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Le feu sacré en affaires et en investissement

Eddy Chandonnet|Édition de la mi‑mai 2024

Le feu sacré en affaires et en investissement

(Photo: 123RF)

EXPERT INVITÉ. Après avoir connu un franc succès, certaines sociétés cessent de s’améliorer et finissent par stagner, voire par se retrouver au cimetière des entreprises. Les exemples comme ceux bien connus de Research In Motion, de Nokia et de Kodak abondent.

D’autres entreprises, animées par une culture du «feu sacré», continuent en revanche de croître et de se dépasser. Avoir le feu sacré, c’est être animé par une volonté immuable de toujours faire mieux, de ne jamais se satisfaire du statu quo et de nourrir la passion d’améliorer constamment ses produits, ses services et ses processus.

Nous avons la chance de voir de nombreux exemples de cette culture chez les dirigeants des entreprises que nous évaluons ou détenons en portefeuille, au sein de notre société ou encore chez des clients potentiels que nous rencontrons. Cette culture du feu sacré, à long terme, démarque les gagnants des perdants.

 

Un exemple inspirant

Jonathan Goodman, fondateur de Laboratoires Paladin, a vendu en 2014 la société qu’il avait fondée 18 ans plus tôt dans une transaction qui l’a essentiellement rendu milliardaire. L’encre du contrat de vente était à peine séchée qu’il a lancé une nouvelle société à partir de rien dans le même secteur d’activité, Thérapeutique Knight (GUD, 6,09$). La plupart des entrepreneurs qui travaillent d’arrache-pied pendant des années et qui vendent leur entreprise s’accordent généralement un moment de répit… mais pas Jonathan Goodman.

Son exemple illustre avec éloquence le feu sacré que peuvent avoir certains bâtisseurs et dirigeants d’entreprises, cette passion qui les pousse à se dépasser constamment et qui les motive à continuer. Une preuve additionnelle du feu sacré qui nourrit Jonathan Goodman est que quelques années avant la vente de Paladin, il a été considérablement fragilisé par un grave accident de vélo. Après une longue période d’hospitalisation et de convalescence, il a repris du service, tout en sachant que sa santé ne serait plus jamais la même.

Le feu sacré est inscrit dans l’ADN de certains dirigeants et de certaines entreprises grâce à un leadership fort. Même si des membres de l’équipe quittent en cours de route, la flamme reste toujours vivante grâce à une culture solide. La ténacité de Jonathan Goodman est remarquable. C’est ce type de dirigeant que nous privilégions à Medici: ceux qui, animés par une motivation profonde, cherchent à croître et à s’améliorer sans relâche. Ce type de dirigeant contribue selon nous à offrir le meilleur potentiel d’enrichir nos clients à long terme.

 

Chez les clients potentiels

Nous sommes toujours étonnés de rencontrer des épargnants qui ont connu de grands succès en affaires et accumulé un patrimoine financier conséquent, mais qui ont perdu le feu sacré. De nombreux épargnants cherchent à améliorer leurs rendements même s’ils jouissent d’une excellente situation financière, tandis que d’autres ne voient plus l’intérêt d’obtenir de meilleurs résultats. «Pourquoi changer de stratégie ou de gestionnaire pour obtenir un rendement annuel de 8%, sachant que mes héritiers recevront un héritage significatif même si le rendement n’est que de 4% par an?» se demandent-ils.

Il y a pourtant de nombreuses raisons de continuer à viser de meilleurs rendements: préserver son capital contre l’inflation et les impôts, parer aux imprévus du marché ou encore optimiser l’héritage ou les dons afin d’offrir une plus grande contribution à la société.

Si vous n’êtes pas encore convaincu qu’un rendement supérieur peut avoir une incidence majeure sur votre bien-être financier à long terme, l’exemple qui suit devrait y parvenir: un épargnant qui place 1 million de dollars (M$) à un taux de rendement 4% par an se retrouvera avec un portefeuille de 2,2M$ après 20 ans. Son voisin, lui, investit le même montant de départ, mais obtient plutôt un rendement annuel de 8%. Au bout de 20 ans, son portefeuille aura une valeur de 4,7M$, soit 2,5M$ en plus!

Que ce soit sur le plan professionnel ou personnel, le plus grand obstacle à l’excellence n’est pas l’échec, mais la complaisance dans l’idée d’atteindre un résultat acceptable. Ceux qui aspirent à mieux doivent résister à l’appel du statu quo et garder la flamme de l’ambition bien vivante.

La différence dans les résultats obtenus à long terme peut se révéler importante. Comme l’illustre bien l’auteur Jim Collins dans le livre «De la performance à l’excellence», le passage d’une entreprise que l’on peut qualifier de bonne au statut de l’excellence ne s’accomplit pas par hasard, mais par un engagement continu envers la discipline, l’innovation et l’amélioration. Pourquoi se contenter de résultats ordinaires lorsque vous pouvez obtenir mieux?

 

NDLR: Les clients, employés et associés de Medici détiennent des actions de Thérapeutique Knight.

 

EXPERT INVITÉ

Eddy Chandonnet est gestionnaire de portefeuille et associé chez Medici.