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Le cuivre entre-t-il dans un nouveau supercycle?

Morningstar|Mis à jour le 18 juin 2024

Le cuivre entre-t-il dans un nouveau supercycle?

Un employé surveille un fil de cuivre enroulé avant de passer dans un laminoir pour devenir un câble dans une usine en France. (Photo: Denis Charlet Getty Images)

Le cuivre se négocie actuellement à son plus haut niveau depuis près de deux ans, car on pense que l’offre de métal rouge aura du mal à suivre le rythme de la demande mondiale croissante, et qu’il s’agit d’une protection contre les craintes d’inflation renouvelées. Le rôle du métal dans la transition vers une économie faible en carbone et dans la révolution de l’intelligence artificielle est également un facteur clé de l’augmentation attendue de la demande. 

Du côté de l’offre, les réductions de production dans les mines se multiplient : un exemple récent est la réduction de 6,5 % de la production trimestrielle d’Ivanhoe Mines dans le complexe de Kamoa-Kakula en République démocratique du Congo (RDC). Ou encore la décision de la Chinese Smelter Purchasing Team (CSPT) de réduire la production de 5 à 10 % dans les principales fonderies du pays.

D’autres facteurs politiques entrent également en jeu.

«L’interdiction sur le LME (London Metal Exchange) et le CME (Chicago Mercantile Exchange) des livraisons d’aluminium, de nickel et de cuivre en provenance de Russie a conduit les négociants à envisager un risque d’approvisionnement accru», explique Maurizio Mazziero, analyste financier et expert en matières premières.

L’offre publique d’achat de BHP sur Anglo American pour 39 milliards $US, qui a été considérée comme une offre pour les actifs de la société dans le domaine du cuivre et du minerai de fer, suggère également une forte demande pour le produit de base.

Tous ces facteurs ajoutent de la volatilité au prix du cuivre. Mais comme le dit Maurizio Mazziero, il est difficile de prévoir le prix pour 2024. Mais comme le cuivre se négocie à environ 9 890 $US la tonne sur le LME, Maurizio Mazziero estime qu’il est réaliste que le prix atteigne un sommet historique de 11 000 $US.

«Le marché du cuivre pourrait être proche d’une situation déficitaire en raison des récentes perturbations de l’offre, et toute indication d’une reprise de la demande aurait un impact significatif sur une situation déjà assez tendue», commente Roberta Caselli, stratège en investissement dans les matières premières chez Global X.

En effet, alors que les stocks mondiaux visibles sont restés inférieurs de 41 % à la moyenne saisonnière des cinq dernières années, la consommation de cuivre augmente, en particulier en Chine.

«Des opportunités de croissance significative de la demande pourraient également se présenter en raison de l’essor massif des dépenses d’infrastructure en Inde. Des sources gouvernementales ont rapporté que l’Inde enverra deux délégations au Chili le mois prochain pour explorer les gisements de cuivre, dont elle a besoin pour sa croissance économique rapide et ses plans de transition énergétique », explique Roberta Caselli.

 

Pas d’économie verte sans cuivre

Les efforts mondiaux en faveur de la décarbonisation constituent un moteur de croissance structurel pour de nombreuses matières premières ou métaux, et le cuivre est l’un des métaux clés de la transition énergétique.

Par exemple, l’énergie éolienne et l’énergie solaire comptent parmi les formes d’énergie renouvelable les plus populaires aujourd’hui. Le graphique ci-dessous montre la quantité de cuivre nécessaire pour produire de l’énergie à partir de l’éolien offshore (éoliennes en mer), de l’éolien terrestre (éoliennes sur terre) et de l’énergie solaire photovoltaïque, par rapport aux combustibles fossiles tels que le charbon et le gaz naturel.

«Cela montre que la demande de cuivre (et aussi d’autres métaux) est devenue moins flexible par rapport au cycle du marché, car elle est désormais soutenue par une tendance à long terme», explique Benjamin Louvet, responsable des matières premières chez Ofi Invest AM.

«La demande est également soutenue par des éléments qui n’avaient pas été pris en compte auparavant ou qui sont liés à l’émergence de nouveaux besoins. Un exemple parmi d’autres est le développement du réseau électrique, de nombreux gouvernements, notamment européens, n’ayant pris conscience que récemment que ne pas le développer pourrait faire échouer tous les efforts déployés pour la transition», poursuit Benjamin Louvet.

Le cuivre est un excellent conducteur d’électricité, ce qui en fait le matériau idéal pour les systèmes d’énergie renouvelable. Sa conductivité électrique élevée permet un transfert efficace de l’énergie, minimisant ainsi les pertes de puissance lors de la transmission et de la distribution.

 

Effet de l’IA

Enfin, la demande des centres de données pour l’intelligence artificielle, élément clé d’un déploiement rapide des technologies de l’IA, pourrait soutenir davantage la croissance structurelle de la demande de cuivre.

«Rien qu’aux États-Unis, les centres de données ont consommé 17 GW d’énergie; d’ici la fin de la décennie, on estime que les besoins en énergie des centres de données doubleront pour atteindre 35 GW», déclare Albert Chu, gestionnaire de portefeuille chez Man Group.

«En considérant cette croissance, il faut garder à l’esprit que les estimations de l’expansion des centres de données résultant de la pénétration de l’intelligence artificielle sont à un stade précoce et sous-estiment probablement la demande finale.»

Bien que les implications pour les marchés mondiaux du cuivre n’en soient qu’à leurs débuts, les perspectives suggèrent qu’il existe de solides moteurs séculaires pour la demande.

«Supposons que les États-Unis, où se concentre environ la moitié du marché de l’IA, augmentent leur développement de 5 GW supplémentaires chaque année. Cela suffirait à augmenter la demande de 500 000 tonnes dans le monde, ce qui équivaut à une augmentation de 2% de la demande mondiale de cuivre», explique Benjamin Louvet. Bien que cela puisse paraître insignifiant, dans un marché déjà tendu, même une pénurie de 1% pourrait plonger le marché dans un déficit important.

Alors que le monde s’efforce de parvenir à des émissions nettes nulles au cours des trois prochaines décennies, Albert Chu prédit que «la demande de cuivre sera multipliée par cinq ou six». Toutefois, poursuit-il, il pourrait être difficile de répondre à cette augmentation compte tenu des contraintes actuelles en matière d’approvisionnement.

 

Investir dans les FNB de cuivre

Le moyen le plus simple pour les Canadiens de s’exposer au cuivre est d’opter pour un fonds négocié en bourse. Les meilleurs FNB canadiens sur le cuivre sont le Horizons Copper Producers Index FNB COPP, coté à la Bourse de Toronto, et le Global X Copper Miners FNB COPX, coté à la Bourse de New York, qui suivent l’évolution des sociétés minières de cuivre. Si vous souhaitez suivre les contrats à terme sur le cuivre, les Canadiens peuvent investir dans le United States Copper Index Fund CPER.

 

Un texte de Valerio Baselli pour Morningstar