qu’elle a affrontés, on continue de bien aimer cette entreprise basée en Ontario, qui oeuvre dans le secteur industriel.» Le cours de l’action se négocie sous sa valeur de 2017.

Alexandre Legault rappelle que Linamar a su bien diversifier ses activités ces dernières années. L’entreprise fabrique des pièces automobiles, mais possède aussi une division industrielle. Leur marque Skyjack est un leader mondial des plateformes de travail (nacelles). Ils ont également des produits de machinerie agricole (Macdon).

«C’est un titre complet. Lorsque tu fais la somme des parties, tu vois que tout est peinturé avec le même pinceau», dit-il de façon imagée. Il évalue que les divisions agricoles et industrielles ont de meilleures marges bénéficiaires et sont donc moins volatiles que celle de pièces automobiles. «Actuellement, tu as un multiple d’une entreprise de pièces automobiles pour quelque chose qui représente beaucoup plus que ça.»

La division des pièces automobiles a souffert de problèmes d’approvisionnement et a moins bien performé. «Il n’y avait pas d’inventaire. Les constructeurs ont moins produit en raison du problème de pénurie de microprocesseurs. Les ruptures de stock et les problèmes d’approvisionnement, c’étaient des problèmes répandus. Cela devrait se résorber avec un certain retour à la normale en 2022.»

Alexandre Legault observe qu’en raison de la pandémie, il continue à y avoir une certaine résistance pour le transport en commun, pour la proximité en général. C’est selon lui un autre point favorable pour leur segment automobile, car la demande pour les autos usagées est en hausse et que les gens se déplacent davantage en voiture. «Ils ont un bilan super bon, très peu de dettes, et le cours de l’action se négocie à moins de 10 fois le ratio cours/bénéfice.»Le rendement du dividende de l’entreprise est d’environ 1 %.

 

Zimmer Biomet Holdings

(ZBH, NYSE, 146,93 $US)

Capitalisation boursière: 31 G$US

 

«C’est l’un des leaders mondiaux en matière d’outils médicaux et de matériaux orthopédiques.»Comme plusieurs entreprises dans ce secteur, Alexandre Legault rappelle que Zimmer a écopé pendant la pandémie en raison de la priorité accordée aux malades de la COVID-19 dans les hôpitaux.

Le titre a chuté de près de 15 % cette année et a connu une croissance modeste de 5 % depuis deux ans. «Les chirurgies électives ont été mises de côté. Donc, beaucoup moins de poses de prothèses de hanche ou de genou.»

Il note que plusieurs de ces cas sont encore en attente. «Il y a un rattrapage à faire. L’état de ces gens ne s’est pas amélioré dans l’intervalle.» L’entreprise, basée à Warsaw, en Indiana, devrait profiter d’un certain retour à la normale, d’après le gestionnaire de portefeuille. «Ils ont des solutions pour la grande majorité des blessures squelettiques.»

Selon lui, un retour à l’ancienne réalité devrait signifier que les gens vont se mettre à bouger davantage. «Les risques de blessures seront donc plus grands. D’autant plus que les gens ont moins bougé ces derniers mois:il y avait moins de sports d’équipe et de contact en général.»

Il fait remarquer que l’entreprise a vendu en cours d’année ses divisions de soins dentaires et de la colonne vertébrale, ce qui a amélioré son bilan et l’a placée en bonne position pour procéder à des acquisitions. «C’est aussi un secteur d’activité où les barrières à l’entrée sont assez grandes. Il n’y a pas beaucoup de joueurs, ce qui leur procure un avantage.»

C’est une action qui, historiquement, se négociait à des niveaux plus élevés. «À 16 fois les revenus attendus, le cours du titre est raisonnable.» Après avoir récemment suspendu son dividende, Zimmer Biomet a payé 0,96 $par action à ses actionnaires au dernier trimestre.

 

Fairfax Financial Holding

(FFH, Toronto, 584,79 $)

Capitalisation boursière: 17 G$

 

«Depuis la crise financière [de 2007-2008], les actions de croissance, entre autres les FAANG (Facebook, Apple, Amazon, Netflix et Google) aux États-Unis, ont offert un bien meilleur rendement que les titres de type valeur.»Actuellement, selon le gestionnaire, le S&P 500 croissance se négocie presque au double des ratios cours/bénéfices du S&P 500 valeur. «La prime est d’environ 90 %.» Il souligne qu’au sommet de la bulle technologique, la prime était de l’ordre de 60 % et qu’historiquement, elle est d’environ 25 %.

