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La littéracie financière traditionnelle ne suffit plus

Matthieu Hains|Publié le 14 février 2023

La littéracie financière traditionnelle ne suffit plus

«Le numérique est malheureusement un terreau fertile à la fraude», dit Louis Morisset. (Photo: courtoisie)

L’utilisation des services financiers en ligne a explosé depuis la pandémie, que ce soit les services bancaires, le courtage en ligne ou les cryptomonnaies. Cette transformation numérique du secteur financier et l’avancée de la finance durable sont les deux tendances lourdes avec lesquels les investisseurs devront se familiariser, indique l’Autorité des marchés financiers (AMF).

Lors d’une allocution dans le cadre des «rendez-vous avec nos PDG» du Cercle Canadien, Louis Morisset, président-directeur général sortant de l’AMF, a défini les défis auxquels font face les investisseurs et le régulateur.

«Le numérique est malheureusement un terreau fertile à la fraude» — dit-il. Les réseaux sociaux ont donné de nouveaux outils aux fraudeurs qui leur permettent d’observer notre quotidien «à partir de notre trace numérique».

Les pratiques de marketing en ligne et sur les réseaux sociaux tentent d’influencer les consommateurs.

Les investisseurs autonomes et ceux investis dans la crypto en particulier adoptent de plus en plus les réseaux sociaux comme source d’informations et basent leurs décisions financières sur l’opinion d’influenceurs.

Il dénonce du même souffle les plateformes en ligne qui incorporent des éléments de jeux vidéos dans leurs activités, comme «l’attribution de points ou de récompense en fonction de l’atteinte de certains paliers».

La ludification des plateformes d’investissement et les «finfluenceurs» tentent de manipuler la prise de décision des investisseurs et à les amener à s’engager dans des opérations financières contraires à leurs intérêts.

La littératie financière traditionnelle ne protège plus suffisamment les consommateurs. Les investisseurs doivent aussi se familiariser avec la cybersécurité, la protection des données personnelles, et être capables de reconnaître la fraude et la désinformation.

 Pour Louis Morisset, «la seule véritable ligne de défense face aux risques numériques» est la vigilance des consommateurs.

 

La finance durable et les critères ESG

La prise de conscience sur l’importance de la finance durable est la deuxième tendance que Louis Morisset met de l’avant.

«Des risques non financiers comme les changements climatiques et les événements météo qui en découlent peuvent rapidement se transformer en risques financiers»

Il y a maintenant un consensus que la prise en compte des facteurs ESG influence la valeur à long terme d’une entreprise. Les facteurs ESG encouragent la croissance économique durable et la stabilité à long terme du système financier.

L’AMF est, selon lui, à l’avant-garde des régulateurs mondiaux au niveau des critères ESG.

Ils ont été parmi les premiers à proposer des obligations spécifiques dans l’accès des investisseurs à l’information. Que ce soit sur les changements climatiques ou la représentation des femmes au sein des C.A. et des hautes directions.

L’AMF porte aussi son attention sur les nouvelles classes d’actifs, en particulier les fonds qui se disent écoresponsables afin que les investisseurs aient les informations adéquates pour prendre leurs décisions et les protéger contre le risque d’écoblanchiment.

Louis Morisset espère que «d’ici cinq à dix ans, nous n’en parlions plus comme une tendance [la finance durable], mais bien comme une réalité»