De Longhi SpA (DLG), marque italienne dominante dans la fabrication de machines à café et d’autres petits appareils haut de gamme. (Photo: 123RF)
Bien que les marchés boursiers européens aient beaucoup de mal, depuis quelques années, à tenir le rythme du marché américain, en partie à cause de la domination des puissants géants de la techno qui exercent une influence majeure sur les indices américains, investir est devenu encore plus difficile en Europe depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Au 30 avril, le Fonds européen Mackezie Ivy, promu par Placements Mackenzie à Toronto, affichait depuis le début de l’année un rendement négatif (-12,9%). Malgré la déception qu’a occasionnée cette perte, cette dernière a été légèrement inférieure à celle de la Catégorie Morningstar Actions européennes et de l’indice de référence s’y rapportant.
À plus long terme, ce fonds médaillé Bronze par Morningstar a affiché un gain annuel moyen de 3 points de pourcentage pour les cinq ans échus au 30 avril: une performance de second quartile qui l’a placé en tête du rendement moyen de la catégorie et à un point de pourcentage de moins que l’indice.
Matt Moody, vice-président et gestionnaire de portefeuille dans l’équipe Mackenzie Ivy à Toronto, qui supervise le fonds en compagnie du vice-président principal Paul Musson et du vice-président adjoint Jason Miller, dit que les gestionnaires de portefeuille cherchent des sociétés de qualité supérieure qui ont la capacité d’offrir les meilleurs rendements au cours des cinq à 10 prochaines années, quels que soient les changements que réservent l’économie et d’autres facteurs globaux.
La résilience des sociétés est essentielle
«Plutôt que d’essayer de prendre des décisions sur des facteurs macroéconomiques comme la guerre ou la pandémie, nous cherchons des sociétés qui peuvent croître avec résilience, quels que soient les obstacles, dit Matt Moody. Nous avons un horizon à long terme, et parfois la volatilité des marchés boursiers peut créer des occasions en matière de prix.»
Bien que l’équipe n’essaie pas de prédire la direction réelle de l’économie, des événements politiques ou des taux d’intérêt, elle n’ignore pas les facteurs macroéconomiques inhabituels qui causent des problèmes aux sociétés, notamment ce qui est en train de devenir un conflit de plus en plus prolongé en Ukraine, et une inflation qui grimpe.
«Nous ne sommes pas des prévisionnistes, mais nous examinons tout de même avec quelle efficacité les sociétés peuvent s’accommoder des difficultés qu’elles rencontrent», dit Matt Moody.
L’inflexion pétrolière et gazière
Les coûts énergétiques augmentent rapidement et d’autres pressions poussent les prix vers le haut, et les dépenses de consommation et la croissance économique vont vraisemblablement souffrir.
La Bundesbank a récemment indiqué que l’économie allemande pourrait subir une contraction allant jusqu’à 2 % cette année si la guerre en Ukraine se poursuit, s’il y a un moratoire sur le pétrole et le gaz russes dont l’Allemagne dépend, et si la demande de produits manufacturés allemands dans le monde s’affaiblit. L’Allemagne est le moteur principal de la croissance européenne, et un ralentissement de l’économie allemande aurait de grandes répercussions.
Retombées du choc des prix
Avec l’inflation qui s’incruste de plus en plus dans le monde entier, certaines sociétés trouvent que le coût d’intrants comme la main-d’œuvre et les matériaux augmente, ainsi que les dépenses liées au déplacement des marchandises d’un point à un autre.
«Les coûts ont beaucoup augmenté en peu de temps, et nous essayons de voir quelles sociétés souffriront si l’inflation perdure, dit Matt Moody. Nous examinons le pouvoir de fixation des prix et l’excellence de l’image de marque, et essayons de déterminer celles qui peuvent demeurer profitables.»