«Le prix que tu payes est important. Et la seule aubaine en ville en ce moment, ce sont les actions de type valeur.» Il s’agit d’entreprises plus traditionnelles, avec de bons bilans, une bonne croissance des bénéfices, de bons flux de trésorerie, le type d’entreprise qui devrait bien performer à long terme.

Pour lui, le conglomérat financier canadien Fairfax, basé à Toronto, est l’archétype de l’entreprise valeur. «Prem Watsa, le fondateur et PDG, a d’ailleurs souvent été comparé à Warren Buffett, de Berkshire Hathaway.»Fairfax est une compagnie d’assurance IARD (incendie, accident et risques divers) de biens.

La société se sert de ses flux de trésorerie excédentaires pour investir dans d’autres entreprises. Ils ont un portefeuille de titres d’une valeur d’environ 9 milliards de dollars (G $). Ils détiennent notamment Recipe (à 40 %).»

Malgré une légère hausse du titre en Bourse en 2021, ce dernier stagne depuis quelques années. «En janvier 2015, l’action se négociait à 675 $.» Il considère ses multiples attrayants à 0,7 sa valeur comptable (Book Value) et à 9 fois son ratio cours/bénéfice. «Sa valeur comptable est à escompte (de 34 %) par rapport à sa moyenne des 10 dernières années.» Fairfax verse un dividende annuel de 12,82 $par action, soit un rendement d’environ 2,38 %.

 

La sélection de titres de Vincent Fournier, gestionnaire de portefeuille à Claret

SNC-Lavalin

(SNC, Toronto, 34,58$)

Capitalisation boursière: 6 G$

Rendement du dividende: 0,24%

 

Plombée par les scandales depuis quelques années, l’entreprise de génie-conseil de Montréal éprouve toujours de la difficulté à retrouver son erre d’aller même si son action a connu une récente embellie. Le titre a chuté de 40 % depuis cinq ans alors qu’il se négociait à tout près de 60 $. Mais il y a de l’espoir selon Vincent Fournier.

«Depuis deux ans, l’entreprise a mis fin à la portion “contrats clés en main ”, qui a beaucoup miné la société et d’où provenaient les troubles et les pots-de-vin». Selon lui, SNC faisait des pieds et des mains pour gagner des contrats desquels elle perdait ultimement 11 % en moyenne.» Il reconnaît que de mettre fin à ce segment ne se fait pas du jour au lendemain. «Ils doivent finaliser leurs contrats, qui s’élèvent à 1,2 G $. D’ici 12 à 18 mois, ce sera terminé.»

Il estime qu’en l’état actuel, la division des services d’ingénierie couplée à celle des activités abandonnées des projets de construction clés en main valent autour de 10 fois le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissements (BAIIA), soit environ 37 $l’action. «Comme ils perdent historiquement 11 % de leur contrat, on peut soustraire encore 1 $de cette estimation».

Avec une population mondiale qui devrait atteindre 11 milliards d’êtres humains d’ici la fin du siècle, et avec des ressources de plus en plus limitées, les demandes pour des solutions en ingénierie seront fortes. «Dans ce contexte, l’évaluation de SNC-Lavalin apparaît comme plus attrayante que celle de ses pairs.»

La croissance du dividende de SNC-Lavalin, soutenue depuis plusieurs années, avait été freinée en 2018, l’entreprise ayant coupé celui-ci de plus de 70 %. Actuellement, le dividende annuel est de 0,08 $par action.

 

Alithya

(ALYA, Toronto, 3,48 $)

Capitalisation boursière:291 M$

 

Cette entreprise québécoise, dont les activités sont dans le secteur des technologies de l’information, a fait son entrée en Bourse en 2018. Son action est en baisse de plus de 30 % depuis. Le titre a fait du surplace depuis un an.

«C’est le début de la reprise pour ce titre.» Vincent Fournier raconte que la société est arrivée sur le marché avec deux gros clients: la compagnie de chemin de fer du Canadien National et Desjardins. Mais que ceux-ci ont dû rationaliser leurs besoins et que leur marché au sud de la frontière s’est aussi contracté.

