Âgé de 75 ans, le retraité de la fonction publique mise sur les titres individuels. (Photo: courtoisie)
Avec un portefeuille 100 % en actions, cet investisseur septuagénaire à la retraite est conscient qu’il sort un peu des sentiers battus et balisés par les règles d’or de l’investissement.
Le retraité avoue qu’il n’a jamais été dépensier de nature. Il n’est pas non plus ce qu’on appellerait un « super épargnant ». Son truc pour mettre de l’argent de côté a été, dès ses débuts professionnels, la mise en pratique de la retenue à la source. Un montant est automatiquement redirigé vers un véhicule d’épargne à chaque paye.
S’il s’est initié au monde de l’investissement par des placements sécuritaires, comme les certificats de placement garanti (CPG) et les obligations, à une époque où les taux d’intérêt étaient plus élevés, c’est au cours des années 1980 qu’il s’initie aux valeurs mobilières. « Je me rappelle avoir acheté des actions de la Banque Nationale (NA, 126,71 $) et de Tembec. » Il dit avoir été encouragé à investir dans les entreprises québécoises grâce au programme du gouvernement du Québec, le régime d’épargne-actions. Il va acheter notamment du Bombardier (BBD.B, 99,87 $) et du Jean Coutu. Il s’aventure aussi du côté sud de la frontière, avec des titres comme Bank of America (BAC, 39,58 $ US), Walgreens Boots Alliance (WBA, 9,10 $ US) et Berkshire Hathaway (BRK.B, 456,60 $ US).
Avec la création du CELI en 2009, il va y transférer petit à petit les titres qu’il détient dans son compte non enregistré. Son erreur : avoir choisi de transférer dans le CELI ses actions de Bombardier plutôt que celles de CGI (GIB.A, 155,18 $). Il a fini par vendre la totalité de ses actions de l’entreprise québécoise d’aéronautique. « Heureusement je me suis repris avec Dollarama (DOL, 137,66 $) dans mon REER. »
Il se dit satisfait du rendement annuel moyen d’environ 8 % qu’il estime avoir généré depuis qu’il s’occupe de ses placements. « Je sais que suis très concentré dans certaines positions, que ce soit Boralex (BLX, 36,01 $) dans mon CELI (25 %) ou Dollarama dans mon FERR, qui occupe presque 80 % de mon portefeuille. » Il a aussi l’habitude de vendre un peu de ses titres au printemps et de les racheter à l’automne, rarement avant novembre, un peu comme le veut l’adage « Vendre en mai et se sauver » (Sell in May and Go Away). « L’idée, c’est d’abaisser le prix moyen de mes positions. »
Il possède une variété de titres, dont certains paient des dividendes aux actionnaires, mais cela n’est pas une priorité pour lui. « Il y a un peu de tout, des titres valeur, à dividende et de croissance. Quand un titre va bien, je n’y touche pas et le laisse courir. »
Dans l’œil du pro
« Son allocation d’actifs pour le CELI (100 % en actions) m’apparaît logique au vu de sa situation », affirme Alexandre Legault, vice-président et gestionnaire de portefeuille chez Allard, Allard et Associés. Le fait que l’investisseur compte sur une généreuse caisse de retraite et qu’il n’ait pas besoin de cet argent dans l’immédiat lui permet, selon lui, de prendre davantage de risques. « Idéalement, le CELI est pour un horizon à très long terme, car c’est le dernier compte que tu vas vouloir décaisser. »
Le gestionnaire considère toutefois que le portefeuille est très concentré, notamment dans les titres de Boralex et de Dollarama, dont le dernier titre pèse aussi lourdement dans le REER. « La concentration, quand ça va bien, c’est extraordinaire, mais ce ne sont pas tous les arbres qui poussent jusqu’au ciel… » Il juge aussi que l’évaluation des deux titres est élevée. « Comme gestionnaire et fiduciaire du compte de mes clients, ce n’est pas un portefeuille que j’aurais construit. »
S’il est à jour dans ses cotisations depuis 2009, Alexandre Legault est d’avis que l’investisseur aurait pu obtenir de bien meilleurs rendements. « On parle d’un rendement moyen de l’ordre de 2 % par année. Un investisseur qui aurait simplement investi dans le marché canadien pour la même période aurait obtenu du 9 % et son CELI vaudrait autour de 210 000 $. » Dans la même veine, il note que depuis 1990, le marché canadien a donné un rendement moyen annuel de 10 %.
Le professionnel croit que l’investisseur devrait réfléchir à son approche et se développer une discipline d’achat et de vente. Selon lui, la formule qu’il devrait plutôt retenir est que le temps dans le marché bat les tentatives de se synchroniser avec les mouvements à court terme du marché. (Time
in the market beats market timing).
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