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Utilisé principalement par les investisseurs axés sur la valeur plutôt que sur la croissance, le ratio cours/valeur comptable sert à déterminer si une action est potentiellement surévaluée ou sous-évaluée. Comment ? En comparant sa valeur marchande à sa valeur comptable.
Le ratio cours/valeur comptable, ou price-to-book (P/B) ratio en anglais, est simple à calculer. On l’obtient en divisant le cours de l’action par sa valeur comptable — les actifs totaux moins les actifs intangibles et les passifs — par le nombre d’actions.
En d’autres mots, il s’agit de comparer la valeur marchande de l’action, c’est-à-dire ce que les investisseurs sont actuellement prêts à payer, à sa valeur comptable, un indicateur plus conservateur de la valeur d’une entreprise.
Quand l’indicateur est de moins de 1, cela signifie en théorie qu’un investisseur paie moins que la valeur des capitaux propres de l’entreprise pour chaque action achetée.
Attention aux comparaisons internationales
En pratique, l’emploi du ratio cours/valeur comptable demande de faire preuve de jugement, puisqu’il peut être trompeur à certains égards, met en garde Étienne d’Alcantara, gestionnaire de portefeuille à Gestion de patrimoine ScotiaMcLeod. Les comparaisons internationales peuvent notamment être délicates.
La recherche et développement (R-D), par exemple, n’est pas comptabilisée de la même manière partout.
Alors qu’une entreprise américaine de recherche médicale pourrait capitaliser sa R-D, puisqu’elle est encadrée par les principes comptables généralement reconnus (PCGR), une entreprise européenne ne pourra pas le faire, étant encadrée par les normes internationales d’information financière (NIIF).
«Donc, même si l’on compare deux entreprises identiques, une en Europe et une aux États-Unis, on obtiendra un ratio différent, parce que l’une aura davantage d’actifs que l’autre», explique Étienne d’Alcantara.
De manière générale, il faut donc éviter d’employer ce ratio pour comparer des entreprises de pays différents. Le gestionnaire de portefeuille suggère plutôt de s’en servir pour comparer des entreprises d’une même industrie — et d’un même pays — ou encore pour analyser l’évolution d’une entreprise dans le temps.
Comparatifs historiques
Étienne d’Alcantara explique qu’il peut être pertinent d’étudier l’évolution du ratio cours/valeur comptable afin de déterminer si le moment est venu d’acheter ou de vendre un titre.
«Si le ratio a chuté sous la barre de 1, cela pourrait être un bon signal d’entrée», affirme-t-il. Ceci étant dit, il faut s’assurer que les fluctuations ne sont pas dues à un changement de techniques comptables ou alors à un rachat ou à une émission d’actions importante.
Le gestionnaire de portefeuille donne l’exemple de Blackstone (BX, 86,02 $US), un fonds d’investissement américain.
«Depuis dix ans, son ratio moyen était de 3,57, illustre Étienne d’Alcantara. Il a atteint un sommet de 4,06 quand son titre est parvenu à son pic, mais il est récemment retombé à 3,17 — son plus faible en un an et demi. Cela pourrait être un indicateur, parmi d’autres, que le titre est intéressant à acheter.» Combiner les ratios À lui seul, le ratio cours/valeur comptable ne donne pas un portrait complet de la situation d’une entreprise. Pour cette raison, il est crucial de consulter d’autres ratios en parallèle.
Louis Alain, conseiller en placement à Valeurs mobilières Banque Laurentienne, recommande par exemple de consulter également le ratio d’endettement et le rendement sur le capital investi.
«Comme on enlève la dette et les actifs intangibles du calcul du ratio cours/valeur comptable, il faut aussi se renseigner sur l’endettement, note-t-il. Un faible ratio peut sembler intéressant, mais si notre entreprise est très endettée, ça ne vaut peut-être pas la peine d’acheter de ses actions.»Quant au rendement sur le capital investi, Louis Alain explique que celui-ci permet de déterminer si les actifs sont productifs.
Car une entreprise pourrait avoir un faible ratio cours/valeur comptable si elle a beaucoup de stocks — des actifs — qui s’accumulent sans qu’elle puisse les vendre. Il pourrait alors s’agir d’un investissement moins intéressant.
Il faut aussi comprendre que le ratio est plus pertinent pour les entreprises dont les actifs sont plus faciles à évaluer, comme les sociétés manufacturières, les banques ou encore les compagnies d’assurance.
Une entreprise de technologie ou de génie-conseil, par exemple, n’a que très peu d’actifs physiques. Sa valeur est concentrée dans ses actifs intangibles, ses brevets, ses contrats et son capital humain.
«En même temps, la valeur comptable reflète davantage la valeur passée et actuelle de l’entreprise que sa capacité à générer des profits futurs, avance Louis Alain. C’est donc une autre chose à garder en tête si l’on emploie le ratio cours/valeur comptable.»