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En période d’incertitude, des occasions à saisir

Morningstar|Publié le 10 mars 2023

En période d’incertitude, des occasions à saisir

(Photo: 123RF)

Même si la Banque du Canada a maintenu ses taux au même niveau mercredi, après huit augmentations successives, l’inflation continue à être une épine aux pieds des banques centrales comme des investisseurs. Sans compter les risques de récession qui abondent. Ce qui rend de nombreux investisseurs inquiets en ce début d’année.

Mais certaines de ces craintes sont peut-être exagérées, selon la firme Morningstar, qui organisait récemment un forum intitulé «Les perspectives du marché en 2023».

Chef de la stratégie du marché américain pour Morningstar Research, David Sekera croit «que l’inflation a atteint un sommet l’automne dernier aux États-Unis, qu’elle est en baisse depuis et qu’elle continuera à baisser jusqu’à la fin de l’année. Nous prévoyons une inflation américaine de 3,2% pour la fin de l’année, et à moins de 2% pour l’année prochaine. Nous pensons que les facteurs qui ont déclenché une inflation élevée en 2022 ont pratiquement disparu aux États-Unis.» Il a aussi ajouté que Morningstar s’attendait à une croissance stagnante aux T3 et T4 de 2023, tempérant ainsi les risques d’une récession.

Judith Chan, vice-présidente et cheffe des portefeuilles multi-actifs chez Placements NEI, ne semble cependant pas d’accord avec ces prévisions. «Nous pensons que le Canada a atteint un sommet dans ses taux, mais que ce n’est pas encore le cas des États-Unis. Les Canadiens sont plus endettés que les Américains, notamment pour ce qui est du logement. L’immobilier canadien est passé de 5% du PIB à près de 11%. Si les taux d’intérêt devaient encore augmenter, il en résulterait encore plus de dégâts pour l’économie», a indiqué Judith Chan, ajoutant qu’elle ne pensait pas qu’il y aurait de réductions de taux cette année.

De son côté, David Tulk, Gestionnaire de portefeuilles de répartition d’actifs mondiaux à Fidelity Investments, croit que «bien que le pire soit passé, l’inflation elle-même n’est pas terminée. Les facteurs susceptibles de faire augmenter l’inflation sont les services et le marché du travail. Il y a actuellement un resserrement du marché du travail aux États-Unis et au Canada en raison d’un déséquilibre entre l’offre et la demande. Ainsi, nous pensons que les taux d’intérêt resteront probablement élevés», a-t-il indiqué.

 

«Ne laissez pas tomber le portefeuille 60-40»

Même si l’année 2022 a été brutale pour le portefeuille 60-40, Judith Chan avance que les investisseurs auraient tort d’y renoncer. «La correction boursière a réduit l’effervescence du marché. Les obligations sont de nouveau attrayantes pour leur rendement et présentent moins de risques. Je pense que nous pouvons espérer que le pire est passé pour le portefeuille 60-40.»

Pour David Tulk, «la volatilité de l’inflation aura un impact négatif sur la corrélation actions-obligations, mais rend les obligations de courte durée plus attrayantes. Toutefois, avec des taux plus élevés, nous n’aurons pas besoin de chercher des titres hors du commun pour l’allocation de 40% à notre portefeuille 60-40. Les actifs traditionnels suffiront. Nous n’avons plus besoin de regarder du côté des devises, ou des marchandises (dans le domaine des actions et des placements directs) comme nous le faisons maintenant», dit-il.

 

La question de l’investissement thématique

Même s’il est pratiquement impossible de gagner sur tous les tableaux, rappelle Morningstar, les personnes qui investissent dans les fonds thématiques doivent choisir dans l’ordre : un thème gagnant, un fonds qui est bien placé pour survivre et un moment où les valorisations montrent que le marché n’a pas encore intégré le potentiel de ce thème.

Mais, «si investir se fonde sur des modèles tangibles, ça va. S’il est dirigé par le sentiment, ça ne va pas, prévient David Tulk. Il faut faire un travail de recherche sur les thèmes. Du moment qu’un portefeuille équilibré constitue le noyau d’un portefeuille et que les thèmes s’agencent comme des satellites, aucun problème, mais l’investissement thématique est très difficile».

De son côté, Judith Chan voit des occasions dans certains créneaux spécifiques, comme l’infrastructure des énergies renouvelables, qui joueront un rôle dans la transition énergétique. «Avec ces situations, nous cherchons des sociétés qui nous paient pour attendre, c’est-à-dire que nous étudions des firmes qui ont une bonne trésorerie et de bons rendements. Nous cherchons aussi des occasions d’améliorer les rendements comme les options, mais nous utilisons moins les options maintenant que les obligations se portent beaucoup mieux», a-t-elle dit.

 

Quelles actions pourriez-vous acheter en ce moment?

Du côté des actions, David Sekera, de Morningstar Research, souligne qu’à présent, nous sommes à l’opposé de là où nous nous trouvions au début de 2022.

«Au début de 2022, les États-Unis étaient surévalués, la valeur était sous-évaluée et la croissance surévaluée. En 2023, le pendule est de l’autre côté. Nous voyons maintenant les États-Unis comme étant sous-évalués de 10 à 12%. Pour le Canada, nous pensons que les actions de ce pays sont sous-évaluées et 5 à 6%. La raison pour laquelle ce pays semble tellement plus cher que les États-Unis est qu’aux États-Unis, les noms à méga-capitalisation comme Microsoft (MSFT) et Amazon (AMZN) sont très sous-évalués, ce qui pousse l’ensemble du marché vers le bas. Pour remettre les chiffres en perspective, le Canada a débuté 2022 avec une surévaluation de 5%, est passé à une surévaluation de 15% lors de l’effondrement du T4, avant de devenir sous-évalué de 5% maintenant», dit-il.

Au Canada, David Sekera pense que l’énergie est surévaluée, mais voit tout de même des occasions dans certaines sociétés à responsabilité limitée et dans les oléoducs. Il cite TC Énergie (TRP) en exemple. «Nous pensons aussi que les banques canadiennes sont sous-évaluées de 5 à 10%. Selon nous, les marges nettes sur les intérêts vont augmenter très bientôt, et les marchés surestiment les pertes sur les emprunts», dit-il.