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Le Baltic Dry Index, une jauge de l’activité économique

Simon Lord|Édition de la mi‑Décembre 2021

Le Baltic Dry Index, une jauge de l’activité économique

Le Baltic Dry Index est un indice des prix qui mesure le coût du transport maritime de vrac sec. (Photo: 123RF)

INDICATEUR CLAIR. Le prix du transport maritime de vrac sec a fait les manchettes cet automne, le Baltic Dry Index ayant atteint un sommet de 13 ans, à 5650 points, au début du mois d’octobre. Voici pourquoi cet indicateur peut être utile, et surtout, voici comment le décrypter.

Le Baltic Dry Index est un indice des prix qui mesure le coût du transport maritime de vrac sec. Il peut s’agir par exemple de minerais, de charbon ou encore de céréales. Contrairement à ce que son nom pourrait laisser entendre, par contre, cet indicateur n’a rien à voir avec la mer Baltique. Il tire plutôt son nom du Baltic Exchange, un organisme qui regroupe des membres issus de l’industrie maritime basé à Londres.

Son calcul n’est pas simple, mais en gros, le Baltic Dry Index est un indice composite qui est assemblé à partir de trois autres indices qui couvrent des types de navires particuliers. Le premier, le Baltic Capesize Index, compte pour 40% de la pondération totale. Les deux autres, le Baltic Panamax Index et le Baltic Supramax Index, comptent chacun pour 30 %.

«La pondération évolue selon le marché mondial du transport maritime. L’indice a par exemple déjà inclus un quatrième sous-indice», explique Charles Brulotte, vice-président aux ventes à Institutionnel Actions, Valeurs mobilières Banque Laurentienne.

Publié sur une base quotidienne, cet indice a toutefois des caractéristiques bien à lui.

 

Collé sur la demande

La première particularité du Baltic Dry Index a trait au mouvement de l’indice. Au contraire des prix pour les matières premières, qui peuvent fluctuer de manière importante en raison de la spéculation, le Baltic Dry Index n’est pas la cible des spéculateurs.

«Il y a virtuellement zéro spéculation parce que le transport ne se négocie pas en Bourse», dit Charles Brulotte. Ensuite, l’offre de transport maritime en vrac fluctue très peu puisqu’il faut compter des années pour construire un navire.

«Pour cette raison, on peut isoler la demande, c’est-à-dire que l’on attribue généralement les fluctuations de prix à des changements dans la demande», explique le vice-président. Il formule cependant une mise en garde. Une hausse de prix peut refléter non pas une hausse de la demande mondiale de transport de vrac dans son ensemble, mais bien une hausse de la demande dans le marché sous-jacent à un des sous-indices spécifiques qui forment le Baltic Dry Index.

C’est sans compter que chaque sous-indice suit un certain nombre de routes spécifiques, ce qui peut compliquer l’interprétation davantage:«Quand j’ai regardé pour la dernière fois, il y en avait cinq pour le Capesize Index, incluant par exemple une route Chine-Australie et une autre Amérique-Europe. Mais chaque route n’est pas nécessairement pondérée en proportion du volume que la route représente dans ce marché précis.» Une hausse de prix sur une route précise peut ainsi engendrer une hausse de prix disproportionnée dans l’indice pris dans son ensemble.

Un investisseur qui veut se servir du Baltic Dry Index pour tenter de prédire les bénéfices d’une entreprise de transport, par exemple, devrait donc faire preuve d’une grande prudence.

 

Baromètre économique

En dépit de ses complexités, le Baltic Dry Index peut être un indicateur pertinent de la vitalité de l’économie, explique Jean-René Ouellet, gestionnaire de portefeuille à Valeurs mobilières Desjardins.

«C’est un bon indicateur de l’activité économique actuelle, dit-il. Je ne m’en servirais pas, par contre, pour prédire l’état de l’économie dans l’avenir.» Pour cela, il estime qu’il serait plus pertinent de jeter un oeil à d’autres données, comme les nouvelles commandes, les intentions d’investissement des entreprises, ou encore les contrats sur salaires à prime.

Même dans le cas où un investisseur se sert du Baltic Dry Index pour faire une lecture de l’état actuel de l’économie, celui-ci devrait approfondir son analyse en consultant d’autres indicateurs similaires, estime Jean-René Ouellet. «J’adore, par exemple, regarder l’état de santé et les annonces des transporteurs ferroviaires.»

Ces derniers sont présents dans le domaine agricole, les métaux, le pétrole, l’automobile et les biens de consommation, ce qui permet d’avoir une certaine vue d’ensemble. «Quand le CN et le CP disent n’avoir aucun wagon de libre d’ici 18 mois, on a donc là un autre indice que l’économie tourne à plein régime», illustre le gestionnaire de portefeuille.

Son mot de la fin ? Si l’analyse du Baltic Dry Index peut être utile pour n’importe qui étant appelé à prendre des décisions d’investissement, les analystes en herbe doivent à tout prix éviter les raccourcis.

«Investir, c’est complexe, rappelle-t-il. On ne peut pas se fier uniquement à un indicateur. Pour éviter d’être trompé par les données, on doit donc considérer plusieurs indicateurs dans leur ensemble. C’est comme ça qu’on arrive à se faire une tête sur le contexte économique mondial.»