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La santé financière des ménages québécois se dégrade

Denis Lalonde|Publié le 04 octobre 2019

Les Québécois sont moins nombreux à vivre d’une paie à l’autre que la moyenne canadienne, mais...

Les Québécois sont moins nombreux à vivre d’une paie à l’autre que la moyenne canadienne, selon un sondage Angus Reid effectué pour le compte de BDO Canada.

Toutefois, cela n’empêche pas la santé financière des ménages québécois de se dégrader, indique l’Indice annuel d’accessibilité financière de BDO Canada, réalisé grâce à un sondage Angus Reid effectué auprès de 2047 Canadiens. 

L’Indice annuel d’accessibilité financière de BDO Canada indique que 53% des Canadiens continuent de vivre d’une paie à l’autre cette année. Au Québec, 51% des personnes sondées estiment être dans la même situation, comparativement à 45% en 2018. 

«Trois Canadiens sur dix (31%) ont retardé le remboursement de leur carte de crédit parce qu’ils n’en ont pas les moyens et quatre sur dix ont une dette de plus de 20 000$ en excluant l’hypothèque», souligne le sondage.

Ronald Gagnon, vice-président principal et associé chez BDO Canada, soutient que différents facteurs expliquent pourquoi la santé financière des ménages canadiens se détériore: «Si on parle du Québec en particulier, le gouvernement provincial a augmenté le montant minimal qui doit être versé mensuellement pour rembourser le solde impayé sur les cartes de crédit. Pour les gens qui sont endettés, ça fait qu’ils ont moins d’argent pour le reste», dit-il.

M. Gagnon concède qu’il n’est pas plus intelligent de laisser le solde et les intérêts s’accumuler sur une carte de crédit. Il insiste malgré tout sur le fait que les ménages qui avaient de la difficulté à joindre les deux bouts avec un paiement mensuel de 200$ sur leur carte de crédit ne seront pas plus avancés si ce paiement grimpe à 325$.

 

Le Québec sous la moyenne canadienne

Le Québec s’en tire un peu mieux que la moyenne canadienne dans plusieurs catégories. Par exemple, 48% des ménages canadiens disent avoir de la difficulté à payer les coûts liés à leur logement et à l’entretien de celui-ci. Au Québec, ce taux est de 32%, soit un point de pourcentage de plus qu’en 2018.

«Cette tendance est sensiblement la même dans toutes les catégories. Par exemple, 38% des ménages canadiens disent avoir de la difficulté à payer les factures d’électricité, d’Internet et du téléphone. Le Québec est à 28%, tout comme en 2018», raconte M. Gagnon.

Ce dernier ajoute qu’au Québec, 23% des ménages disent avoir de la difficulté à «mettre de la nourriture sur la table», par rapport à la moyenne canadienne de 29%.

 

Épargner pour la retraite?

Plus inquiétant, 69% des ménages canadiens disent avoir de la difficulté à épargner pour la retraite, alors que 62% de ceux du Québec sont dans la même situation.

«Quand tous ces gens vont arriver à 65 ans, qu’est-ce qui va arriver s’ils n’ont jamais épargné? Ils n’auront pas le choix de travailler plus longtemps, sans quoi ils s’exposeront à un recul important de leur niveau de vie et ils ne seront tout simplement plus capables de rembourser leurs dettes», opine Ronald Gagnon.

 

Comment corriger la situation?

Les ménages qui ont de la difficulté à faire face à leurs obligations financières doivent profiter des faibles taux d’intérêt pour rembourser leurs dettes.

«Les taux d’intérêt sont bas depuis plusieurs années, on est un peu dans la ouate. Mais c’est peu soutenable à long terme. Le jour où les taux d’intérêt augmenteront de 1 ou 2 points de pourcentage, ça gonflera les paiements de l’hypothèque, de l’auto et de la carte de crédit. Ça aura un impact majeur sur les budgets des gens», dit-il.

Sans oublier que le jour où les taux augmenteront, les ménages qui auront réussi à épargner pourront obtenir de meilleurs rendements. «Il faut faire des sacrifices dès à présent pour pouvoir en profiter plus tard», ajoute M. Gagnon.

Dans ce contexte, la première chose à faire est de procéder à une analyse de la situation financière. Cela doit permettre de faire le total des dettes pour avoir un portrait global des paiements mensuels.

Par la suite, les ménages devraient réviser leur budget ou en établir un si ça n’a jamais été fait.

«Une fois que le budget est fait, il faut être capable de décortiquer les montants alloués aux dépenses non essentielles et les transférer dans un plan de remboursement des dettes. Avant d’épargner, il faut rembourser ses dettes», affirme M. Gagnon.

À son avis, si on se rend compte qu’on a un plan difficile à réaliser, l’étape suivante est d’aller voir un professionnel qui va faire une évaluation objective de la situation et donner son avis sur la priorisation des dettes à rembourser et comment y arriver.

«Si ça ne fonctionne pas, on peut demander une consolidation de dettes si la banque le permet. Sinon, on doit alors malheureusement parler de proposition aux créanciers ou, plus rarement, de faillite personnelle», explique-t-il.

BDO Canada est une entreprise qui regroupe, au total, 66 syndics autorisés en insolvabilité au pays.