Logo - Les Affaires
Logo - Les Affaires

Le CELI de Christian Garneau: épargner pour investir

Jean Décary|Publié le 28 janvier 2022

Le CELI de Christian Garneau: épargner pour investir

Christian Garneau aimerait que son CELI lui permette éventuellement de financer une partie de ses voyages futurs. (Photo: courtoisie)

PLEINS FEUX SUR MON CELI est une rubrique où des investisseurs individuels partagent avec nous leurs bons et mauvais coups en investissement tout en soumettant leur portefeuille à l’analyse d’un pro.

(Illustration: Camille Charbonneau)

 

 

Nom : Christian Garneau

Âge : 41 ans

Occupation : conseiller en soins infirmiers

Valeur du CELI : 39 000$

Stratégie : titres individuels

Bon coup : avoir eu le courage d’investir par lui-même

Mauvais coup : ça va venir avec le temps

Objectif : acquérir une certaine autonomie financière et une marge de sécurité

Son conseil à l’investisseur qui commence : devenez votre propre créancier et payez-vous en premier

 

«J’ai toujours été responsable et discipliné. Je payais mes comptes assidûment et je planifiais pour la retraite», explique ce travailleur de la santé de l’Hôpital Enfant-Jésus à Québec. Mais, de son propre aveu, il avait tendance à dépenser de façon superflue: «Je n’avais pas de budget. Je pouvais m’acheter des vêtements griffés et dépenser régulièrement pour un café chez Starbucks.» La lecture du livre En as-tu vraiment besoin? du chroniqueur et auteur, Pierre-Yves McSween, va être pour lui une véritable révélation. «Dans le fond ça m’a ramené à la question de base: consommer ou investir? Tout part de l’épargne.»

Comment créer de la richesse avec ses économies? Sur les conseils de sa sœur, M. Garneau jongle avec l’idée d’investir en immobilier. «Comme je me donnais déjà très fort au travail, la perspective de faire de l’argent de façon plus passive m’interpellait davantage.» Une conférence donnée par «Gerry le Boursicoteur» (Claude Trudel) sur le thème des valeurs mobilières va l’inciter à faire le saut. «J’ai compris qu’on pouvait très bien investir sans être un expert de la Bourse ou un comptable agréé.» Quelques semaines plus tard, en novembre 2019, il ouvrait son CELI et son compte de courtage autogéré. Son premier achat: l’un des fleurons québécois, le géant des dépanneurs Alimentation Couche-Tard (ATD, 48,28$). «L’incertitude qui planait autour du pétrole et leur difficulté à croître davantage par acquisitions m’ont toutefois poussé à vendre le titre.»

À l’image de plusieurs autres, le jeune investisseur va profiter de la pandémie et du krach de 2020 pour se faire la main. Il adoptera une approche quelque peu anticonformiste (Contrarian). Il cite d’ailleurs en entretien les fameuses paroles de Warren Buffett: «Soyez craintif quand les autres sont cupides et cupides quand les autres sont craintifs» (Be fearful when others are greedy, and greedy when others are fearful). Inspiré par l’Oracle d’Omaha, il acquiert des participations dans des entreprises aux cours boursiers plutôt écorchées comme SNCLavalin (SNC, 29,64$) et Ford (F, 19,45 $).

Christian Garneau est conscient que sa stratégie est appelée à évoluer et à se cristalliser avec le temps. «J’aimerais détenir plus de titres de croissance dans mon CELI et des titres de type valeur qui versent des dividendes dans mon REER.» C’est pourquoi il entend poursuivre son apprentissage par la lecture, les balados et la télévision. Il est un fidèle de Zone Économie à Radio-Canada, émission animée par le journaliste Gérard Fillion. «Je continue aussi d’apprendre à l’aide de balados que l’on peut écouter partout, en faisant du sport ou de simples tâches ménagères.» Il est redevable, entre autres, au travail d’Alex Demers (Finance 360), de Denis Lalonde (Gestionnaires en action) et de Pierre Couture (Ca$hmire). À l’écrit, les bouquins de Bernard Mooney, Investir à la Bourse et s’enrichir, et de James Pardoe, Warren Buffett: 24 leçons pour gagner en Bourse, ont été pour lui des outils très formateurs.

