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Le futur de la planification financière

Institut de planification financière|Publié le 10 juin 2022

Le futur de la planification financière

La planification financière intégrée représente bien plus que la gestion des investissements mais touche aussi les autres domaines d’expertises ainsi que l’aspect relationnel avec les clients. (Photo: 123RF)

EXPERT INVITÉ. Récemment, l’IQPF célébrait ses nouveaux diplômés de 2021. Ainsi, c’est plus de 240 planificateurs financiers qui s’ajoutent à la profession et qui participeront à la transmission des connaissances au grand public. Profitons donc de l’occasion pour réfléchir à l’avenir de cette carrière et à l’influence qu’exerce la technologie sur l’offre de services financiers.

Les tendances démographiques ne peuvent être plus claires : un nombre croissant de clients seront bientôt à la retraite ou proche de celle-ci. Cependant, moins de professionnels pourront les accompagner dans l’élaboration de leurs plans de retraite. Ainsi, la technologie en évolution viendra appuyer tant la profession de planificateur financier que celles de plusieurs autres domaines.

Force est de constater que la jeune clientèle est davantage portée à utiliser de nouvelles technologies et semble souvent préférer la gestion autonome de ses finances personnelles. On n’a qu’à penser à la popularité du courtage de placements à escompte et à l’emploi grandissant des conseillers-robots, Il faut cependant garder en tête que la planification financière intégrée représente bien plus que la gestion des investissements mais touche aussi les autres domaines d’expertises ainsi que l’aspect relationnel avec les clients.

 

La technologie et la ludification

S’il y a un domaine dans lequel les technologies sont très présentes, c’est celui des services financiers. On le remarque plus spécifiquement dans l’investissement boursier où de nouvelles applications empruntent des fonctionnalités et des interfaces à l’univers des jeux vidéo, phénomène appelé la ludification (gamification en anglais).

Or, les mécanismes de récompense à court terme de ces plateformes sollicitent les parties du cerveau qui y sont plus influençables. La finance comportementale explique qu’il est plus facile pour l’esprit humain de mettre l’accent sur le moment présent que d’envisager des objectifs éloignés dans le temps et propres à la planification de la retraite par exemple. Cela dit, certaines de ces fonctionnalités pourraient être mises à contribution pour développer de meilleures habitudes d’épargne à long terme. Des recherches en cours explorent comment améliorer la capacité d’économiser pour la retraite au moyen de stratégies ludiques.

Par exemple, certaines applications commencent à utiliser des systèmes de progression par étapes ainsi que de petites récompenses rapides et régulières aidant à garder le cap sur le but dans un avenir lointain. Aussi, les compétitions, classements, tableaux et badges permettent d’augmenter le niveau de plaisir et ainsi de renforcer les bons comportements d’épargne. Enfin, l’utilisation imminente de l’intelligence artificielle (« IA ») favorisera le développement d’applications financières plus adaptées au grand public.

 

Intelligence artificielle et les services financiers

L’IA présente des avantages tels que la possibilité d’étudier d’énormes quantités d’information ainsi qu’une grande puissance de calculs grâce aux algorithmes des IA. Disons qu’elle a une longueur d’avance sur la capacité d’analyse du cerveau humain! L’IA est déjà présente dans diverses situations telles que :

– Répondre aux questions simples d’utilisateurs de site Web avec de petits logiciels de robots conversationnels, appelés « chatbots ».

– Traiter les cotes et pointages de crédit pour les prêts de consommateurs.

– Personnaliser la tarification de certains produits d’assurance.

– Aider à la répartition d’un portefeuille d’investissements.

– Être à la base d’applications qui suivent les habitudes de conduite d’un automobiliste afin d’ajuster sa prime d’assurance en conséquence.

 

Il faut cependant garder en tête que rien n’est parfait et que des problématiques peuvent survenir. Tout d’abord, la protection des données personnelles et le respect de la vie privée sont d’importants aspects à examiner puisque l’IA utilise une grande quantité de données. L’on devra veiller à obtenir un consentement éclairé quant à leur utilisation.

 

De plus, il peut y avoir présence de divers biais comme :

– Biais de programmation lors du codage informatique ou par l’emploi de bases de données incomplètes qui ne sont pas représentatives du segment de la population à desservir.

– Biais de non-représentativité : les algorithmes des IA peuvent ne pas tenir compte de la diversité des clients comme l’âge, le sexe, la nationalité, la localisation, etc. Par exemple, ce ne sont pas toutes les personnes qui ont le même niveau d’habileté face aux nouvelles technologies. En d’autres mots, une clientèle plus jeune pourrait être plus à l’aise avec les services financiers virtuels que des gens plus âgés.

– Dans le domaine des prêts, certains processus de vérification d’antécédents peuvent être affectés par un problème de non-représentativité des cotes de crédit. Ainsi, des individus de régions dont la population détient moins ou peu d’historiques de crédit se verront refusés par des algorithmes d’IA, cela ayant pour effet d’augmenter les disparités socio-économiques.

– Dans le secteur des assurances : on doit nuancer entre le fait de discriminer de manière régulière (tarification différente selon l’âge, être fumeur ou non-fumeur, entre un homme ou une femme, etc.) et d’employer la variable du groupe ethnique, des codes postaux (où certaines régions sont économiquement plus précaires que d’autres) ou même de divers comportements. Citons à titre d’exemple des firmes d’assurance aux États-Unis qui vendent des plans d’assurance-vie uniquement aux clients qui acceptent d’utiliser une application traquant leurs faits et gestes.

 

En terminant, comme les diverses technologies sont bien présentes dans le domaine financier, l’apport de l’intelligence artificielle sera avantageux puisque celle-ci permettra d’offrir un plus grand éventail tant de services en planification financière que de conseils financiers à la population. Il sera toutefois important de mettre le tout en œuvre de façon éthique et responsable afin de limiter les enjeux reliés aux données personnelles.

 

Salomon Gamache