«Ce qui a fait que l’entreprise a eu de la difficulté à croître de façon organique avec comme conséquence que les investisseurs n’ont pas accordé au titre les multiples attendus.» Selon lui, par ricochet, cela a nui à leur stratégie de croissance par acquisitions.

«Cette stratégie s’opère bien si tu as une bonne monnaie d’échange. Tu vas te servir de la force de ton action pour monnayer les sociétés que tu vas acquérir. Malheureusement, ce n’était pas possible.» Tout n’est pas sombre d’après le gestionnaire de portefeuille à Claret. Un examen des états financiers de l’entreprise dénote une excellente stratégie opérationnelle. «Les marges brutes sont passées de 10 % à 29 % ces dernières années.»

Les marges de BAIIA prévues en 2022 sont de l’ordre de 5,5 %. Au premier trimestre, la croissance des ventes sur un an était de 43 % — dont 23 % de façon organique. «Tous ces éléments laissent croire que la direction du bateau peut changer rapidement pour prendre la bonne trajectoire.»

Il voit des ressemblances avec les premières années de CGI. «C’est difficile d’établir les bases. Mais on connaît la suite pour CGI, que l’on détient depuis longtemps.»

 

Colabor

(GCL, Toronto, 0,82 $)

Capitalisation boursière: 83 M$

 

Ce grossiste et distributeur alimentaire essaie de relancer ses activités depuis plusieurs années. Le titre a chuté de plus de 30 % depuis cinq ans et vivote depuis un an. «La société est entrée en Bourse à l’époque des fiducies de revenu. L’entreprise était alors hyper bien évaluée par rapport à ses compétiteurs dont le capital était fermé.»

En 2010, le cours de l’action avait frisé les 13 $. «Elle avait donc une très bonne monnaie d’échange pour faire des acquisitions et justifier sa présence en Bourse.» Malheureusement, selon Vincent Fournier, la société a multiplié les acquisitions et mis la main sur une collection d’entreprises, dont plusieurs étaient mal gérées et qu’elle n’a pas réussi à bien intégrer. «Colabor ne les a pas bien digérées. Il y a beaucoup d’exemples qui en témoignent.» L’entreprise est rapidement devenue endettée et non rentable.

«Quand le prix de ton action ne te permet plus de faire des acquisitions, tu dois le faire en t’endettant. C’est un couteau à deux tranchants.» La société de Boucherville a cependant procédé à un virage important il y a quelques années, rappelle le gestionnaire de portefeuille.

Elle s’est départie de certaines de ses activités. À preuve, en 2018, ses ventes totalisaient 1,2 G $, comparativement à 461 millions de dollars (M$) en 2021. «En contrepartie, leur BAIIA ajusté est passé de 1,5 % des ventes à 6,3 %.»

Aujourd’hui, Colabor est une entreprise beaucoup moins endettée et plus rentable. Il estime que le problème de recrutement de main-d’oeuvre, qui a plombé les derniers résultats trimestriels, devrait être temporaire.

«Elle avait, jusqu’au troisième trimestre qui a brisé son élan, une super bonne année sur le plan financier.» Il croit cependant que c’est un écueil de passage et que si la direction continue de bien gérer l’entreprise, la valeur de son titre pourrait s’apprécier entre 2,50 $et 3 $.

 

Questor

(QST, Vancouver, 1,89$)

Capitalisation boursière:52 M$

 

Fondée en 1994, cette entreprise de technologie environnementale est basée à Calgary. «L’entreprise a développé une technologie de capture du méthane qui permet de le brûler à 99,9 %.»

Vincent Fournier explique que la pandémie a provoqué une baisse du prix du pétrole et a ralenti considérablement les activités de Questor. Le cours de son action a été bousculé en Bourse; le titre est en baisse de 18% depuis le début de l’année et en chute de plus de 50 % depuis deux ans.

Le gestionnaire de portefeuille rappelle que dans leurs activités d’exploration, les entreprises présentes dans le secteur pétrolier et gazier doivent faire du flaring , c’est-à-dire de brûler les gaz de surface. «C’est très polluant et cela crée des gaz à effet de serre.»L’entreprise albertaine a fabriqué des incinérateurs qui arrivent à capter ces émanations, à les éliminer et à transformer l’énergie obtenue en électricité.

«Ils ont connu beaucoup de succès au Colorado, notamment, où de nombreux sites de forage de pétrole de schiste côtoient des zones habitées.» Ils peuvent construire et vendre des incinérateurs, mais en louent aussi à de petits producteurs de pétrole.

