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INDICATEUR CLAIR. Le ratio du rendement de l’actif est un indicateur important à connaître quand vient le temps de déterminer si une société fait un usage efficace ou inefficace de ses investissements. Ce ratio comporte toutefois quelques écueils qu’il importe de reconnaître pour faire une analyse juste et utile.
Le ratio du rendement de l’actif permet d’évaluer quantitativement le niveau d’efficacité d’une entreprise en ce qui a trait à l’utilisation de ses actifs pour générer des profits, explique Alex Fabian, gestionnaire de portefeuille et conseiller en placement à Gestion de patrimoine TD. Au plus simple, on le calcule en divisant le bénéfice net de l’entreprise par son actif total.
«De façon générale, plus le ratio est élevé, mieux c’est», dit Alex Fabian. Un investisseur qui désire pousser son analyse plus loin peut toutefois ajuster le calcul de différentes manières. Comme le ratio du rendement de l’actif est, dans sa forme la plus simple, un indicateur tourné vers le passé — il est basé sur des données historiques —, il peut être judicieux de remplacer le bénéfice net par le bénéfice net futur estimé.
Par ailleurs, comme l’actif total inclut autant la dette que l’équité, certains analystes ajoutent les intérêts débiteurs au bénéfice net. La logique derrière cette modification est que ces sommes reviennent aux créanciers, alors que l’apport financier de ceux-ci est déjà pris en compte dans le dénominateur. L’indicateur ainsi calculé donnera donc une meilleure idée des bénéfices opérationL nels que peut tirer l’entreprise, peu importe sa structure en capital.
Attention aux comparaisons
Si le ratio du rendement de l’actif est utile dans plusieurs secteurs, un investisseur devrait l’utiliser seulement pour comparer des entreprises du même secteur, note Alex Fabian. «Il faut comparer des pommes avec des pommes, illustre-t-il. Vous ne voulez pas comparer une société immobilière avec une autre du secteur industriel ou de la technologie.»En effet, d’un secteur à l’autre, les ratios moyens peuvent être sensiblement différents.
Dans une industrie à forte intensité de capital, comme celle des chemins de fer, le rendement de l’actif sera généralement plus faible puisque son exploitation nécessite une infrastructure coûteuse. À l’inverse, dans le domaine des services, le rendement de l’actif sera habituellement plus élevé parce que leur exploitation nécessite peu d’immobilisations. Pensons à un cabinet de services-conseils, par exemple.
Philippe Lapointe, analyste aux investissements chez Rivemont, donne quelques exemples chiffrés:«Pour une banque, un ratio de 1 % peut être un très bon signe, tandis qu’en technologie, le ratio sera jugé bon à 5 % et excellent à 20 %.» L’analyste estime d’ailleurs que le ratio est un peu plus approprié pour des analyses dans le domaine bancaire, essentiellement pour des raisons de comptabilité.
«Dans leur bilan, les banques rapportent leurs actifs à leur valeur de marché, ou mark-to-market. Dans la plupart des autres industries, c’est plutôt le coût d’acquisition qui est privilégié, ce qui est peut-être un peu moins informatif dans le cas où il y aurait un besoin de remplacer des actifs.»
Évaluer l’évolution
Au-delà des comparaisons entre sociétés similaires, Philippe Lapointe note que le ratio du rendement peut aussi servir à évaluer dans le temps l’évolution de la performance d’une entreprise.
«Si l’on ne fait pas de comparaison, le ratio du rendement de l’actif ne veut pas dire grand-chose, dit-il. Le ratio d’Amazon peut être de 4,2 %, mais ce chiffre lui-même est peu informatif. On peut donc analyser la progression du ratio dans le temps.»L’analyste explique par exemple que si un investisseur constate que le ratio du rendement d’une entreprise augmente d’une année à l’autre, c’est souvent une bonne nouvelle.
«Cela signifie qu’une entreprise est en train d’améliorer ses opérations, dit Philippe Lapointe. Si on étudie une entreprise qui a investi lourdement à ses débuts, ses profits peuvent ensuite accélérer beaucoup plus rapidement que ses coûts à long terme.»Il met toutefois en garde les investisseurs en ce qui a trait aux secteurs cycliques. Le ratio pourrait alors être trompeur.
«Pensons à l’industrie pétrolière, illustre-t-il. Dans les derniers mois, les entreprises du secteur ont eu des rendements de l’actif beaucoup plus élevés que dans les dernières années. C’est similaire dans les autres industries cycliques. Les rendements seront souvent meilleurs durant les booms.»Dans ces cas-là, tranche Philippe Lapointe, mieux vaut user du ratio pour déterminer quel opérateur est le meilleur de son secteur.