L’amateur de vélo de montagne et de hockey ne s’est pas donné d’objectifs précis à moyen et à long terme. «Je vise plus d’autonomie financière et une meilleure marge de sécurité.» Il aimerait que son CELI lui permette éventuellement de financer une partie de ses voyages futurs. Plus confiant en ses aptitudes, M. Garneau gère activement plus de 80% de son portefeuille, qui s’élève à 165 000 $ et comprend un REEE, un REER et son CELI. «Je compte sur une caisse de retraite bien capitalisée ce qui me permet d’être plus dynamique dans mes placements.» Il se dit aussi bien appuyé par des gens de son entourage. «J’ai notamment un mentor qui m’a beaucoup coaché et j’en apprends tous les jours. C’est devenu une passion.»

 

Dans l’œil d’un pro

«Il faut saluer sa propension à l’épargne et le courage qu’il a eu d’investir alors que les marchés étaient en forte baisse au début de la pandémie. Souvent, en pareilles circonstances, le réflexe de l’investisseur est soit de vendre ou de privilégier le statu quo», souligne Philippe Veilleux, gestionnaire de portefeuille chez Medici. Il croit que l’investisseur néophyte a aussi pu tester sa résistance à la volatilité.

M. Veilleux le félicite également d’avoir pris en main son éducation financière à l’aide de livres et de balados. «S’il veut pousser plus loin son apprentissage, ce que je lui recommande fortement, il devrait apprendre à lire et à interpréter des états financiers de sociétés.» Pour lui, tout investisseur qui aspire à connaître du succès doit scruter et comprendre les états financiers d’une entreprise. «Si un investisseur autonome choisit d’investir dans des titres individuels, c’est qu’il croit pouvoir battre les principaux indices. Cette réussite passe invariablement par une bonne analyse fondamentale.»

Le professionnel de chez Medici suggère à Christian Garneau de mieux définir sa stratégie d’investissement. «Il y a beaucoup de titres pêle-mêle, certains cycliques, d’autres plus matures aux perspectives de croissance modeste, certains de petites capitalisations, etc. Bref, il n’y a pas de dénominateur commun.» Il mentionne que près de 20% du portefeuille est occupé par des titres qui sont soit déficitaires ou dont le modèle d’affaires n’est pas éprouvé, des entreprises comme Xedec, Protalix, Surge et Lion Électrique. Un autre 30% est composé de compagnies comme SNC-Lavalin et Ford, dont la profitabilité future reste difficile à estimer — sans compter le risque politique de détenir le titre chinois Alibaba. «Et je ne considère pas Kraft HeinzFord ou Cascades comme des entreprises de croissance, si cela était son intention de départ.»

Il fait remarquer que l’investisseur a su se questionner sur les perspectives de Couche-Tard et a ultimement choisi d’investir ailleurs. «Au-delà de s’il a raison ou non, il a su s’interroger et se projeter dans le futur. Il s’est posé de bonnes questions.» Il croit qu’il aurait intérêt à faire de même pour chacune de ses positions. «Il doit prioriser la qualité sur le potentiel de rendement.» M. Veilleux se demande si l’investisseur serait à l’aise de détenir ses participations dans ces entreprises si la Bourse devait fermer pendant 5 ou 10 ans. «Comme il est amateur de Warren Buffett, il ne doit pas oublier ses deux fameuses règles. La numéro un: ne jamais perdre d’argent ; et la numéro 2: ne jamais oublier la règle numéro 1.»

 

Si vous souhaitez vous aussi partager avec les lecteurs de Les Affaires votre stratégie d’investissement dans votre CELI et faire analyser votre portefeuille par un pro, écrivez-nous à denis.lalonde@groupecontex.ca

 

Le CELI de Christian Garneau (Valeur approximative de 39 900$)

Titres Symboles % du portefeuille
SNC-Lavalin SNC.TO 14,31%
Alibaba BABA 13,06%
Cascades CAS.TO 9,6%
Brookfield Renewable Partners BEP-UN.TO 9,14%
Kraft Heinz KHC 8,45%
Xedec Adsorption XBC.TO 7,55%
Mister Car Wash MCW 7,08%
Surge Energy SGY.TO 5,82%
Ford Motor Company F 5,87%
Protalix Bio Therapeutics PLX 4,10%
Lion Électrique LEV.TO 3,9%
Espèces *** 11,12%
Total *** 100%