Il ajoute que même si les derniers mois ont été plus difficiles, le bilan financier de l’entreprise est resté sain. Il vante pour cela la gestion parcimonieuse d’Audrey Mascarenhas, la PDG. «Elle gère l’entreprise à la cenne près.» Il estime que le retour à la normale sera bénéfique pour l’entreprise. «Il n’y a pas beaucoup d’actions en circulation; si la société démontre de la rentabilité, le cours de l’action pourrait monter très rapidement.»

Dans l’industrie du pétrole, Questor est l’une des entreprises qui pourraient apporter, selon lui, une solution importante à la question des gaz à effet de serre. «C’est un titre qui pourrait valoir de 5 $à 6 $.»

 

La sélection de titres de Philippe Hynes, président et gestionnaire de portefeuille chez Tonus Capital

mdf commerce (Mediagrif)

(MDF, Toronto, 5,28 $)

Capitalisation boursière: 150 M$

 

La première suggestion de Philippe Hynes a son siège social à Longueuil. Il s’agit du fournisseur de plateformes de commerce électronique mdf commerce, qui a vu le cours de son action chuter de plus de 50 % cette année, passant d’un sommet de 16 $à moins de 6 $. Le titre a continué de dégringoler après l’acquisition, au mois d’août, de l’américaine Periscope, dans une transaction de l’ordre de 260 M$.

La capitalisation boursière de mdf était de 248 M$ avant l’achat; elle a perdu plus de 30 % de sa valeur sur le marché depuis. «Ça n’a pas été bien reçu ni bien compris, je crois. Moi j’y vois du bon: ça vient bonifier leur division en approvisionnement électronique.mdf devient en quelque sorte le numéro un dans ce segment d’activités.» Il estime que l’intégration de Periscope devrait ajouter 40 % de croissance à ses revenus. L’entreprise compte aussi une division qui offre des solutions intégrées de commerce électronique et de paiement. En matière d’évaluation, Philippe Hynes considère que le titre se négocie au rabais par rapport à ses pairs (la norvégienne Mercell Holding et l’américaine GTY Technology).

«Le titre se négocie à deux fois les revenus, comparativement à six fois chez ses compétiteurs. C’est un gros escompte.» Il reconnaît que les marges sont actuellement faibles, mais que la croissance des revenus devrait à terme bonifier les multiples de mdf. «Au début 2020, le titre faisait du surplace avant de décoller. Je crois qu’après deux ou trois trimestres de bons résultats avec Periscope, on pourrait assister à un scénario semblable.»

 

Marché Goodfood

(FOOD, Toronto, 6,93 $)

Capitalisation boursière:510 M$

 

Le titre de cette entreprise montréalaise spécialisée dans les boîtes de repas prêts à cuisiner, fondée en 2014, est en baisse de plus de 40 % cette année. Ce leader dans le domaine au Canada a vu cette année le cours de son action passer de 14 $, un sommet, à plus ou moins 7 $. «Il y a une peur post-COVID raisonnable. À mesure que la population reprend un train de vie plus normal, on craint que l’entreprise ne puisse maintenir le même nombre d’abonnés.»

Les investisseurs sont aussi préoccupés par l’implantation de l’épicerie en ligne. «Est-ce que ce segment d’activités sera un trou sans fin avant d’avoir un rendement sur le capital investi ?» Goodfood a récemment annoncé à Toronto qu’elle ferait de la livraison d’épicerie en une heure. Il croit que ce service devrait être offert à Montréal et à Vancouver d’ici quelques mois. «Ils ont mis la barre très haut. Mais c’est ce qu’ils avaient dit qu’ils feraient.»

L’implantation de leur épicerie en ligne représente actuellement 10 % de leur chiffre d’affaires. «C’est un beau vecteur de croissance et on s’attend à ce que cela représente l’an prochain environ 100 M $de revenus, soit 20 % des ventes de l’entreprise», dit-il. Les deux ou trois prochains trimestres seront difficiles du côté des marges et de la profitabilité en raison de l’inflation des salaires, du prix élevé des commodités et des investissements dans l’épicerie en ligne.

Philippe Hynes croit que le titre pourrait rebondir si l’entreprise est en mesure d’augmenter ses prix tout en maintenant une croissance du nombre de ses abonnés. La part de marché de Goodfood, au pays, est de 40 % — avec seulement quelques joueurs qui ont l’avantage de la taille.

