Êtes-vous financièrement prêt à adopter un animal de compagnie?
La Presse Canadienne|Publié le 19 septembre 2023«On doit réfléchir à sa propre vie, à ses propres priorités et à ses propres objectifs avant d’adopter un adorable enfant à fourrure.» (Photo: La Presse Canadienne)
Lorsque vient le temps de conseiller les jeunes clients qui envisagent d’accueillir un nouveau bébé à fourrure dans leur famille, la planificatrice financière agréée et propriétaire de chat, Cindy Marques, a une philosophie globale: «prenez d’abord soin de vous».
Bien qu’il soit certainement possible pour les jeunes Canadiens ayant un bon état d’esprit financier d’avoir les moyens d’acquérir un animal de compagnie, Mme Marques dit voir trop souvent des clients avec des difficultés financières se montrer prêts à adopter ou à acheter un animal de compagnie, ce qui pourrait les entraîner encore plus profondément dans un gouffre financier.
«En fin de compte, une grande partie de ce que je fais avec mes clients s’appuie fortement sur la planification des flux de trésorerie», explique Mme Marques, qui est également directrice de l’éducation et de la planification financière chez Open Access Limited.
«En fin de compte, il faut faire preuve de pragmatisme et commencer à réfléchir à la question de savoir s’il est possible de soutenir l’ajout d’une personne à charge à ses flux de trésorerie.»
C’est quelque chose dont Jordyn Preston — étudiante en troisième année en sciences politiques et en philosophie à l’Université Carleton — était bien consciente lorsqu’elle a jeté son dévolu sur un chiot teckel cette année.
Ayant grandi avec des chiens, elle savait déjà combien pouvait coûter un chiot. Malgré tout, après avoir examiné ses habitudes de dépenses conservatrices et la santé de son compte d’épargne, elle a décidé qu’elle était suffisamment à l’aise financièrement pour accueillir Phineas dans sa résidence étudiante.
«J’ai ce genre de budget étudiant classique, indique Mme Preston. Je n’ai jamais gagné plus que le salaire minimum, je travaille à temps partiel et je n’ai pas d’avantages sociaux, mais je sais comment épargner et dépenser mon argent en tant que personne financièrement indépendante.»
Compte tenu de son expérience canine et de son engagement à offrir à Phineas la meilleure vie possible, Mme Preston a déployé des efforts considérables pour faire ses recherches sur les coûts initiaux et continus estimés associés à l’adoption d’un chiot, en tenant compte du fait qu’un chien plus petit coûterait probablement moins cher.
«Ils ont tendance à moins manger, à être moins chers à entretenir, et ils n’ont pas besoin d’autant d’exercice, donc je n’ai pas besoin de passer autant de temps en dehors des heures de travail ou d’école avec lui», souligne-t-elle.
Une entrée distincte au budget
Mme Marques insiste sur l’importance d’estimer à l’avance les coûts pour les besoins spécifiques d’un animal, car les propriétaires doivent traiter leurs animaux de compagnie comme de véritables personnes à charge, plutôt que comme quelque chose à ajouter à un poste budgétaire existant.
«Par exemple, je n’intègre pas la nourriture de mon chat dans mon budget d’épicerie, explique-t-elle. (Ce montant) est sur une ligne distincte, pour que ce soit très clair et que je me rappelle qu’il s’agit d’une personne à charge financière que j’aime et que je veux bien traiter, et qu’elle a un coût auquel je suis préparé.»
Être un propriétaire d’animal financièrement préparé, ajoute Mme Marques, signifie également qu’il faut se préparer au pire — en mettant de l’argent supplémentaire de côté ou en souscrivant une assurance pour animaux de compagnie pour les visites inattendues chez le vétérinaire, ainsi qu’en fixant une limite mentale au sujet de ce que l’on est prêt et capable de dépenser si la situation dégénère.
«C’est morbide, mais surtout lorsqu’un animal commence à vieillir ou tombe vraiment malade, il faut réfléchir sérieusement à ce seuil», prévient-elle.
«Jusqu’où est-on prêt à aller avant de se ruiner pour un animal de compagnie qu’on aime peut-être beaucoup, mais dont les opérations chirurgicales ou les traitements ne sont peut-être pas possibles, d’un point de vue pratique et financier?»
Pour Mme Preston, une partie de sa planification d’urgence comprenait également la prise en compte des genres de folichonneries auxquelles on peut s’attendre de la part d’un jeune chien, à savoir faire les choses qu’il ne devrait pas faire.
«Évidemment, ils font leurs dents, donc ils vont mâchouiller tout ce qui leur tombe sous la main, note-t-elle, ce qui signifie qu’il faut remplacer beaucoup de jouets, mais aussi ses propres chaussures, vêtements, etc.»
«Mais il ne faut pas oublier que les chiots vont faire des choses stupides, ajoute Mme Preston, ce qui pourrait se traduire par une visite surprise chez le vétérinaire.»
Pour tenir compte de cela, Mme Preston a souscrit une assurance pour animaux de compagnie pour la première année de la vie de Phineas, compte tenu des risques associés à un chiot. Par la suite, elle a l’intention de compter uniquement sur une allocation budgétaire «50-20-30» pour ses finances: 50% pour ses besoins, 20% pour ses désirs et 30% pour ses épargnes personnelles et ses comptes liés à Phineas.
Jusqu’à présent, cela a suffi à couvrir le prix d’achat de Phineas de 2200$, environ 500$ de frais vétérinaires initiaux comme les vaccinations et le déparasitage, et plus de 1000$ de fournitures générales, soit un total d’environ 4800$ depuis mai 2023.
«Avoir un animal de compagnie tout en étant jeune adulte est tout à fait possible, mais il faut être suffisamment discipliné pour que cela fonctionne avec ses finances et son style de vie», ajoute Mme Preston.
Cette considération liée au style de vie est un sentiment auquel Mme Marques fait écho, affirmant que les jeunes Canadiens doivent tenir compte de facteurs uniques, financiers ou autres, lorsqu’ils décident d’acheter, ou non, un animal de compagnie.
«Quand on est jeune, plusieurs choses sont en suspens, dit-elle. On veut peut-être voyager et faire des sorties spontanées, ou on peut avoir un travail qui ne permet pas de rentrer chez soi pour sortir le chien pendant une heure», illustre-t-elle.
«On doit réfléchir à sa propre vie, à ses propres priorités et à ses propres objectifs avant d’adopter un adorable enfant à fourrure.»
Par Pascale Malenfant