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En Bourse, les faux pas des nouveaux boursicoteurs

AFP|Publié le 18 mai 2022

En Bourse, les faux pas des nouveaux boursicoteurs

La première erreur mémorable de Mickaël, un enseignant de 47 ans, était «due à une mauvaise connaissance du système». (Photo: 123RF)

Paris — C’est en faisant des erreurs qu’on apprend. Et à la Bourse beaucoup de débutants qui se sont lancés ces dernières années ont trébuché dans leurs premiers pas, avec à la clef des déconvenues financières.

La première erreur mémorable de Mickaël, un enseignant de 47 ans, était «due à une mauvaise connaissance du système».

Après une bourde, il s’est retrouvé avec trois fois trop d’actions d’Orapi, un fabricant de produits d’hygiène coté à la Bourse de Paris. En avril 2020, il tente d’acheter des titres juste après 17h30, pendant la période de «fixing» qui sert à enregistrer les dernières opérations avant la fermeture définitive du marché à 17h35.

«L’achat n’apparaissait pas dans mon portefeuille donc je clique une deuxième fois pour refaire l’achat, pensant à une erreur informatique, rien. Je réessaie encore une fois, toujours rien. Puis à 17h35, tout est passé d’un coup!»

Il comprendra plus tard que c’est ainsi que fonctionne cette zone tampon de cinq minutes, à ses dépens puisque «le lendemain le titre a chuté de 40%», lui faisant perdre environ 600 euros. 

Une meilleure connaissance des outils aurait aussi pu éviter à un internaute Twitter de perdre une partie de son investissement dans la biotech Ose Immuno. Il a gagné «12% en une séance», avant d’être malencontreusement «hospitalisé aux urgences le soir même»: résultat, à sa sortie d’hôpital trois jours plus tard, il avait perdu 28%, n’ayant «aucune idée de ce qu’était un stop loss» qui lui aurait pourtant permis de vendre automatiquement ses actions lorsque le prix est tombé trop bas.

Ce genre de protection est le «cheval de bataille» de Nicolas Chéron, stratégiste marchés pour Zonebourse.com qui se qualifie d’«éducateur et vulgarisateur» des marchés financiers par l’entremise de son compte Twitter et ses vidéos. 

Son conseil: avoir «toujours une porte de sortie si jamais la situation dérape».

 

Les jeunes attirés par les cryptomonnaies

Le chouchou du grand public le plus dangereux est sûrement le marché des cryptomonnaies, des actifs imprévisibles qui attirent de nombreux jeunes, comme David qui a sauté le pas en mars 2021. 

Sans bagage financier, cet attaché parlementaire de 26 ans s’est formé «en autodidacte» avant d’investir… et de perdre «500 euros sur un total de 750″. «Au début, on perd forcément de l’argent, c’est comme ça qu’on apprend», relativise-t-il. 

Les erreurs d’investissement peuvent coûter cher, surtout pour les particuliers qui croient avoir décelé une pépite, aidés parfois par des conseils erronés. 

Mickaël naviguait beaucoup sur Boursorama et ses forums de discussion, mais «il y a plein d’arnaqueurs sur ces forums», selon lui.

Abreuvés de vidéos et publicités (souvent trompeuses) vantant des gains mirobolants, les particuliers cherchent à maximiser leurs rendements, en prenant parfois des risques inconsidérés.

«Les néo-investisseurs ont tendance à vouloir détecter le point bas d’une valeur qui chute», un pari risqué, car le prix continue souvent de baisser, témoigne Nicolas Chéron qui reçoit des centaines de messages d’investisseurs particuliers chaque jour. 

 

Risques inconsidérés

Il constate que ces boursicoteurs privilégient des placements risqués aux cours très fluctuants. Et cite un graphique de Bloomberg montrant que le panel des actions préférées des particuliers a perdu plus de 30% depuis le début de l’année, alors qu’un indice américain de référence, le S&P 500, a cédé 15% dans le même temps.

Grégory Guermonprez, directeur de la banque en ligne Fortuneo, évoque un raz-de-marée de néo-boursicoteurs arrivés depuis deux ans chez Fortuneo: «le nombre de nos clients Bourse a bondi de 60% depuis janvier 2020».  

Selon le gendarme boursier français, plus de 3 millions de particuliers européens étaient actifs sur les marchés financiers au premier trimestre 2022, effectuant près de 30 millions d’euros de transactions, des chiffres triplés par rapport à mi-2018.

Chez Fortuneo, ces nouveaux arrivants sont jeunes, 32 ans en moyenne dont un tiers de 18-25 ans. Ce sont à 70% des hommes, plutôt «autonomes» dans leurs investissements, explique M. Guermonprez.

La question se pose maintenant de fidéliser cette nouvelle clientèle alors que l’environnement de marché s’est fortement dégradé: depuis le début de l’année, les actions piquent du nez.