Au Canada, HelloFresh (une entreprise allemande) est leur principale concurrente avec des parts de marché similaires. La québécoise Cook it, plus petite et surtout présente dans la Belle province, occupe de 7% à 8 % des parts de marché selon le gestionnaire de portefeuille. «En matière d’évaluation, Goodfood se négocie à moins d’une fois les ventes, contre trois fois pour sa principale rivale [HelloFresh].»

 

Haivision Systems

(HAI, Toronto, 7,67 $)

Capitalisation boursière: 204 M$

 

En baisse de plus de 35 %, l’action de ce fournisseur montréalais de solutions de diffusion en continu a connu une année difficile. Son cours avait atteint un sommet au début janvier, à 14 $, avant d’amorcer sa lente descente durant l’hiver.

«L’entreprise offre des solutions de vidéo (streaming) sur Internet. Elle possède de l’équipement pour encoder, éditer et décrypter du contenu vidéo de façon sécuritaire.» Philippe Hynes souligne que la société compte de nombreux clients commerciaux ainsi que d’importants partenaires technologiques. Leur site web fait mention d’équipes sportives (Steelers de Pittsburgh, Marlins de Miami), de médias (CTV), d’établissement du savoir (universités et musées), de centres de santé et de lieux de culte. «Ils ont aussi Microsoft comme client, la NASA et de nombreux tournois de jeux vidéo en ligne.»

Il signale que l’entreprise est entrée en Bourse en décembre 2020. «Au fond, l’action se négocie actuellement au prix de son entrée en Bourse.» Le gestionnaire de portefeuille croit que, comme plusieurs autres entreprises technologiques, elle a été aux prises avec des problèmes de retards dans sa chaîne d’approvisionnement. «La carence en puces électroniques a légèrement décalé le déploiement de leurs systèmes.» Il s’explique mal cependant les raisons de la baisse abrupte du cours de l’action. «Leur bilan est très bon. Le titre se négocie à huit fois le BAIIA. Un multiple qui est avantageux par rapport à certains de ses compétiteurs, dont l’action se négocie plus chèrement.»

Il voit d’un bon oeil l’acquisition récente de l’américaine CineMassive, qui devrait favoriser la croissance de ses revenus. «Ça fait plus de 20 ans qu’ils sont en affaires et qu’ils sont rentables. La société est entrée en Bourse pour croître et pas pour liquider ses actions.»

 

VOTI Détection

(VOTI, Vancouver, 0,36$)

Capitalisation boursière:17 M$

 

«C’est une entreprise plus petite, plus volatile et donc un investissement plus risqué, précise-t-il. Il s’agit d’une petite capitalisation boursière de moins de 20 M $.»Comme plusieurs autres entreprises, VOTI a durement été touchée par la crise sanitaire.

L’action a chuté de 75 % depuis mars 2020. Le titre est passé de 1,42 $à 0,36 $. L’entreprise montréalaise se spécialise dans le développement de plateformes et de logiciels de dépistage et de détection à rayons X.

«Elle fabrique du matériel de détection à des fins de sécurité. On les retrouve, par exemple, dans les événements sportifs, sur des bateaux de croisière, dans les écoles aux États-Unis, etc.» Elle a des clients comme le Madison Square Garden, Turkish Airlines, l’Agence des services frontaliers du Canada et Carnival Cruise Lines.

«Leur modèle d’affaires a été éprouvé durement pendant la pandémie. Ils ont accumulé des dettes pour se garder à flot et ont dû émettre cet été de nouvelles actions. Mais c’était la chose à faire.»

Philippe Hynes croit qu’ils sont maintenant bien positionnés pour profiter d’un éventuel retour à la normale. Il s’attend à ce que leurs revenus, d’environ 25 M $à 30 M $cette année, retournent à leur niveau prépandémique de 40 M $.

«La société n’est pas dans le marché des aéroports, réservé aux plus grands joueurs de l’industrie. Mais dans la petite niche où ils sont, et compte tenu de leur grosseur, ils sont un joueur important.» VOTI a aussi des bureaux à Dubaï, aux Émirats arabes unis, et à Johor Bahru, en Malaisie. «Le ratio risque/bénéfice est intéressant. S’ils sont capables d’obtenir les revenus anticipés pour 2023, c’est un titre qui pourrait doubler, voire tripler.»