L’inspecteur ferroviaire de 29 ans compte 79 500 $ dans son CELI. Il se félicite d’avoir avoir sélectionné des titres et des FNB « classiques » et souhaite laisser ses placements fructifier à très long terme. (Photo: courtoisie)
PLEINS FEUX SUR MON CELI est une rubrique où des investisseurs individuels partagent avec nous leurs bons et mauvais coups en investissement tout en soumettant leur portefeuille à l’analyse d’un pro. Pour participer, écrivez-nous à denis.lalonde@groupecontex.ca.
(Illustration: Camille Charbonneau)
Âge: 29 ans | Occupation : inspecteur ferroviaire au gouvernement
Valeur du CELI: 79 500 $ | Stratégie : titres individuels et fonds négociés en Bourse (FNB)
Bon coup: avoir sélectionné des titres et des FNB « classiques et plates »
Mauvais coup: avoir fait des achats émotifs
Objectif: laisser ses placements fructifier à très long terme
Son conseil à l’investisseur qui commence: ne vous cassez pas la tête et optez pour des FNB
«Mes parents m’ont montré qu’on pouvait épargner même en gagnant de petits salaires», explique cet inspecteur ferroviaire au ministère des Transports du Québec. À l’école primaire, il se rappelle avoir déposé avec diligence son obole dans les enveloppes destinées à la caisse populaire. «Je me considère comme un économe pratique. J’avais en tête depuis des lustres l’achat futur d’une maison.» C’est ce qu’il va faire peu de temps après avoir terminé ses études universitaires en génie de la construction à l’École de technologie supérieure (ETS).
Comme bien d’autres, il va s’initier à l’investissement par l’intermédiaire des fonds communs de placement. «J’ai même commencé dans le CELI par des certificats de “pauvreté garantie” (placements garantis, ou CPG)…»
Un cours au cégep intitulé Bourse et gestion de portefeuille, ainsi que des discussions avec des amis, vont l’inciter à pousser davantage sa réflexion et à éventuellement faire le saut dans la gestion autonome de son CELI. «J’ai réalisé tout le potentiel de ce fabuleux véhicule de placement libre d’impôt. Cet outil financier te permet d’être à la fois riche et pauvre aux yeux du gouvernement.»
Le poste d’ingénieur qu’il occupe brièvement au privé lui permet de maximiser rapidement ses cotisations. Il se met à acheter des titres au gré de ses humeurs et des tuyaux de son entourage. «Je réalise aujourd’hui que c’était totalement dénué de stratégie et de réflexion. C’était uniquement basé sur les émotions.»Son premier achat dans le titre (en vogue) de Lion électrique (LEV, 3,60 $) va être une bonne leçon pour lui. «Mon coût d’achat moyen est autour 18 $. J’en ai racheté à quelques reprises, croyant amortir le coup. Mais le titre a poursuivi sa chute.»
Le jeune investisseur affirme n’avoir à ce jour vendu aucune des actions qu’il a achetées depuis trois ans. Il a cependant entrepris depuis un an une transition vers les FNB. «Je vais focaliser [sur les FNB] à l’avenir. J’aimerais éventuellement avoir une pondération de 90 % en FNB dans mon CELI.» Et ses titres individuels, comme les banques canadiennes, Couche-Tard (ATD, 59,31 $) ou le transporteur ferroviaire Canadien Pacifique (CP, 97,76 $) qui relie maintenant le Canada, les États-Unis et le Mexique ? «Je vais probablement liquider les titres qui vivotent et conserver ceux de qualité et qui versent des dividendes.»
Simon Paquette dit avoir assimilé comme une éponge les écrits du chroniqueur et auteur Pierre-Yves McSween, ainsi que ceux du journaliste Nicolas Bérubé, particulièrement son livre Les millionnaires ne sont pas ceux que vous croyez. Maintenant qu’il est investi dans des FNB, il n’accorde plus que quelques minutes par mois à ses investissements. «Je vais cependant profiter des corrections boursières pour accroître mes positions.»Il aimerait prendre sa retraite autour de 45 ans. «J’ai un REER à Manuvie et un à la FTQ qui sont sous gestion. Je compte aussi sur une bonne caisse de retraite avec le gouvernement», confie cet amateur de triathlon.
Dans l’oeil d’un pro
«Je ne sais pas si c’est le fruit du hasard, mais de tous les portefeuilles que j’ai eus à commenter dans le cadre de cette rubrique, c’est de loin le meilleur», affirme Vincent Fournier, gestionnaire de portefeuille à Claret. Il croit que la discipline acquise comme triathlonien a peut-être bien préparé le candidat à faire ses premiers pas en investissement. «La discipline, c’est la clé quand on investit, il faut respecter nos engagements, avoir un plan et le mettre en oeuvre.»
L’investisseur a tout de même cédé à la tentation d’acheter quelques titres plus spéculatifs, comme NIO (NIO, 10,30 $US) et VIVO (0,035 $), fait remarquer le gestionnaire. «Il n’y a pas de meilleur moyen d’apprendre que de perdre de l’argent», dit-il. Ce n’est pas un trait réservé uniquement aux investisseurs néophytes. «Les pros le font aussi.»
Vincent Fournier se demande si Simon Paquette aura la discipline, dans l’avenir, d’éviter de faire ce qu’on appelle communément du Market Timing. Il constate pour l’heure que la stratégie du Buy and Hold l’a bien servi. «C’est le pain et le beurre de beaucoup de gestionnaires chevronnés; Warren Buffett est l’un de ceux-ci.»Il croit que l’investisseur aurait intérêt à procéder éventuellement à une calibration du portefeuille. «Il pourrait très bien vendre un peu de Banque Nationale (NA, 90,74 $), par exemple, et augmenter sa participation dans Microsoft (MSFT, 233,80 $US).»
De façon générale, il aime le portefeuille qui est bien diversifié et composé de titres canadiens de qualité qui génèrent de bons flux de trésorerie. «Il a choisi une approche hybride en investissant dans des FNB américains pour la portion croissance du portefeuille. C’est une sage idée.»