Jean-Martin Fortier cultive sa passion… et la rentabilise!
Claudine Hébert|Édition de la mi‑juin 2020LE FRIC ET MOI. «J’ai réalisé que la richesse, c’était avant tout un état d’esprit.»
LE FRIC ET MOI. Reconnu mondialement pour ses techniques d’agriculture sur petites surfaces, le jardinier-maraîcher Jean-Martin Fortier a trouvé le moyen de gagner plus avec moins.
Quelle est votre relation avec l’argent ?
Je me suis posé la question il y a une quinzaine d’années : comment se faisait-il qu’après avoir étudié dans de bonnes écoles (collège privé au secondaire et un baccalauréat en environnement à McGill), je ne parvenais pas à faire le même salaire que ceux ayant étudié avec moi ? C’est alors qu’il y a eu ce déclic. J’ai réalisé que la richesse, c’était avant tout un état d’esprit. J’ai compris que ma réussite irait de pair avec un travail qui aurait du sens à mes yeux. Je devais donc trouver un concept qui me permettrait à la fois d’être bienveillant, de redonner à la société et surtout de m’amuser.
Quelle est votre recette ?
Afin de vivre aisément, tout en passant 80 % de mon temps à faire ce que j’aime, c’est-à-dire cultiver mes champs, j’ai développé d’autres activités lucratives liées à ma passion agricole. J’ai ainsi publié un livre sur l’agriculture de petites surfaces qui s’est vendu à près de 200 000 exemplaires dans le monde. Je donne aussi de deux à trois conférences par année en Amérique du Nord et en Europe. J’offre même un cours en ligne qui est suivi par des milliers de gens dans près de 60 pays.
Quel a été votre meilleur investissement ?
En 2003, j’ai acheté un terrain de près de un hectare à Saint-Armand. Cet investissement nous a permis, ma conjointe Marie-Claude et moi, de créer les Jardins de la grelinette. Nous n’avions que 15 000 $ en poche. Nous avions économisé cet argent en travaillant pendant un an et demi sur une ferme biologique au Nouveau-Mexique. Nous n’étions payés que 11 $ de l’heure, mais grâce au taux de change qui était de plus de 40 %, ça nous en faisait plus de 15 $. On a réussi à transformer le clapier qui était déjà sur ce terrain en une résidence familiale. Aujourd’hui, notre jardin, devenu une ferme biologique, génère des ventes de plus de 150 000 $ par année.
Dans quoi dépensez-vous beaucoup ?
J’achète des livres de façon compulsive. C’est un de mes péchés mignons. Je dois acheter au moins de six à huit livres par mois, et ce, peu importe leur coût. Il y a tellement de sujets qui m’intéressent, comme l’agriculture, mais aussi les affaires, la croissance personnelle. Cependant, mon emploi du temps est tellement chargé que je réussis à peine à lire cinq livres par mois. Et ce, à moitié.
De qui proviennent vos meilleurs conseils financiers ?
Côtoyer l’investisseur André Desmarais m’a permis d’en apprendre beaucoup sur le monde des affaires, et surtout d’avoir accès à un très bon réseau de contacts, mais c’est de mon père Martin, décédé il y a cinq ans, que je retiens les meilleures leçons. C’est lui qui m’a aidé à bâtir mon premier plan d’affaires, qui m’a inculqué les principes de gestion, de comptabilité et de lectures de bilans financiers. C’est grâce à lui que je suis devenu l’entrepreneur que je suis.
Enfin, quel outil indispensable suggérez-vous aux jardiniers en herbe qui souhaitent suivre vos pas ?
Procurez-vous une bonne grelinette. Prévoyez entre 150 $ et 200 $ pour un instrument de qualité qui va vous aider à ameublir vos couches de sol de façon écologique.