L’approche de l’équipe de Mackenzie Ivy en Europe a toujours été d’investir dans une combinaison de « champions locaux », qui dominent leur marché géographique tout en ayant un potentiel de croissance à l’étranger, et de géants mondiaux bien établis en dehors de leurs frontières. De nos jours, toutefois, elle met davantage l’accent sur les sociétés qui ont des opérations dans le monde entier et réalisent une grande partie de leurs profits à l’extérieur de l’Europe.
Une rampe de lancement européenne
«Nous voulons réduire la concentration géographique et le risque boursier», dit Matt Moody.
Le fonds ne détient aucune société dont le siège se trouve en Europe de l’Est, bien que certaines entreprises augmentent leur volume d’affaires dans cette partie du monde.
«Nous avons une participation aux marchés émergents par les opérations de certaines sociétés, mais nous préférons celles qui sont domiciliées en Europe de l’Ouest à cause du risque politique plus faible qu’elles représentent et de leurs normes plus élevées en matière de comptabilité et de gouvernance d’entreprise, dit Matt Moody. Il n’y a pas beaucoup de chefs de file mondiaux originaires de l’Europe de l’Est.»
Un avoir préféré est Admiral Group PLC (ADM), société de services financiers britannique spécialisée dans l’assurance automobile, que le fonds détient depuis 14 ans.
«La société est économiquement résiliente et a connu une croissance impressionnante dans une industrie extrêmement concurrentielle, dit Matt Moody. On a toujours besoin d’assurance automobile et la firme apporte une contribution solide et tranquille au fonds. Nous sommes convaincus qu’elle pourra maintenir sa splendeur pendant les cinq à 10 prochaines années, et c’est le point sur lequel nous nous concentrons plutôt que d’essayer de prédire des facteurs macroéconomiques comme les conséquences du Brexit.»
Un bilan solide est important pour aider les sociétés à absorber les chocs, dit Matt Moody, ainsi qu’une culture d’entreprise solide, qui est moins tangible, mais tout aussi déterminante pour leur résilience.
La valeur de la culture d’entreprise
La culture d’entreprise couvre toute une série de facteurs comme les relations avec la communauté et les employés, l’efficience opérationnelle et l’esprit d’entreprise. Cela conduit à attirer et cultiver les meilleurs employés, et à obtenir un engagement plus important et une rétention plus longue du personnel.
«La culture d’entreprise est un actif sous-évalué, dit Matt Moody. Elle est difficile à copier pour la concurrence, et c’est pour une société un grand avantage à long terme qui en soutient d’autres.»
Le Fonds européen Mackenzie Ivy maintient un portefeuille concentré de 25 à 30 noms. Le fonds peut investir dans des sociétés de toutes les tailles, mais il s’agit principalement de compagnies à moyenne ou grande capitalisation, qui doivent avoir des cours attrayants et être liquides.
L’approche de l’équipe est d’avoir une rotation de titres faible, mais elle est plus active en période de volatilité boursière. Les gestionnaires sont disciplinés et n’achètent que quand le prix est raisonnable, et s’ils trouvent une société attrayante, mais chère, ils attendent patiemment que son prix baisse, ou ne l’achètent carrément pas.
Une société qui a été ajoutée au portefeuille ces six derniers mois est Vestas Wind Systems (VWDRY), entreprise danoise d’énergies renouvelables spécialisée dans la production, l’installation et l’entretien d’éoliennes dans le monde entier. La société a des marges bénéficiaires élevées, une exécution hors pair et un avantage d’échelle par rapport à ses pairs.
Un autre avoir important est De Longhi SpA (DLG), marque italienne dominante dans la fabrication de machines à café et d’autres petits appareils haut de gamme.
«Nous aimons bien ce créneau, et la société devrait bénéficier de l’adoption de plus en plus généralisée de cafés de meilleure qualité par le consommateur, y compris chez lui, dit Matt Moody. Ces tendances ont été accélérées par la pandémie de COVID.»